LOULOU

rocco-souffraulit

Loulou, qui par souci de distiller ses idées noires
Eu la sombre idée d’avoir l’envie d’aller au bar,
Pour, avec son franc parlé commander un verre
Au patron crevant d'ennui accoudé au comptoir.
" Taulier, un whisky sans demi-mesure s'il vous plait,
Par pitié évitez donc de le noyer dans les glaçons,
Par avance merci et ne tenter jamais cet affront,
C’est une faute de mélanger le plaisir aux affaires
Ou sinon, je vous les ferais bouffer vos biscuits apéros
Mais monsieur, certainement pas par le trou du haut. "

Loulou est un mec énervé, il le sait, il tente de se raisonner
Mais que faire quand la guerre des nerfs est déclarée ?

Au bout d’un moment, dans un bref espace temps
Commença à se demander si c'était il y a longtemps
L’instant du départ, pour un décollage si vite imbibé,
Épris du vertige pour en tomber à en perdre pieds,
Pour terminer assoiffé dans le cloaque des ivrognes,
Pour donner à cette pulsion de quoi faire un gueuleton
A coup de rébellion pour lui donner des frissons.
Pris de cours au dix-septième verre tomba à terre,
K.O. à genoux, par l’alcool qui coule dans ses artères,
Dans un trou sans soif où il y distingue un robinet
Qu’il lèche, pour en récupérer la dernière goutte d’eau
De vie, oh combien forte utile pour se faire dégriser.
Au bar, ils ont finis par le jeter ce pauvre Loulou,
Mieux vaut ça que de se faire rouer de coups.

Loulou est sympa en vrai, il le sait, il essaye de refaire surface,
Que faire pour être de glace devant cette boisson dégueulasse ?

C’est à pied, pensant rentrer au moins dès demain
Qu’il a titubé chez lui pour faire un arrêt par une église,
La tête en l’air, en vrac en harmonie avec sa belle ivresse.
Comme une première fois, de part n’importe quel conduit
l'enduit finit bien par passer, quitte à faire mal ainsi soit-il
Se dit-il, en tenant le crachoir au bénitier vidé du contenu,
Pendant que le volubile saint des saints dit qu’à travers
Ses apôtres, c’est sa parole d’évangile qu’il propage,
Qu’il en est le noyau, le nerf pour mener à bien sa guerre,
Il est le poumon de cette réflexion, pour dissoudre l’apanage
Dans sa plus grande tolérance et le rendre par respect
A qui de droit, face au diable qui use d’un suprême pouvoir
En utilisant de larges gens faciles aux grands bras ouverts
Pour une victoire, célébrée au champagne sacré sabré
Et minuscules petits fours pour bien entamer la soirée,
Mais au bar, ils ont bien fait de virer Loulou du comptoir,
Ça c’est le travail des syndicats et pas du saint patron
Catholique, avec son sang qu’il offre aux alcooliques
Pour leur faire tourner le dos à cette belle République.
Les cheveux à l’envers et les écrous sur les genoux,
Il est définitivement vidé, complètement bourré.

Loulou croit en sa religion et son moyen de persuasion,
Celle de la pressurisation du houblon car il est pas con.

Devant cette drogue sans pouvoir lui faire volte-face,
A celle qui le drague en le tenant en haleine
Du bout des lèvres pour émoustiller ses babines,
Il reste enchainé, emprisonné malgré un petit essai,
Après avoir jusqu’au cul vidé une bouteille de grand cru
Pour se dire " il me manque d’avance ce bon pinard,
En transe je tremble devant l’impertinence d'oser
De cesser danser avec lui, pour le baiser dans l’effort
Et l’apprivoiser pour me faire encore approvisionner,
Pour aller me trainer sur les pierres et aller drainer
Ce sublime venin dans un ultime silence religieux,
Fait d'une odeur pestilentielle de rats, goût d’égout
Composé de fluide et de moules par petits bouts. "
A force de remplir les caniveaux, par sa bouche d'où
Sortent des mots dans un dialecte barbare imprécis,
Ils ont finis par virer le pauvre Loulou du comptoir.
Le vomit, pour le patron et ses tapis c’est un souci.

Loulou, macabé cramé qui fait pas dans le macramé
est un intoxiqué, il le sait, seul il se détruit la santé
Avant que ce ne soit les autres qui le face à sa place.

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