MAMAN-MORT E(S)T LA ROUE DU TEMPS

auguste-ombre

D'un autre siècle...Oui... D'un autre siècle provenaient en murmures les paroles des vivants, dans le jardin des repentances. Si je sais aujourd'hui ce pour quoi je suis fait, cela ne signifie qu'une évidence. A l'ombre des arbres bruissants de ton chant, je suis le gardien des roues du temps. "Wheels of time", s'écorche ma langue dans celle des demi-déments. Des chuchotements en rires et cris. Des hurlements sortis de leurs lits, les mille faveurs des pleurs sans écluses. Les êtres à la barre, au gouvernail, à la voile...Tous flibustes patients, ne sont que les miroirs ouverts aux impossibilités des faits les plus marquants. Voguez, les matelots marchands! A la planche, enfin, lorsque le temps me souffle que vous n'étiez que les pires amis, et les plus maladroits amants. La vie, dans toutes ses douleurs, et concessions absurdes, semblait m'avoir abandonné. Par nécessité, dirais-je. Non pour m'abandonner à ce que les hommes nommaient "mort", la voix mûre de rigidités. Mais pour elle, pour se sauvegarder. Elle m'a goûté, puis recraché en miettes d'ombre. Obscurité. Tumeur cynique, souffle non mort et non vivant, dans le dédale des marchants. Marchands. Marre-chant. Maman ma mère, soit celle que vous craignez, m'apprit très tôt qu'aucun humain ne trouverait grâce à mes yeux. Non, nul besoin, puisque vous êtes ce que vous êtes. Nul besoin...De me forcer à vous aimer, ni même de vous accepter, ou dirais-je...vous admettre... Une roue, simplement, devait suffire. Un travail, seulement. La tourner doucement, vous observer, et rire. Maman. L'infinité de lames que sont tes doigts... Grand maintenant, cela est vrai, puisque mort également, mais permets-moi de lécher quelques temps encore le sel rouge qui glisse le long de tes rouages blancs. Maman. Donne-moi la force de faire l'humain. Maman. Je reçois dans mes mains petits et grands. Je dispense mes conseils aux sourds. Aux aveugles, mes gestes éloquents. Aux fous, mes compliments. Et rire...Et rire...Et rire, Maman.

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