_ MAAMA [20]

20.

Sancta Fortuna 

Les arabesques me cognent par derrière. Accrochent mon estomac, belles, en passant. Gueule ouverte, la porte d'une chapelle m'avale : et j'entre

en religion.

Les églises sont pleines de toi en statues, mon Coeur. Elles t'exposent : nue presque. Et les gens tâtent les répliques de ton ventre en plâtre rond.

Ton utérus à fabriquer du Dieu affole le monde entier qui se presse pour te prier : te saluer salope.

_         Je vous salue Marie pleine de grâce le seigneur est avec vous vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus le fruit de vos entrailles est bénie Sainte Marie Mère de Dieu priez pour nous pauvres pécheurs maintenant et à l'heure de notre mort.

Ils chuchotent, mains tendus sur les lèvres. Egrènent sans virgule.

Je ne fais plus la différence entre les Maries mortes.

Alors je prends mon tour dans la queue pour te voir : et tu m'appelles aux quatre coins des nefs.

Ma bouche sur ta peau pierre-de-tombe, je viens baiser ton corps fixe.  

Tu ne réponds pas. Tu ne répondais jamais.

Je te lasse, froide.

J'erre alors entre les fresques vieilles les tombeaux saints, en mortiers de martyrs. Je les aime mieux que toi. Et les bébés pendus aux seins de terre, je les adore.

Je les envie.

Sourd aux doléances des chiens, je me traine dans les transepts. Découvrent peintes les couleurs de Dieu : celles qu'il préfère. Me gave de son visage, de ses rosaces copyrights.

Aveuglé soudain, aspergé d'amour au pistolet : je baigne et coule et tombe.

Me galbe.

Sous mes talons,

Une pièce de deux et un chewing-gum.

Merci mon Dieu.