Mais où va Lise ?

eglantine

Je vis avec Lise depuis quelques semaines.

Aujourd’hui nous partons en vacances ensemble. J’ai déjà quitté la maison où je vivais avant loin d’ici pour un voyage d’une journée suivie d’une nuit passée dans une chambre d'hôtel.
C’est la première fois que je pars en vacances. J’avoue que j’appréhende un peu.  Je ne sais d’ailleurs pas où va Lise, où nous allons ensemble. Elle me réserve la surprise.

J’ai peur, très peur de prendre l’avion pour la première fois, je redoute les tapis roulants interminables de Roissy, ces grands couloirs sans âme où je pourrai me perdre, rater l’avion, j’ai peur d’être secouée au décollage, dans les zones de turbulence et à l’atterrissage.

Aujourd’hui avec Lise on se fait la malle et j’ai mal au cœur.

Je n’ai pas trop envie de quitter  mon petit nid douillet où je vivais tranquille, le cœur vide et triste certes mais sans risque mais je pars le cœur rempli de douceurs soyeuses et colorées,  rempli de milliers de mots qui jouent ensemble, forment des rêves écrits d’amour, de mystère, d’aventure, rempli de parfums ambrés, exotiques qui me font penser aux femmes indiennes aux saris colorés… J’aimerai bien qu’elle m’emmène en Asie…

Nous partons, elle m’a donné sa main,. Nous marchons sur le trottoir parisien …. Un bus s’arrête nous montons, nous restons debout près de la porte. le chauffeur très nerveux nous secoue à chaque virage, cela ne semble pas perturber Lise pour autant. Elle semble perdue dans ses rêves. A quoi pense-t’elle ? A cet ailleurs où nous allons ? à ses amis et sa famille qu’elle quitte quelques jours. J’espère qu’elle ne se fera pas rouler comme moi au hasard d’une rencontre de vacances par un jeune-homme avec qui j’ai passé une journée et une nuit et qui m’a délaissée ensuite.

Le bus s’arrête, nous descendons. Elle me donne de nouveau la main.

Nous sommes Gare de Lyon, je suis soulagée, nous ne prendrons pas l’avion, mais adieu mes rêves d’Asie. . J’entends les annonces : « Le TV 1431 en provenance de Marseille rentre en gare, voie 16…. Veuillez vous éloigner de la bordure du quai ».

Nous montons dans le train.  Lise est très attentionnée avec moi. Elle veille à ce que je sois bien installée, puis s’installe sur son siège côté fenêtre. Le conducteur nous souhaite la bienvenue et nous indique que ce TGV est à destination de Vintimille. J’espère que nous irons jusqu’au terminus. Si c'est le cas, merci Lise, Voir l’Italie, me faire caresser par le soleil de la riviera, tu ne peux pas me faire plus plaisir.

Le TGV quitte Paris, nous traversons à grande vitesse les plaines céréalières d’Ile de France, les paysages vallonnés de Bourgogne, l’interminable vallée du Rhône jusqu’à Marseille. Nous voici arrivés au long de la méditerranée devant nous la mer turquoise, les falaises ocres de l’Estérel, c’est comme dans un rêve, beaucoup mieux que l’Asie. Après Nice nous empruntons la corniche dominant la méditerranée ou voguent quelques coques de noix, Monaco la bétonnée, Menton la belle et ses citrons. Nous quittons la France et nous voici en Italie.

Nous arrivons en gare de Vintimille. Nous descendons du train. Je marche aux côtés de Lise dans la ville. le soleil brûle ma peau et j'ai chaud au coeur.

Nous sommes en vacances au bord de la mer. Je suis heureuse, je rêve de plage. Nous rentrons dans un bel hôtel. La chambre que Lise a réservée est spacieuse. Allongée sur le lit où je me repose de ce si long voyage, je regarde par la fenêtre. Quelle vue, J’aperçois la mer, la falaise.

Pendant que je me suis endormie, Lise est sortie. Elle revient quelques temps  après. Ces heures sans elle m’ont paru une éternité. Dès qu’elle pénètre dans la chambre, j’aperçois l’intruse…je ne me pose plus la question « où va Lise », je sais où elle est allée.. Tu vois me dit elle en posant une valise neuve sur le lit à côté de moi, j’ai acheté ta petite sœur jumelle au marché de Vintimille pour y mettre tous les foulards, bijoux, sacs que j’ai achetés au marché…. 

Et oui je ne suis qu’une valise à roulettes, la valise à Lise  mais une « louis Vuitton » certes un peu usagée, mais une vraie, moi… Même si c’est notre sort d’être roulées, aujourd’hui c’est Lise qui s’est fait rouler en achetant cette mijaurée fabriquée en Asie qui, installée à mes côtés, me toise d’un air pimpant…. En revenant Je ne supporterai pas la cohabitation dans un placard avec cette "tartuffe".  Promis pendant le voyage de retour, je vais faire de l’œil à un voyageur peu scrupuleux et je vais me faire voler pour continuer l’aventure… pour le meilleur ou pour le pire….

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