Marie N

gabryel

Entre Histoire et fantastique, les émois de Marie, fille de joies parisienne, feront des victimes bien au delà de son lit...

On arrive tous d'un asile, d'une prison, d'un bordel. On s'en échappe parfois, pourtant où que l'on aille la liberté demeure une utopie...


Paris, 1907


Vêtue de dentelle, Marie est assise sur une méridienne de velours rouge. A ses côtés, un homme moustachu a les yeux rivés sur les seins de la courtisane. Il se régale des gloussements qu'elle émet à chacune des tirades qu'il crache gaiement. Enivrés de différents vins, ils ne se doutent pas que dans l'ombre, dissimulée par la multitude de corps dénudés, une femme les observe.


Marie croise ses jambes fines dans un mouvement laissant apparaître son sexe et, ne doutant pas de l'effet produit sur son client, le regarde intensément. En guise de réponse, il pose une main sur sa cuisse blanche tout en soutenant son regard. Il y a quelque chose d'inattendu et de fascinant dans les yeux vert de cette femme, il pourrait jurer y avoir vu des particules d'or. Puis, il ressent de la chaleur, une sensation de bien être à laquelle sa volonté de caramboler ne peut que s'effacer. Machinalement, il extrait des pièces de son veston et les tend à Marie qui, après avoir déposé un baiser sur sa joue, les glisse dans son bustier. Sans un mot, le chaland se lève et se dirige vers la sortie. Marie s'assure qu'il est bien parti puis s'étend de tout son long sur la couche, elle ferme les yeux pour essayer de trouver un peu de calme malgré la chaude ambiance de la maison close. Une main vient se poser sur son épaule, elle ne réagit pas. Une voix féminine se fait alors entendre :

̵̶̵ Comment avez vous fait ?

̵̶̵ Avons nous été présentées ? répond Marie sur un ton inquisiteur.

̵̶̵ Pardonnez moi, je suis stupéfaite par ce que je viens de voir.

̵̶̵ De quoi causez vous ?

̵̶̵ Cet homme vous a rétribuée sans même vous voir nue. Avouez que c'est étrange, d'ordinaire ils se montrent plus gourmands.

̵̶̵ Il s'agit d'un amant de cœur, prononce Marie sans conviction et tout en scrutant son interlocutrice.

̵̶̵ Superbe regard, cependant je connais trop bien la lueur qui y règne. Je vous demande de cesser répond l'étrangère.


Prise au vif, Marie est décontenancée. Se pourrait il que cette femme sache ce qu'elle fait des esprits humains ? Dans le doute, elle remet en place sa chevelure et se lève pour s'éclipser, elle ne tiens pas à poursuivre la conversation mais l'inconnue la relance :

̵̶̵ De qui avez vous été la victime ? Charcot ? Freud ? Lequel de ces monstres vous à mis au monde ?

̵̶̵ Les avez vous côtoyés pour affirmer de telles choses ? Interroge Marie pour tenter de cacher son étonnement.


L'inconnue demeure silencieuse et la fixe passionnément, Marie ne s'attendait pas à trouver un jour une personne dotée des mêmes compétences. Elle se refuse d'abord à la pression mentale et ferme les yeux. Puis elle entend la voix de la femme, vibration qui s'insinue en son crâne :

̵̶̵ Tu n'es pas en danger, laisse moi te montrer qui je suis.


