Lettre retrouvée

caloosahatchee

24 février 1999,

C'est le matin.

Il avait 16 ans, et elle, un peu plus.

Il devait être 10h et c'est la pause... direction le coin fumeur du lycée...

Ce coin dans les sous bois aura fait leur bonheur!!!!

Elle ne savait pas que cette "lettre" serait la première et la dernière qu'elle recevrait jusqu'à aujourd'hui.

Une vraie lettre, je veux dire. De celle que l'on fait avec du vrai papier, sur lequel on appose des mots, peu importe lesquels, du moment qu'ils viennent, avec un stylo.

Des mots d'amour ou des mots d'ados, elle vous laisse seul juge.

Lui, il a du l'écrire, en plus du stylo, avec une roulée amsterdamer dans une main , et une bouteille affichant environ 16° dans l'autre.

C'est la pause, oui. Chacun dans son groupe, ils sont là à penser à rien, à tout, à eux.

Ils ne pensent pas à demain, trop loin... juste maintenant. Y'a pas d'insouciance, même sous leurs visages juvéniles, y'a juste ce monde là, qui est déjà galère et chiant. Ce monde qu'ils connaissent, mais qu'ils n'ont pas encore envie d'affronter.

La sonnerie retentit...

Putain!!!!!  Déjà 15 mn!.... passe trop vite...

Et dans cette meute qui vagabonde vers les salles de cours, leurs cadences les ramènent côte à côte; le temps pour lui de lui donner la lettre avant qu'elle ne monte en cours de philo et que lui ne descende au sous sol direction gymnase.

Et pendant qu'il s'enfilait son litre de vin blanc bas prix, elle lisait:

"Le vin a le pouvoir de donner ce qui n'existe pas. De cette chambre où il ne manque plus que toi, je ne peux rester insensible aux voix que j'entends. Tous me disent de ne plus hésiter à te rencontrer dans l'alcôve le plus profond.

Toutes ces nuits de folie ne représentent plus un abri où il y a bien longtemps, je buvais désespéré de ne savoir comment t'aborder.

Princesse ténébreuse, telle est la vie qu'on t'a donné, qu'on m'a donné pour toujours pouvoir t'aimer.

Ma timidité est un complexe qui m'empêche de t'avouer combien j'ai pensé à toi cette nuit; j'ai besoin de toi pour me résonner pour m'aider à surmonter le vice de l'alcool.

Monstre effrayant! je te croise lors de mes rêves illusoires. Mais toujours il y aura une lueur d'espoir espérant ton baiser qui je pense est chaleureux et très envieux, je te veux à moi toute entière.

Ma belle ténébreuse, je peux voir dans tes yeux la limpidité qui pourra me guider dans mes abymes. Toute la nuit, non dormi; j'ai pensé un jour t'effleurer.

Tu es celle qui a illuminé ma joie. Je te convoite et j'aimerai tant que tu me dises ce que je représente pour toi.

Je t'ai aperçu un jour, et j'ai bu jusqu'à penser avoir une relation intime. Intime est l'amour. Illusoire est l'espoir...

Je te prie de tout mon coeur et de tout mon âme, une faveur, évite moi l'ennui, acceptes moi comme je suis.

Empêche moi d'être saoul"

La lettre est toujours là. Après avoir été déchirée, mise aux oubliettes dans une boîte, puis ressortie, recopiée, rescotchée, relue, gardée.

Elle ne l'aura jamais connu sans la chaleur ni l'ivresse hypnotique de l'alcool, pourtant, lorsque l'envie d 'emprisonner du tabac sous une feuille lui prend, elle s'amsterdamise...

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