L’homme - sans aile -

Ana Elle (Cendrillon Des Routes)


 

T'es sûr que c'est ce que tu veux ? … T'as vraiment rien à me dire ? Parce que c'est le moment. Après ça sera trop tard. Ok … bon. Tu sais, je pense vraiment qu'on aurait été heureux. Et tu sais comment je le sais ? Parce qu'encore aujourd'hui  la seule personne capable de me faire battre le cœur de mille manières différentes, toutes aussi déraisonnables les unes des autres… la seule personne capable de m'illuminer même quand je broie du noir, la seule personne capable de tout ça sans le savoir… c'est toi. Toi. Alors si jamais t'as un truc à me dire comme : « Je ne veux pas que tu t'en ailles. Je ne sais pas ce que je veux mais, je sais que ne plus te voir : je ne le veux pas. Je veux que tu reste. » dis-le. Dis-le. Dis le pour que ça me pénètre. Dis le pour que ça me transperce. Dis-le. C'est tout ce que je veux entendre. Tout ce que je veux pour l'instant. Je veux juste sentir qu'il à une personne pour me retenir. C'est tout ce que j'attends. Dis-moi « RESTE ».

 

Je ne sais pas vraiment comment expliquer cette chose. C'est un sentiment qui fait intégralement parti de moi, et à la fois qui m'est complètement étranger. Lorsque je le croise, Lui, j'ai l'impression de redevenir la petite fille que j'étais autrefois et en même temps, je deviens une femme sensiblement et extrêmement forte.

Je l'écoute très fort. Avec mes yeux. Je crois qu'aucune femme ne pourrait l'écouter mieux. Souvent à ces instants, il fait très chaud dans ma tête, très chaud. Et il y a des crampes dans mon sourire, c'est dur de le retenir, même lorsque j'ai très envie de pleurer, parce que ce n'ai rien, vraiment rien, comparé aux éclats que je peux Lui apporter. Et même si ça palpite, ici, ou là, partout, je souris, je souris encore, c'est plus fort que tout.

En fait, je ne pense pas que j'ai envie qu'il soit exclusivement à moi. Après tout on ne peut pas posséder une personne, je me trompe ? C'est vrai qu'il a des milliers de défauts, des tas de problèmes, qui pourrait m'effrayer ou même me faire le détester, mais qu'il soit attentif et généreux pour les autres, ça, ça c'est une des meilleures choses qui me fait l'aimer… Le garder pour moi seul serait un acte purement égoïste, et si c'est ça l'Amour, je n'en veux pas. Comment priver le monde de l'homme qu'il est ?

A quoi ça sert qu'on nous regarde en pensant « c'est un couple » ou qu'il m'embrasse devant tout le monde par intérêt ou pour marquer son territoire ? Quelle triste histoire… Je n'y crois pas. Pas en cela. Non, je crois en un sentiment différent. Un sentiment qui n'est ni jaloux, ni vaniteux. Ce genre de sentiment qui glisse sur vous la nuit, dans le sens de votre sommeil, et qui à contre souffle vous éveil. Ce sentiment qui vous élève le jour et vous déterre des habitudes. Ils sont beaux. Si surprenant. Ils ressemblent presque à des enfants. Je crois, en un sentiment profond, désintéressé, et d'une extrême générosité. Parce que l'Amour est une sorte de brisure infinie. L'Amour espère. L'Amour croit. L'Amour magnifie.

Parfois j'ai peur que ce sentiment finisse par me démolir. J'ai peur de cela parce que parfois, j'ai quand même mal. On dit souvent que les maux sont moteurs d'écriture. On attend mes histoires. Peut être qu'en fait, « tomber amoureux », c'est comme commencer à écrire. Mais est-ce qu'écrire c'est aimer ?

Tout est si glissant.

Vous savez, je pense tout le temps à lui. Je ne pense pas à lui dans la dépendance, et il ne s'agit pas non plus d'admiration. Je crois que c'est de l'ordre de la contemplation. Beaucoup pense que de tous les hommes présents dans l'assemblé, il est de loin le plus attirant. Mais, moi, je me suis surprise à le trouver fascinant. Il n'a d'attirant ! Absolument rien ! Pourquoi ? Parce que pour moi, il n'a rien d'ordinaire. Une personne attirante, est une personne normale, à laquelle on s'attache. Je ne suis ni attaché, ni attiré, ni aveuglé par cet homme. Non, c'est plus fort encore. Je suis fascinée. Je pourrais le contempler des heures durant. Annotant d'un battement de cœur, ses spasmes facials, ses compartiments de comportements, ces fragment de lui qui m'eut touché. Et soyez en sûr, ça n'a rien avoir avec ses cheveux bruns, ses fossettes, ses abdos d'acier ou encore ses grains de beautés. Non, c'est de l'ordre de la sensation. Je me souviens de ce regard aigu, et attentif. Il me laissa désorganisée. Comme s'il venait d'emprunter un chemin à l'intérieur de moi, qui m'était propre mais alors inconnu. A cet instant ce fût un peu comme si j'eus trébuché sur lui. Par accident. Une sorte d'erreur hasardeuse qui vous bouleverse pour toute la vie.