Peu rassurée par ces mots mais téméraire Marie décide d'accepter la proposition. Elle se dit que de telles situations doivent se vivre, la peur enchaîne au médiocre. Elle ouvre les yeux et se trouve immédiatement happée par les pupilles incandescente de l'inconnue. L'électricité circulant entre ses neurones et maintenant entre d'autres mains, elle ne maîtrise plus rien. Des larmes coulent le long de ses joues alors que des images fleurissent à l'intérieur de son être... Un livre à la couverture rouge s'ouvre sur la représentation en noir et blanc de l'inconnue, ses cheveux bruns son remontés en chignon dégageant ainsi un visage mélancolique. Son nom est écrit en dessous, Bertha Pappenheim. L'image se brouille et des couleurs apparaissent, des traits enfantins se forment et donne vie à une petite fille aux joues roses. Un poulbot apparaît à son tour et sans crier gare tire fort sur les couettes de la fillette qui crie et tape des pieds. La page devient une salle aux murs jaunis et Bertha est nue dans une baignoire, un homme en blanc déverse de l'eau sur son corps, ses lèvres ont bleuies et elle ne peut sortir de la cage aquatique. Plus elle hurle, plus Marie se déchire de l'intérieur. Maintenant sur un divan, Bertha cache son visage entre ses mains. Elle se balance sur elle même et Marie comprend... Cette femme est passée par les mêmes expérimentations qu'elle. La vie les a réunies car elles se ressemblent, leurs traumas communs leurs ont permis de développer des capacités similaires. Toutes deux ressentent de façon palpable les différentes ondes circulant autour des êtres humains et elles peuvent parasiter les perceptions de leurs semblables. S'introduire au cœur des organismes et induire des pensées, faire d'eux les poupées dont elles ont besoin pour mener à bien leurs desseins.


Cette nuit là, fascinée l'une par l'autre, Marie et Bertha officialise leur union dans une chambre de la maison close. Elles se racontent leurs enfances douloureuses, les épreuves qui les ont conduites aux tréfonds de la psychiatrie. Alors adolescentes, les deux hystériques y ont subie tout les « soins » élaborés par les cerveaux gonflés de cocaïne de grands médecins. A l'abri des regards, elles se livrent comme jamais elles n'ont pu le faire. A bout de verbes, elles laissent leurs doigts vagabonder et c'est par un baiser langoureux qu'elle entament leurs thérapies. L'acte qui redonne du sens à l'existence... dénudées elles frottent leurs peaux et s'adonnent à une chorégraphie passionnelle. Essoufflée, Bertha propose d'emmener Marie à Francfort-sur-le-main en Allemagne. C'est en jouissant que celle-ci dit oui au voyage...


Sur le quai, gare de l'Est, elles sont les deux seules femmes dans une foule d'hommes. Vêtus de longues vestes noires, ils détiennent des cannes qu'ils font claquer virilement contre la dalle de béton au passage des femelles. Elles n'y prêtent aucune attention tant l'uniformité des chapeaux melon est ennuyeuse. Alors qu'un barbu consulte nerveusement sa montre à gousset, Marie observe avec attention les locomotives. Ces amas de métal crachant une épaisse fumée noire ne la rassure pas, il lui semble évident qu'elle ne pourra jamais les manipuler comme des êtres humains. La tenant par le bras, Bertha approche la bouche de son oreille et lui confie :

̵̶̵ Ce sont des hommes qui dirigent le train...

̵̶̵ Toute première fois est une épreuve. Je n'ai jamais quitté Paris et sa tour Eiffel.

̵̶̵ Nous irons visiter Berlin, je suis certaine que tu adoreras.


Arrivé à Metz, le cri du métal sur les rails est assourdissant. Marie supporte mal l'abadie qui règne dans le wagon et aimerait pouvoir s'évader de cet enfer. Pourtant elle ne bouge pas, elle est excitée par les promesses d'avenir de Bertha et la questionne à ce sujet :

̵̶̵ Tu as rencontré beaucoup d'autre femmes comme nous ?

̵̶̵ Ils ont fait beaucoup de victimes avec leurs satanée science, j'ai ouvert un orphelinat pour toutes les accueillir ! Toutefois, tu es la première que je rencontre qui a autant développé ses facultés. Je pense que tu es destinée à de grandes choses.

̵̶̵ Jusqu'à présent je me suis contenté de survivre dans un monde ou je ne possède rien... Hormis ce cabrio et cette robe.

̵̶̵ Tu n'as utilisé tes dons que pour faire l'édredon ! N'as tu pas le désir d'embrasser de plus grandes causes ? Te venger par exemple.

̵̶̵ J'ai déjà envoyé Charcot à la balançoire dit Marie d'un ton las.

̵̶̵ C'est donc ton ouvrage ? Interroge t-elle avec admiration.


