L'extraordinaire secret de Justin
thomas-rollinni
Camp de concentration de Dachau, 30 avril 1945.
J'étais parvenu au bout de cette aventure qui avait bouleversé ma vie. Je n'arrivais toujours pas à croire que je me retrouvais ici, je me sentais impuissant devant l'ambiance mortifère suintant de ce camp de concentration tout juste libéré. Alors que les médecins de l'armée américaine prodiguaient les premiers soins aux prisonniers affaiblis par des mois de maltraitance, je m'avançai parmi eux. Je portais le même uniforme, pourtant je n'étais pas vraiment l'un d'eux. À vrai dire, je n'étais pas du tout à ma place ici.
Les regards se tournèrent vers moi. Mais ce n'était pas moi qui attirais leur attention, c'était celle que je tenais dans mes bras. Elle était si légère et semblait si sereine. Sa souffrance avait cessé. Mes larmes m'empêchaient de voir à quel point elle avait maigri. La vie l'avait quittée seulement quelques heures avant que je n'arrive.
Elle était morte en croyant que je l'avais abandonnée, et c'était la cruelle réalité, je l'avais laissée à son triste sort. La rage qui m'avait donné la force de la retrouver laissait place à un vide qui ne pourrait jamais être comblé.
Mes compagnons d'armes avaient le regard compatissant, tous savaient ce que j'avais traversé pour tenter de la sauver. Brusquement, une douleur à la cuisse me tétanisa, ma jambe flancha et je tombai à genoux, refusant malgré tout de la lâcher.
Je venais de me prendre une balle ; mon agresseur s'avança vers moi, son pistolet braqué sur nous. Il me demanda de la déposer sur le sol. Devant le canon de son arme, je m'exécutai. Avant de me relever, je caressai tendrement la joue de celle que j'avais tant aimée.
Je me redressai tant bien que mal et fis face à mon ennemi. Après quelques mots échangés, il leva son arme vers moi. Je tendis en vain ma main libre pour le retenir… Comment n'avais-je pas pu voir que c'était lui qui nous avait tous trahis ? Mon meilleur ami, celui que je considérais comme un frère…
Il me tira dessus, en pleine poitrine. Sous le choc, je chutai en arrière. Alors que je suffoquai, il s'avança au-dessus de moi, la haine déformant les traits de son visage. Il appuya sur la détente, mais je n'avais plus peur. Sans elle, plus rien n'avait d'importance. Comment aurais-je pu deviner que l'héritage de mon arrière-grand-père m'entraînerait dans une telle aventure ?
Il y eut une détonation, suivie d'un éclair…