Matinérrant

corwin-clerc

extrait de " Spleene lune et autres soirées éteintes en bleu sans importance"

Une fois de plus
Je me suis perdu
Dans de vides rues.
Encore une fois
Toujours loin de moi
Je me suis perdu.

Le ciel noir parsemé d'étoiles
Plane en silence sur la ville
Constellée de flaques de bile,
Eclairées par des réverbères
A la lumière pâle amère.
Cela ressemble à la toile
D'un peintre aveugle qui saurait
Dans le mutisme de la nuit
Cracher, vomir de son ennui
Pour à nouveau ressusciter
Le plus douloureux des passés.
Le macadam est un marais
Où grouillent les chats et les rats.
Je navigue sur l'avenue, 
Dans le brouillard me suis perdu.
Soudain devant moi apparaît
Un visage. Je reconnais
Ses yeux, mais elle partira.
Alors lentement je retourne
A la sombre clarté matinale,
Enfin à nouveau je me tourne
Vers la petite rue finale,
Le terminus de tous mes rêves
Où chaque matin ils s'achèvent.
Quatrième maison à droite,
Je monte le long escalier,
Mes jambes sont de la ouate,
Me retrouve sur le pallier,
Traverse la porte d'entrée
Pour aller dans mon lit douillet.

Et là, je regagne mon corps
Allongé, qui dormait encore.

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