Jusqu'à présent, Bertha n'imaginait pas que cette femme si soyeuse ait pu avoir les mains couvertes de sang. Néanmoins l'idée ne lui déplaît pas et elle surenchérit :

̵̶̵ M'aiderais-tu à satisfaire ma soif de vengeance ? Je veux admirer l'agonie de Breuer, je veux tous les faire souffrir. Tous les hommes sont putrides ! Des anchois à faire griller !

̵̶̵ C'est grâce à leur stupidité que les femmes vivent et c'est avec leur semence que nous enfantons. Quel avenir aurons nous sans eux ?

̵̶̵ J'ai déjà élaborée des solutions... Il nous suffirait de garder dans des camps spéciaux quelques spécimens parmi les plus prometteurs afin qu'ils nous procurent de quoi donner naissance.

̵̶̵ L'idée est intéressante mais comment procéder ?

̵̶̵ La première phase est de secourir des femmes, partout en Europe. Comme je l'ai fait avec toi... murmure Bertha tout en caressant la joue de Marie.

̵̶̵ Comptes tu toutes les baisers ?

̵̶̵ Une putain jalouse ?

̵̶̵ Le chemin est encore long ? J'ai besoin de repos maintenant dit Marie éprouvée par tant de perspectives et souhaitant mettre un terme à la réflexion.


Francfort, 1909


Dans le quartier de Sachsenhausen , Bertha avait fondé un orphelinat officiellement destiné aux jeunes filles juives. En réalité, n'importe qu'elle femme était bienvenue, la maison était vaste et les pensionnaires y jouissaient d'une liberté absolue.


Au travers du regard aimant de Bertha, Marie se sentait comme une reine. Elles vécurent quelques mois dans une bulle d'affection, se protégeant mutuellement et oubliant presque les horreurs du passé. Durant cette période Bertha écrivit beaucoup de poèmes et Marie se concentra sur ses capacités cognitives. Elle pouvait maintenant diriger plusieurs esprits à la fois et modifier à sa guise les perceptions de ses sujets. Depuis son arrivée, les filles sortaient de moins en moins. La rue était considérée comme sale et les badauds potentiellement dangereux. L'orphelinat était devenu un paradis saphique ; des décorations aux comportements individuels, Marie y contrôlait tout de façon à ne plus jamais souffrir d'être en vie.


De retour d'une campagne contre la prostitution à Londres, Bertha regagne l'orphelinat au milieu de la nuit. Elle monte en silence les marches menant à la chambre de Marie , cela fait un mois qu'elle est partie et se réjouit à l'idée de retrouver sa maîtresse. Elle compte l'aider à sortir du sommeil par de langoureuses caresses. Dans la pénombre de la chambre, l'horreur qu'elle distingue à la lueur d'une bougie éradique tous désirs charnels. Marie est allongée dans le plus simple appareil, sa peau est aussi blanche que les draps et son corps amaigri à l'extrême. Elle gît, morte ou endormie ? Autour d'elle sont enchevêtrés les cadavres ensanglantés de jeunes pensionnaires. Certaines ont les poignets entaillés, d'autres se sont vidées de leur sang par la jugulaire. Violentée par ce qu'elle voit, Bertha s'écroule au sol, l'ensemble de ses muscles est pris de spasmes incontrôlables. Le visage dans la poussière, elle pleure sans discontinuer jusqu'à entendre une voix résonner dans sa tête :

̵̶̵ Chut, calme toi. Tout va bien...

̵̶̵ Marie ? questionne Bertha à haute voix tout en se redressant.

̵̶̵ Viens me rejoindre mon cœur, je t'attens depuis si longtemps égrène Marie dans les pensées de Bertha tout en s'asseyant.

̵̶̵ Parle moi avec tes cordes vocales ! Que s'est il passé ici ? Que leur as tu fait ? Prononce t-elle mi-hargneuse mi-désespérée.

̵̶̵ Je m'ennuyais, voilà tout. Qu'as tu fait si longtemps loin de moi ?

̵̶̵ Marie, je voulais protéger toutes ces femmes. Leur offrir la liberté... Et toi... Tu les a saignées par jalousie ?

