Aujourd'hui, nous sommes tout.

Je t'ai aperçu ce soir-là. Ma bouche figée, suivit du reste de mon corps, je t'ai vu toi, dépassant la foule étonnamment petite, surement pour me laisser t'admirer.

Espérant que tu ne me remarques pas, j'ai seulement voulu te regarder danser. Je ne souhaitais rien, j'étais déjà à un autre, mais mes yeux se sont dirigés vers toi et n'arrivaient plus à se défaire de ton visage.

Tu m'as aperçue ce soir-là. Et l'un après l'autre, nous nous regardions. Toi, désireux, et moi, troublée. Troublée car tout ce qui se libérait autour de toi avait cette aura singulière. Troublée car sans même le comprendre, j'avais une envie si ridicule de te parler, afin de découvrir ta voix et de connaitre un peu plus de toi.

Je ne te voyais plus, et c'est alors que je sentis une main se poser sur mon épaule. Je n'avais jamais tremblé si fort.

Ton visage s'approchant de mon oreille, c'était à présent l'étape des cris. Le brouhaha mélangé à la musique monstrueusement forte ne me permettait pas d'entendre tes paroles comme j'en avais tant rêvé ce soir-là.

J'ai refusé ta demande, j'étais déjà à un autre, mais je savais (du moins, j'espérais) que nous nous retrouverions. C'est ce que je me suis répété naïvement durant des mois : « Si nous sommes faits pour être ensembles, nos chemins se croiseront à nouveau. »

Je ne sais pas si tu me crois, aujourd'hui, toi lisant cet écrit, que des mois durant j'ai pensé à nous. En vain, j'essayais désespérément de te retrouver, sans même connaître ton nom. Mais qu'aurais-je fait de ces informations ? Rien, j'étais déjà à un autre.

Je pensais si souvent à toi, et pourtant on ne se connaissait pas. Deux inconnus se plaisant, nous n'étions encore rien.

Aujourd'hui, nous sommes tout.