Maux colorés

lhdv

« Tout va bien » qu’elle répétait à mon oreille, me serrant contre sa poitrine. « Ce n’est qu’un cauchemar, un très vilain cauchemar ». Tu parles, des cauchemars comme celui là j’en rêve tous les matins en ouvrant les yeux . « Tu n’as rien vu, rien entendu. Tu ne sais rien, tu ne diras rien » J’ai tout vu, tout entendu. Je sais tout, je dirai tout. J’ai trop d’illusions perdues au compteur pour espérer berner les autres. « Surtout pas aux personnes qui viendront te poser des questions » Oh si, je déballerai tout. Ce sera la Grand Messe, l’Annonciation du crime. « Oublie, oublie vite » Impossible, le rouge omnubile ma rétine ; rouge la moquette, rouge le tisonnier, rouge les doigts. « Ce n’est pas de ta faute » Mensonge, à l’instar de tout ce qui sortait de sa bouche. « Tu ne voulais pas lui faire de mal » Si, et comment. « C’était un accident » Faux, la préméditation à l’état pur. « Tu ne savais pas qu’il était là. Tu es rentrée à l’improviste » Nous étions tout les deux bel et bien là, lui avachi sur le canapé, moi en chien de fusil dans un coin. « Tu diras que tu étais sortie avec moi, en balade » Je ne sors jamais, je ne me promène pas, je stagne. « Ca va bien se passer. Tu vois tout est silencieux, tout est calme » Non, c’est le bordel dans ma tête, les cris, les hurlements, les pleurs. « Personne ne te fera de mal » Personne, sauf moi-même. « Oublie, oublie vite » Impossible, le rouge omnubile ma rétine. Rouge le camion de pompier, rouge la sirène des policiers, rouge les lumières. Rouge le sang.

« Tout va bien » qu’elle répétait à mon oreille, me serrant contre sa poitrine.  »Oublie, oublie vite » Possible, tout est blanc. Blancs les murs, blancs les draps, blanche la camisole. Tout est blanc. Blanche ma mémoire.

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