Machine à écrire

francky-memots

Une machine à écrire, ni plus, ni moins,

Une machine à écrire, c’est mieux, que rien,

Une machine à gratter, c’est tout, c’est ça,

Une machine à cracher, c’est ça, c’est moi,

 

Pas le temps d’expliquer, du feu dans mes cahiers,

Une machine à écrire, qui ne peut s’arrêter,

Mon cerveau en contact, et vos yeux au point mort,

Donnez-moi à manger, vos pensées je dévore,

 

Donnez-moi juste un son, un bout de quelque chose,

Et j’en fais une chanson, un bouquin ou une prose,

Donnez-moi juste un point, et j’en fais un trou noir,

Donnez-moi un trou noir, que j’en fasse une histoire,

 

Une machine à écrire, machine à déglutir,

Mettez c’que vous voulez, quelque chose va sortir,

Mettez-y un sujet, j’en ferai une comptine,

Mettez-y juste un mot, j’en ferai des tartines,

 

Toi t’es comment dedans, au fond, à l’intérieur ?

Au fond de toi, c’est quoi, c’est la foire au bonheur ?

Alors poses toi, chez moi, j’t’emmène sur mon manège,

Cramponne toi si tu peux, que le ciel te protège,

 

Attache-toi si t’as l’temps, agrippe-toi à ta selle,

T’es sur une vraie machine, pas sur un carrousel,

Si j’ouvre un peu la vanne, dans ton cul une tatane,

Je lâche un peu de lest, et toi tu perds ta veste,

Les mots sont sans pitié, et t’y laisse ton dentier,

Plus j’écris plus tu voles, t’es déjà loin du sol,

Quand les mots accélèrent, tous tes habits tu perds,

Ca va toujours plus vite, et t’es déjà en slip,

Quand tu seras à poil, dis bonjour aux étoiles…

 

Et toi t’es qui, t’es quoi ? Sensible et délicat ?

Alors ce doux couplet, ne sera que pour toi…

J’ai une finesse vois-tu, et je ne sais qu’en faire,

Celle-là jamais ne blesse, mets-là dans tes affaires,

 

Tu pourras t’en servir, à tes souhaits, à ta guise,

Même la machine le sait, parfois l’homme se déguise,

Et toi si tu es fin, subtil et à l’écoute,

Je parierai mes lignes, que parfois seul, tu doutes…

 

Tu sais mes mots, pour toi, sont des eaux bien tranquilles,

Des océans de rimes, des flots doux qui défilent,

Mais l’eau qui dort ne peut, noyer le fond des choses,

L’ancre le sait, le sent, ce sable qu’on suppose,

N’être que grain bien sage, poussière de coquillage,

Pourrait se faire mouvant, un grain qui engloutit,

Un grain qui prend, enfouit, comme un grain de folie…

 

Et toi dis-moi, t’es quoi, une machine à penser ?

Viens près de moi, poupée, je t’invite à danser,

On va panser les plaies, de la timidité,

La machine que je suis, a toutes les mélodies,

Change de couplet, merci, mets tes plus beaux habits,

Je monte le son, tension, bouges comme une évidence,

Place à l’action, frisson, tu bouges mieux que tu penses,

C’est si fluide, limpide, c’est beau quand tu t’appliques,

De ta belle chrysalide, a éclos une musique,

Plus tu danse plus ma plume, voudrait se faire moustique,

Les mots sont bien plus chauds, quand ils sont électriques,

Les mots si près de toi, voudrait avoir des doigts,

Les mots qui chantent pour toi, n’auront plus jamais froid,

Chaleur, douceur, candeur, et lumières dévoilées,

La machine dans mon cœur, pourrait bien exploser,

Dommage pour la torpeur, ce n’est pas encore l’heure…

 

Et toi dis-moi, t’es quoi ? Machine à ruminer ?

T’aimes quand c’est gris, fumé, machine décolorée ?

T’aimes les frissons, ternies, les idées un peu noires,

Tu préfères aux doux rêves, les pointes et les cauchemars,

Mais alors pauvre enfant, sais-tu ce qui t’attend,

Quand ma machine à moi, blêmit en imprimant ?…

 

Les mots sucrés, pour toi, se feront plus amers,

Les mots légers, pour toi se chargeront de fer,

Ils chercheront, en toi, une faiblesse ou une faille,

Que tu retiennes ou fermes, ils seront une entaille,

 

Ils prendront tous leur temps, dans ta tête comme des vers,

Pour trouver la souffrance, et la mettront en vers,

Ils chercheront en toi, l’enfance peut-être morte,

Les regrets, les remords, se tiendront à ta porte,

Tu peux lutter, bloquer, bâillonner ton passé,

Les mots sont durs et froids, quand tu es mon sujet,

Mes mots sont lourds et sourds, à tous regard inquiet,

Ils sont hagards, avides, trop affamés de toi,

Là où ils vont, tu sais, tu n’en reviendrais pas…

 

Tu sais mes mots, à moi, ont un tout autre poids,

De tes épaules, mêmes fortes, ils ne font que du bois,

Seuls avec eux, ta nuque, sentirai comme un souffle,

Surtout ne t’enfuis pas, jamais je ne m’essouffle,

Attends plutôt l’impact, des mots froids qui éclatent,

Débris de mes pensées, à ton crâne apposés,

Plantés dans ton gosier, et dans ta voix tremblante,

Sens mes paroles fumantes, déposées sur ta tempe…

 

La machine que je suis, avale et régurgite,

Que l’on court, que l’on fuit, elle va beaucoup plus vite,

De tous les corps vaillants, elle en fait des cures dents,

De tous les corps flottants, elle en fait des plongeants,

Elle pèse et se repaisse, des peaux les plus épaisses,

Elle avale sans efforts, les os, les poils, les graisses,

Elle fait de tous ces corps, une bouillie bien épaisse,

Et ça dans un seul but, c’est sa seule intention,

Extraire la crème des maux, la crème des émotions,

Extraire la crème des mots, la crème des sensations…

  

Une machine à écrire, et du feu dans les touches,

Un son, n’importe-quoi, des milliers de cartouches,

Une machine à donner, une machine à aimer,

Une machine à rêver, une machine à chanter…

 

Voilà elle a donné, un soupçon, un bout,

Un bout de ce qu’elle est, à peine le bout du nez,

A peine le bout d’un brin, du pré de ses chansons,

A peine le bout du fil, cil de ton attention,

Voilà tous ce qu’elle aime, un p’tit bout de poème…  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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