Mauvaise passe

noca

Ce n'était jamais rien qu'un lundi matin, un de plus. Sauf que cette fois-ci, en partant à son travail, il claqua bruyamment la porte. Surprise de ce geste de violence qui fit sursauter son cœur, une larme s'échappa.


Hier au soir, ils se sont encore disputés... et c'était comme si, cette fois, il n'y aurait plus de concession possible ou de volonté de rapprocher des pensées résolument opposées. Il y avait un quelque chose imperceptible qui couvait depuis quelques temps. Si vraiment les efforts sont trop pénibles c'est que c'est perdu d'avance.


L'inéluctable tant redouté menaçait de se mettre à exécution. Comme si ces dernières années, finalement, n'avaient pas comptées. Amer sentiment d'échec. Clairement, elle n'était plus désirée depuis longtemps et elle sentait une sorte d'exaspération transpirer à chaque mot qu'elle lui adressait.


Profitant du peu de temps qu'il restait dans sa journée, une fois avoir fait cette mise au point, elle pris sa décision. Celle qui s'imposait. Elle réunit ses affaires, boucla ses valises, la boucle était bouclée. Une partie de sa vie qui s'efface, encore une. A force de déménagements successifs, le répertoire de son téléphone sonnait affreusement creux. Personne à qui parler.


Pas beaucoup d'argent, alors elle vendit ses quelques pendentifs dans la première bijouterie venue. Laquelle s'empressa de tout lui racheter au quart de son prix d'achat. Cela paierait quelques pleins d'essence de la vieille Volvo. Au moins cette voiture ne l'avait jamais laissé en plan, elle.


Elle prit la direction de la mer, ce sentit coupable car à cette époque de l'année, les touristes estivants sont actuellement en train de travailler, eux. Elle marcha le long de la mer, s'assit et écouta le bruit des vagues, la plus ancienne mélodie du monde. Là à cet instant elle n'aurait pas été contre se faire ensevelir sous un tsunami. Mais le vrai tsunami qui jouait à ce moment-là, était émotionnel. Une page, un chapitre de sa vie venait de se terminer. Et elle ne savait pas du tout ce qui arriverait, ensuite. A considérer qu'il y ait un "ensuite". Il n'y avait pas plus paumée qu'elle. N'avait connue qu'un homme, n'avait jamais eu à travailler. Sa vie se transformait en échec retentissant.


Bientôt elle n'aurait plus de quoi subsister. Peut être le début de la fin. Son téléphone n'avait pas sonné une seule fois lors de la semaine écoulée. Dormir dans la voiture va un temps, elle se reconnait mal dans la petite glace du rétroviseur. Sa santé se détériore, elle ne sait plus quoi faire, ni comment ni pourquoi. Une dépression arrive, à chaque jour suffit sa peine et c'est à se demander pourquoi se réveiller chaque matin.


Hier les pompiers ont repêché une voiture de la Loire. Le frein à main s'était relâché...


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