̵̶̵ Je croyais en tes idéaux Bertha, mais ici tu n'as réussi qu'à en faire des esclaves. Elles n'était pas soumises à des hommes mais à nos pouvoirs, d'ailleurs quand je les rendais libres elles ne savaient pas quoi faire. Elles étaient perdues, faibles et incapables. En leur suggérant de mettre un terme à leurs existences je ne fais qu'obéir à ta volonté. Elles sont en sécurité maintenant.

̵̶̵ Mon Dieu, quelle sorte de monstre est tu devenue ?

̵̶̵ Celui que tu as créée amour. Je sais, il est dur d'accepter que nous n'avons pas fait mieux que nos bourreaux.

̵̶̵ Tu es complètement folle bégaye Bertha le visage déformé. Elle ne veut plus rien entendre et se jette sur celle qu'elle juge responsable de son cauchemar.


Marie ne se défend pas, le corps souple elle subit les coups et morsures qu'inflige Bertha pendant un temps infini. C'est la vue des écorchures et des hématomes qui apaise sa rage, à bout de souffle elle laisse retomber sa tête contre les seins de Marie et tout en haletant dit :

̵̶̵ Qu'allons nous faire maintenant ?

̵̶̵ Nous avons sapé les verges, mais c'est l'humanité toute entière qui est coupable. Je le ressens nettement maintenant, l'Homme est la source du mal. Il gangrène l'harmonie universelle.

̵̶̵ Il ne reste plus qu'à sucer les pissenlits par la racine. Tu as l'intention de m'éliminer comme les autres ?

̵̶̵ Pas encore, pas avant d'avoir fait le ménage. Ton idée de camps est toujours d'actualité... Sauf qu'au lieu de nous servir de réserve à sperme, ils iront y mourir.

̵̶̵ Je ne supporterais pas d'être responsable de tant d'horreurs. Reste avec moi et vivons simplement toutes les deux, n'entachons pas nos dons, s'il te plaît.


Marie se lève et donne de petits coups de pieds dans les cadavres des filles. Elle répond à Bertha :

̵̶̵ Si telle est ta conception, j'accomplirais seule ce que je dois faire pour ce monde. Tu me remercieras lorsque je ferais danser sans violon Breuer, Freud et ces rebuts de chair. Laquelle préférais-tu ?

̵̶̵ Quelle importance ? Elles sont mortes !

̵̶̵ J'ai besoin d'un nouveau corps... tu as abîmé celui ci, vilaine !

̵̶̵ Tu insinues être capable de changer d'enveloppe charnelle ?

̵̶̵ Je peux toujours essayer, alors laquelle ?


Bertha regarde avec attention autour d'elles et au bout de quelques secondes désigne de la tête une adolescente aux cheveux blonds. Sans attendre, Marie s'agenouille prés de la défunte et prends sa tête entre ses mains. Les yeux clos, elle semble prier, pour la première depuis des années elle éprouve de la peur. Elle sait que si l'opération ne se déroule pas comme prévu, son âme sera dissolue. Elle colle sa bouche sur celle du cadavre et commence le transfert d'énergies. De sa place, Bertha aperçoit des filaments de couleurs mauve se tisser autour des deux corps, émerveillée par le spectacle elle ne bouge plus un cil. La température dans la pièce s'élève anormalement et une forte lumière blanche semble irradier les deux entités. Brutalement, l'obscurité retombe sur les corps qui s'étalent par terre dans un bruit sourd. Bertha reste prostrée, terrifiée par le chaos auquel elle a donné naissance. Elle cache son visage entre ses mains et se balance sur elle même en répétant :

̵̶̵ Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle.



Vienne, 1912


 Les rues de la capitale de l'Empire Austro-Hongrois sont habitées par un vent de folie, partout où l'on regarde l'architecture se renouvelle et les artistes sont pléthore sur les rives du Danube. Les passants, dansants sur les pavés, semblent insouciants devant l'opéra national. Ce soir, Felix Weingartner dirige l'orchestre philharmonique. Les amateurs de musique sont venus nombreux pour profiter de « Parsifal », une œuvre composée par Richard Wagner.


