L'homme est un monstre pour l'homme.
lyciagarou
J'ai mis plusieurs bougies à mes fenêtres, pourtant totalement consciente que ça ne sert à rien. L'utilité étant au fond juste de me dire "c'est réel, c'est arrivé, des gens sont morts alors qu'ils allaient boire un verre entre amis ou manger en amoureux. Ne l'oublie pas. Tu ne sais pas de quoi est fait demain.". Quand je vois que les hôpitaux sont débordés par les donneurs j'en suis heureuse, vraiment, mais je me demande aussi pourquoi quand j'y suis allée mardi dernier on était aussi peu. Il y avait bien les habitués, mais la standardiste s'activait pour appeler les gens pour donner.
C'est beau tous ces drapeaux. On a l'impression de vivre ça tous ensemble, d'appartenir à une communauté, de faire partie d'un tout et de souffrir tous ensemble. Mais je me dis que dès demain, on s'engueulera avec son voisin pour une connerie, et on pestera dans sa voiture parce qu'une mamie met du temps à traverser, ou encore on se dira que ce connard de collègue a vraiment fait un boulot de merde.
Je suis fatiguée. Fatiguée de cette fausse image des réseaux sociaux. Bien sûr il ne faut pas généraliser, et ceux et celles qui auront retrouvé leurs proches grâce à cette solidarité virtuelle ou qui auront trouvé un refuge y verront un don du ciel. Moi même j'ai été reconnaissante de voir mes amis parisiens nous indiquer qu'ils étaient chez eux et saufs.
Mais on ne va pas se mentir : 99% du temps, ces moyens ne nous servent qu'à donner l'illusion d'une vie parfaite, à faire envie aux autres. On prend une photo avec des amis en soirée, alors que 10 minutes plus tard on se prendra la tête. On prend un selfie avec sa moitié juste après une dispute, juste pour dire aux autres "Regardez, notre couple est génial !". On personnalise sa photo de profil temporaire (!), et dans une semaine on l'enlèvera pour se remettre sous un meilleur angle.
Je suis fatiguée de ma propre naïveté. De croire que dans ces jours difficiles, l'hypocrisie s'arrête. C'est même plus de la naïveté ma p'tite dame, c'est de la stupidité. Les politiques vautours rodent et s'approprient une carcasse encore chaude, les trolls se ruent sur les articles pour verser leur bile âcre. On créé des pages pour avoir des likes, on créé des posts pour dire "je réagis à tout ça, je soutiens en masse".
Overdose de réalité virtuelle. Pensée pour Paris, pensée pour Beyrouth. Pensée à ceux qui sont partis, et qui partiront encore trop tôt pour une raison incompréhensible.
L'homme est un monstre pour l'homme.