Marée
Clara Paps
Les vagues de ma mémoire
En un inutile espoir
Insatiablement ramènent au soir
Autant d'ombres que de miroirs.
Poison brûlant au creux de ma gorge
Relents de rage, colère en cage.
Mon âme prisonnière
De ses rêves amers
Se berce de fable
S'enlise... Affable.
Cet étau qui serre
Un coeur trop fier
Renvoie l'orgueil
Quoi que je veuille
Vers cet idéal
Mirage fatal.
Je ne me reconnais pas
Ces combats étaient joie
Je n'ai pas déjoué les pièges
De cette vie qui m'assiège.
Mes souvenirs s'échouent
En écume de boue.
Chavirée, ballotée
Par une sourde nausée.
Mon monde bascule
Et je recule.
Dans la misère
Ses lourdes pierres
Lapident mes repères.
Plus de phare
Insecte hagard
Ni aile, ni dard.
Comment bâtir un nouvel équilibre
Sans falaise, que rien n'enivre ?
Pour enfin me sentir vivre,
Déliée du regard qui bride.
Chercher l'envie, trouver le sel
Pour que demain m'ensorcelle.
Me revoilà sur ce fil.
Suspendue, malhabile.
Attirée par le vide,
En une lutte fratricide.
Jours humides
Et nuits acides
Me poussent encore
Un peu plus au bord
Poids du remords
Ou quête de mort ?