Liberté

Il s'agit d'une catin qui m'attire sur son sein. Elle feint de frissonner, de rougir, d'être troublée par mes caresses. Mais sa main aux longs doigts vernis dirige, oriente, orchestre mes mouvements.

Jamais elle n'embrasse, et son rire rauque, la tête renversée, m'effraie puis m'excite.

De ses petites dents de lait, lisses comme du nacre, elle aime à mordre mon épaule et y voir perler mon sang.

La liberté est une putain, qui écarte les cuisses et s'offre à chaque Homme. Elle initie aux plaisirs interdits, développe la luxure er parfois même dépucèle.

La liberté est une trainée, on ne ressort d'entre ses bras que cerné et épuisé de ces nuits sans lumière. Elle vous coupe du monde pour mieux vous éblouir, pour mieux vous séduire.

Et une nuit, trébuchant sur les pavés défoncés, je titube comme ivre, comme fou, comme agonisant. C'est qu'elle s'est lassée de moi la maquerelle, et sans crier gare un jour me plaque.

La liberté est une garce vous dis-je, elle vous imprègne de sa peau et de son parfum, vous susurre les mots les plus doux, et disparait aux aurores. Vous voici sans repères, sans maîtresse, et pour seul preuve vos draps humides.

La liberté est une salope que je pleure chaque jour, que je me force à oublier dans les bras de la tristesse en m'enivrant d'amertume.

La liberté est une racoleuse j'y pense ! Et je m'en vais noyer mon chagrin en baisant la nostalgie.