Si bien que je ne pu me rattraper. Alors je me laissais tomber. Je tombais. Je ne m'arrêtais plus de tomber. Je tombais, je dégringolais, je m'effondrais délibérément. Ce fût une chute. Libre. Une chute absolument libre de Lui. Et ce n'était pas juste à ce moment précis, non, c'était tous les jours à chaque seconde, c'était tout le temps. Sans même pouvoir m'accrocher, me redresser ou bien me relever. Je n'avais aucune béquille à laquelle m'appuyer. Elles cédaient toutes sous le poids inquantifiable et inqualifiable de l'inconnu.

Alors… alors, je m'effondrais amoureuse de Lui.

Je n'avais jamais fais de pareilles chutes. Aussi vertigineuse, aussi curieuse, aussi dangereuse. Bordel, c'est une sacrée connerie !

Il faut que vous sachiez que je m'en veux. Je m'en veux parce que je suis là, comme une petite sainte à vous exposer ma réalité d'amour, sans jalousie aucune, comme si tout était toujours ou tout noir ou tout blanc… mais la vérité, c'est que la plupart du temps, ce n'est jamais très propre. Quand il parle d'elle, sa meilleure amie, il y a quelque chose que j'envie. Pas parce que je suis jalouse de leur relation, ni que je pense qu'il y a quelque chose entre eux, non, c'est simplement parce que, je me doute que je ne compterais jamais autant qu'elle compte pour lui. Je suis consciente que jamais, il parlera de moi, comme il parle d'elle. Et c'est contradictoire parce qu'à la fois, lorsque je le regarde passer de femme en femme, sans jamais s'attacher, sans jamais vraiment les regarder, je suis heureuse de ne pas faire partie de l'une d'entre elles. Mais, si je n'ai rien de spéciale et si je ne suis ni sans intérêt… qui suis-je ?

Qui suis-je pour cet homme ?

Vous savez, il est un peu comme un fantôme. On n'habite pas loin l'un de l'autre, mais je ne le vois presque jamais. Pourtant il erre dans ma vie comme un souvenir duquel je ne me libère pas. Je me demande où il est, s'il va bien, s'il n'a pas de problème, pas parce que je suis parano et possessive, mais parce que je m'intéresse à l'être qu'il est. J'espère qu'il est en sécurité, qu'il prend soin de sa personne et surtout, surtout, qu'il sourit. Parce qu'il est tellement beau lorsque son visage s'ouvre, je veux dire, pour de vrai, pas un petit sourire merdique qui montre qu'on fait aller, non un vrai et grand sourire. Le sourire où naissent les fossettes au coin de ses yeux, celui qui les rend soudainement plus bleus. Le sourire qui bat très fort. Là, dans sa poitrine. Celui qui change jusqu'à la posture de son corps. Le sourire d'un homme heureux.

Il a une manière incroyable de me rendre femme. Je crois que c'est parce que ses yeux pleurent de l'âme... Rarement lorsque nos regards se croisent, je me surprends à penser qu'il me manque, tout en ayant cette conscience subite de l'absurdité profonde de cette idée d'appartenance. Comment peut-il me manquer alors que jamais mon cœur, ni le sien, ne se sont habitué l'un à l'autre ? Comment une chose qui ne vous est pas complètement arrivée, peut-elle exister ?

Si vous saviez comme j'aimerais qu'il me contemple aussi, qu'il tienne à la femme que je suis. Et, ça n'a rien avoir avec des couchers de soleil, des baisers incendiaires, des lettres embrasées, ça n'a rien avoir non plus avec des comptes à rendre, des compromis et des promesses qu'on ne tiendra pas. Je voudrais qu'il aime en moi, cette femme, qui ne dépend plus de lui. Je voudrais partager cette sorte d'amour là, avec cet homme là. Je voudrais que simplement ses yeux s'illuminent, quand on parle de moi en sa présence. Je veux qu'il sache que je suis là, n'importe quand, même lorsque je le détesterais. Je veux qu'il vienne à trois heures du matin, et qu'il frappe à ma porte, jusqu'à m'arracher des gouffres de la nuit, je veux que même trempé, même sous la pluie, que même si on travaille tous les deux le lendemain, très tôt, que même s'il s'est comporté la veille comme un salaud, même s'il est malade comme un chien, même s'il à butter quelqu'un, je qu'il monte ces foutus escaliers, qu'il enlève ses vêtements et qu'il se couche à côté de moi, et peu importe peu importe peu importe comment mais, communiquer un peu de Nous. Même sans un mot. Même s'il ne dit rien.

Vous savez, tu sais, c'est ce sentiment irrésistible ancré à l'intérieur de soi, aussi large, immense, et vacillant que l'océan.

Est-ce qu'il y a véritablement quelque chose de plus important ?

Alors voilà. Maintenant, je t'aime. Maintenant je suis avec toi. Et je serais honnête tous les jours parce que je ne veux pas te mentir. S'il te plait, ne m'oblige pas à te mentir.  Écoute-moi ou regarde-moi. Et si tu ne veux ne pas m'écouter ni m'entendre, bouches-toi les oreilles, et fermes les yeux, mais je t'en prie, je t'en prie… sens-le. Tu le sens ? Tu sens comme je t'aime ?

 

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