Ligne 2

Laetitia Ropp

De toute façon tu sais, c'est très simple, c'est comme le métro.

Lorsque tu débarques dans une nouvelle ville tu mets du temps à cerner quelles lignes prendre, dans quelle direction aller. Et puis alors un jour, tu te lèves, et tes pas deviennent évidents, tu marches à toute allure, pis tu tournes à droite, encore à droite et à gauche et tu fonces avant que la porte ne se referme. 
Ok, bon, tu manques de t'écraser une cote et trois orteils, mais tu y es.

Tu aurais pu attendre le suivant, mais à quoi bon attendre alors que le métro est là? À quoi bon attendre alors que celui-ci t'emmène directement à destination ?

Le trajet te semble court les premiers jours, tu es contente. 
La ligne jaune te plaît, elle te rappelle des souvenirs. 
Comme lorsque tu l'empruntais à Londres pour te rendre à Notting Hill passant par Paddington. Ce n'était pas le chemin le plus rapide mais ça te plaisait. 
Puis l'an passé à Toronto souviens-toi des longs couloirs interminables pleins de travaux à Union Station. Et lorsque tu arrivais enfin sur le quai et que tu ne savais pas, savais plus, si tu prenais la bonne direction et que tu finissais par en prendre un au hasard. Car le hasard amène loin paraît-il.

Au fil des semaines, des mois, le trajet devient plus long. 
Le métro tombe en panne bien trop souvent.

Alors tu attends, tu ne peux faire que ça, attendre. T'es enfermé dans un de ces longs tunnels souterrains pleins de rats. Tu ne peux pas y échapper.
À chaque paroles prononcées , tu espères, tu imagines que ça va repartir. Alors tu attends mais tu ne sais pas jusqu'à quand.

Des minutes interminables où tu images tout ce que tu aurais pu faire si, ce putain de métro ne s'était pas arrêté ou si tu avais alors pris le prochain en faisant un changement.
Pourquoi payons-nous si cher ? Tu ne sais pas, ce n'est pas pour autant que les services deviennent meilleurs...

Le métro redémarre, et continu son trajet. Tu te dis alors, que c'est le bon moment d'en sortir, de descendre sur le quai, et attendre, attendre le prochain métro.



Puis tu réalises, que ce n'est pas parce que le terminus s'appelle 'Château de Vincennes' qu'un prince t'y attendait.





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