A l'intérieur, Marie hésite quant au choix de sa place et finit par s'installer à coté d'un petit homme, seul lui aussi. Le rideau s'ouvre sur le décor et le chef d'orchestre fait son apparition sous les applaudissements du public. Marie s'en abstient, elle est envahie par la souffrance émanant de l'individu à ses côtés et passe tout le temps que dure la représentation à fouiller dans les souvenirs de l'étranger. Humiliation, échecs et deuils... Cet homme est l'une des expériences spirituelles parmi les plus éprouvantes de sa vie, le mélange parfait pour mettre à bien ses ambitions. Alors que la représentation touche à sa fin, elle tente d'attirer son attention. Elle joue de ses charmes mais il est totalement insensible aux choses de l'amour. Malgré ses différentes tentatives d'approche, il reste hermétique et elle se voit dans l'obligation de le traquer dans la cité aux nombreuses statues. Arrivés dans un passage isolé, elle n'a plus envie de courir et crie son nom. Intrigué, l'homme se retourne et la dévisage. Il reste immobile lorsqu'elle s'approche, assez près pour prendre possession de son esprit, elle lui dit :

̵̶̵ N'es pas peur Adolf. De grandes choses nous attendent...



Station spatiale «Anna O », en orbite autour de la Terre, 2052


Incrusté dans le mur, un écran diffuse le journal télévisé en direct de la Terre. La voix du journaliste récite de façon mollassonne : « Depuis la colonisation de l'espace, la station Anna O est la première infrastructure individuelle de type résidentiel. D'un volume total de six milles mètres cube, elle est équipée d'un système de navigation parmi les plus sophistiqués. Conçue pour être complètement autonome, elle fonctionne en utilisant l'énergie solaire fournie par de nombreuses plaques photovoltaïques. Des jardins et points d'eau ont été aménagés sur les ponts principaux afin de recréer des conditions de vie similaires à celle de la terre. Des rumeurs affirme que, comme sur l'arche de Noé, des animaux ont été embarqués.» D'un geste de la main, Marie fait disparaître l'écran et se déplace jusqu'à la grande baie vitrée d'où elle peut admirer le cosmos. Arborant une combinaison en latex noire, le bruit produit par ses talons en acier fouette le silence absolu qui règne. Dans l'espace, elle est à l'aise, son cerveau n'est plus en proie aux multiples ondes présentes dans l'atmosphère Terrienne.


De très loin, elle contemple sa planète d'origine et des fragments du passé refont surface. Son âme est passée d'un corps à l'autre néanmoins elle n'a rien perdu de ses souvenirs. Prisonnière à la Salpêtrière, elle rêvait de parcourir le monde. Dans les bordels parisiens, elle souhaitait se soustraire à la domination masculine... Elle est à l'origine des guerres les plus destructrices, elle a manipulé le virus d'immunodéficience humaine, Ebola, les armes chimiques. Elle se remémore avec émoi l'explosion de Tchernobyl ainsi que la contamination qui a poussé l'humanité à vivre sous la surface de la terre. Ses multiples tentatives n'ont servi à rien... Elle à réalisé tout ça mais ce ne sont que des trous dans la lune. Comme Sisyphe, elle s'est éreintée à la tâche mais ces répugnants sentiments que sont l'amour et la tolérance ont toujours contre-carré ses stratégies. Aujourd'hui, la mort semble la seule porte d'accès à la liberté...


A cinq cent mille sept cent vingt cinq kilomètres du désert qu'est devenu Francfort, un champignon de fumée noire s'élève de la surface terrienne. Marie colle brusquement son visage à la paroi de verre, elle ne veut pas manquer une seconde du gigantesque spectacle qui s'offre à elle. La planète bleue se tord et se rabougrie sur elle même avant d'exploser en paillettes dans l'infini. Marie est comme sous l'effet de drogues, ses pupilles se rétractent et ses muscles raidissent.


Les décombres se meuvent lentement, en apesanteur semble se dessiner une forme. Une larme coule sur sa joue... En lieu et place de la Terre, elle observe s'esquisser le visage de Bertha...


†En argot, l'abadie est une foule de badauds.

‡En argot, large chapeau portés par les femmes de l'époque.

ῶDans le langage des filles de joies, dépouiller un étranger.

∩En argot, se débarrasser de quelqu'un de gênant.

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