Liberté

Nicolas Pellion

8 janvier 2020

Les repères effondrés, l'esprit à la fois vide et encombré, le coeur en vrac, le corps en rut, je jouissais de l'instant puisqu'il n'y avait plus de demain, vivais tout avec intensité, au bord de l'abîme, dormais peu, écrivais beaucoup comme le sang se répand d'une entaille, la tentation de l'envol au cœur du plaisir, l'explosion démultipliée pour ne pas basculer dans l'éternité... j'avais trente ans, n'étais plus que chair, tentais de vivre, luttais contre la lame de fond qui m'appelais à tout arrêter pour trouver le repos. J'étais au paroxysme de la refondation, dans les abysses de mon âme, avant de remonter les débris, redresser les idéaux, ressusciter les rêves, réaménager les valeurs, adapter l'éducation à la vie insoupçonnée qui s'ouvrait, s'oublier pour mieux se retrouver, revenir plus fort de l'obscurité, sans dépendre de personne... j'y suis encore... seul... jaloux de la liberté... que quelqu'un l'entrave d'une façon ou d'une autre, la colère froide monte et j'évacue le grain de sable... 

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