Lettre
Al'
Je suis fatiguée, je ne me ressens plus.
Regarde la lune et les étoiles, regarde le ciel et mes larmes. Tu les vois, tu les vois, hein ?! Ou alors, je sais pas, tu les ressens, tu te rends bien compte que quelque chose tourne pas rond chez toi, non ? T'es furax contre toi-même, puis t'arrives pas à travailler, accrochée à ton ordi'. Puis tu t'es fait avoir, aussi, par un sacré connard, et crois-moi, ça te restera en mémoire. Même si tu rejettes ta haine seulement maintenant, on pourrait croire que tout est fini, mais jamais tu n'oublieras la peine que tu as ressentie, n'est ce pas ?
Puis un jour, t'as le sourire et la foi, l'autre tu retombes bien bas et tout est forcé. Tu navigues entre des eaux fraîches et acides, agitées ou calmes, brisées ou tranquilles. Qu'est-ce que tu cherches, hein, qu'est-ce que tu cherches ? Quelle question, voyons, suis-je bête, tu n'en sais rien, je te dis, tu n'en sais rien, tu sais pas où tout ça te mène et t'as la haine parce que t'en as marre de tout. Aujourd'hui, tu t'en veux encore plus parce que tu t'es mise à taxer des clopes à des inconnus, en leur faisant ton plus beau sourire, ah bah évidemment, ils craquent avec tes airs d'écolière anglaise toute innocente et toute timide. Ils voient pas la tigresse qui s'cache en toi, ils voient pas la tigresse qui s'déteste bien profondément avec tes cuisses qui sont pas en harmonie avec ton buste, avec tes bras, avec tes airs las, tu sombres, t'es plus qu'une ombre, un fantôme qui se réveille quelque fois, histoire de faire bonne figure, tu vois. Mais finalement, tu détestes ce que tu es, ce que tu deviens. Mais le pire, c'est que tout ça, tu ne le dois qu'à toi, toi et toi seule. Tu as fait le choix de te battre, tu luttes, on ne peut pas dire le contraire mais c'est tellement dur, et là tu voudrais que tout s'arrête que tout cesse et que le bordel de ta tête s'en aille. Tu voudrais arrêter de chialer comme une conne, d'en avoir envie tout le temps, arrête de t'apitoyer, bordel ! T'es furax contre toi-même ou tu es faible ? Tu vas te battre ou tout foutre en l'air, tout envoyer à la foudre et à l'éclair ?! Putain, mais quelle conne tu es ma fille, quelle conne. J'sais même pas si tu mérites de vivre tellement j'te déteste. On dit souvent qu'un écrivain a besoin d'écrire pour se ressentir, pour savoir comment il va. Eh bien, voilà, comment tu vas.
"- Je vais bien..." Faux sourire, sms rassurants, faut pas s'inquiéter la p'tite est forte, elle s'en sortira. Mais la p'tite, sa tête menace d'exploser. Faudrait p'têtre qu'on la fasse interner, qui sait ? J'vous l'dis, elle en peut plus, elle en peut plus, elle ne sait pas. Brouillard total. Noir en folie. Yeux salés. Larmes rejetées. Fille usée. Sentiments effilés. Lumière agitée. Tout envoyer en l'air.