Lille

Hugo Desquennes

Octobre 2011

       Lille. J'ai toujours aimé cette ville, sa métropole et toute son agglomération de façon générale. Un jour d'ennui et de solitude casanière, et il suffit d'un aller-retour vers le centre-ville pour redonner le sourire à mon moral, qui exalte à la vue de tous ces magasins, ces rues, ces bâtiments mais surtout de ce qu'ils contiennent, mais nous y reviendrons. Bien entendu, je me dois d'être accompagné pour apprécier pleinement mon escapade diurne au parfum d'art, gens et argent. Et cette compagnie n'est pas toujours faite de sang, mais parfois de sons. Car la musique, volume à fond afin de faire danser le marteau et l'enclume, magnifie malgré elle les alentours et rend les gens plus beaux, le soleil plus brillant et mon audition plus faible.

 

   "Désolé, je n'ai que ma carte bleue". Un haussement d'épaules, un sourire gêné et je m'éloigne de l'enième mendiant qui me fait prendre conscience que, en fin de compte, cette ville n'est pas parfaite... Non pas que je sois radin, mais je préfère donner à ceux qui font de mon banal parcours urbain un moment de plaisir. Qu'il soit clown, batteur de rue, marionnettiste, graffeur ou musicien, il me suffit d'apercevoir un attroupement pour m'y précipiter, éteindre ma musique et sourire candidement à la vue d'un morceau de vie gratuit et libre de droit.

 

      Non pas que mon chat me soit de mauvaise compagnie, mais passer une année cloitré chez soi n'est jamais bon signe, socialement parlant. C'est pourquoi je me devais de parcourir les allées déjà tant visitées de cette bourgade en perpetuel changement. Car même si, au fil de mes venues, ce bouquin ne change jamais de place (c'est bien pourquoi je le regarde à chaque fois), ni de prix (c'est bien pourquoi je le repose à chaque fois), la fille qui s'intéresse aux DVD placés juste en face, elle, n'est jamais la même. C'est donc l'hypothalamus ronronnant et la carte bleue fumante que se terminent la plupart de mes virées lilloises, au grand désespoir de mon banquier.

 

      Enfin de retour à la vraie vie. Je rentre avec le sourire malgré l'amas de vaisselle qui me nargue et me lance un sourire en coin du fond de l'évier. Je n'y prête pas attention et part faire le saut de l'ange, droit dans l'oreiller. C'est décidé, demain, j'y retourne.

 

"Pourvu que ce bouquin n'ait pas changé de prix" ...

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