Ma rencontre

Je marche seule dans l'agitation citadine, ces gens qui parcourent les rues à vive allure, qui se foutent de votre trajectoire. Depuis combien de temps n'avais-je pas marché seule au milieu d'autant de monde ? J'étais d'abord soulagée de reprendre mon souffle loin de ces quatre murs qui m'étouffaient pendant cinq jours et quatre nuits par semaine.

Mais rapidement, quelque chose opprima mon atmosphère, brisa mon bol d'air. Un coup d'œil à droite et enfin je la vis : une jeune blonde vêtue d'une élégante robe à fleur, plutôt petite sur ses jolies jambes un peu musclées. Elle marchait à vive allure sans paraître pour autant pressée. Elle se tenait droite, balançait légèrement les hanches, sans chercher à attirer l'attention. J'ai ralenti et l'ai observée de plus prêt ; son visage était dur à déchiffrer. Il était aussi tendu que crispé : ses lèvres pincées, ses yeux doux et fatigués.

Mon instinct primaire me poussait à la juger, à savoir si je l'appréciais, si j'avais envie de la saluer, de devenir son amie. Et elle, dans son allure mystérieuse, veut-elle de moi ? Je la trouvais aussi avenante que froide, comme si elle s'était fermée au monde pour protéger son grand cœur, j'avais de la compassion mais elle me faisait peur... certainement parce qu'elle me ressemblait un peu et... je me suis arrêtée, puis elle s'est arrêtée, toutes les deux contemplant la distance qui nous séparait : un bout de trottoir, une vitrine d'un magasin de luxe.

J'ai douté : était-ce vraiment mon reflet ?