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Lettre d'un poilu
tchoup
Le ciel gronde. Les obus enflammés tombent, ils pleuvent, sans jamais s'arrêter. Mon cœur, ce soir je t'écris, je t'écris sous les gouttes de feu qui brulent mes larmes pour te dire la peur qui ronge mon être. Car je ne reviendrais pas, de cette guerre, je laisse le métal de la Lorraine m'engouffrer dans les tréfonds noirs de sa terre de sang. Tu sais, le rouge voile déjà mes pupilles, tes pleurs hantent déjà mes nuits. Je te laisse cette lettre de moi en souvenir, car les corps déchirés ont pris mon âme, ils l'ont étreintes dans le baiser funeste de la mort.
Ne m'oublie pas ma chérie, n'oublie pas nos rires qui s'envolaient sous le ciel étoilé de l'été. N'oublie pas les caresses qui nous liaient sous le frêne jaunies pas l'automne. N'oublie pas mon regard enflammée dans la neige de décembre. Mais oublie ce printemps, oublie les fleurs qui s'éveillent, oublie le ciel noirci de fumée, oublie-moi ce soir.
Verdun m'appelle, la mort me suit. Je t'aime ma mie, je t'aime comme le soleil qui a disparu, je t'aime. Je te lègue juste ma haine, ma haine de cette guerre qui n'est pas faite pour toi, qui n'est pas faite pour moi. Le temps s'écoule entre mes doigts et le sablier fini de s'égrener. Adieu ma belle jeune fille, Adieu.P.S : Garde mon roman, garde le, car mes mots seront mon dernier héritage.