Mémoire.

fort-ever

Comme un souvenir de toi qui me hante.

Le papier était encore tout froissé de la manie que j'avais autrefois de sans cesse le plier, et de le déplier, et de le replier. 
L'encre rouge figée à sa surface en petits chiffres soigneusement écrits par le passé était à présent presque invisible, comme une tache de sang sur le mur des souvenirs, qui chaque jour, aurait disparu davantage. 
C'est ton numéro, sur le papier. Je le sais, parce qu'il m'est impossible d'oublier les traces noires laissées par mes gros doigts sales et fébriles qui le trituraient en tous sens lorsque j'attendais le courage au détour d'une avenue, et qu'il ne venait pas. Il n'est jamais venu. Et je ne l'attends plus.
Je prends le papier dans mes mains. De parts et d'autres, la trace d'une humidité vétuste, de mes larmes versées. 
Je fixe la poubelle. Et la petite boite en chêne sur le bureau. 
Je m'avance vers la corbeille. 
Un dernier petit effort. 
Et je range le papier dans la boite. 


Comme un souvenir,
De ce courage qui ne viendra plus. 

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