Merci, pour le café

shadowsofbetterdays

Qu'est ce que je ferais sans toi...

" C'est comme ça, ma chérie! Il y a des gens comme ça... Pas humains. Ils suivent leurs coeurs, sans écouter leur raison...Il savait que c'est impossible, et dans un sens il ne voulait pas croire ou même espérer que ce serait possible.

- Alors pourquoi il dit "je t'aime"? Pourquoi il continue à faire la cour? A essayer de séduire... Toutes ces filles! On dirait un harem... 

- Il suit son coeur. Il brise le tient mais quelque part, il s'en fout... Du moment qu'il est content et que ce n'est pas son coeur qui finit brisé. Du moment qu'il juge qu'il n'a rien à perdre et tout à gagner... Généralement, ils ont peur de souffrir, alors ils font souffrir les autres à leur place. Ne t'inquiète pas. Eloigne-toi, c'est tout... Ce sont les humains qui aiment danser qui plongent les autres dans ce genre de situations... Ce n'est pas de ta faute. 

- Les humains qui aiment... Danser? 

- Hahahaha, oui. Tu as compris ce que je veux dire. " Il lui fait un clin d'oeil comme elle les aime, et sans même attendre sa réponse, il se lève, se penche sur elle et pose ses lèvres sur son front. 

" Aller, finis ton café pour que je puisse payer l'addition. " 

Il lui sourit, ramasse sa veste en cuire, abandonnée sur le dos de sa chaise et sort du resto-café où ils se sont installés. Seule, elle regarde la tasse de café au lait posée sur la table. Quelques minutes auparavant, ses larmes venaient s'ajouter au liquide clair qu'elle s'était imaginé pouvoir boire. Il n'avait rien vu. D'ailleurs, elle se demandait comment il avait le coeur, d'où est-ce qu'il puisait la force pour faire comme si de rien n'était, pour lui parler d'amour, alors que lui, était à peine remis de sa rupture avec sa petite amie. Elle soupire, la boule dans sa gorge se fait un peu moins douloureuse. Il avait insisté pour payer l'addition, elle savait qu'il galérait un peu pour ramasser de l'argent. Elle, elle en avait. Le café n'était pas gratuit... Il se fâcherait si elle payait elle-même. Il avait besoin plus que tout de sentir qu'il servait à quelque chose, qu'il pouvait encore faire quelque chose de bien. Elle attrappe l'oreille de sa tasse, la porte à ses lèvres. Le café est froid, elle l'avale cul-sec. Elle le sent descendre le long de sa gorge, puis disparaître. Il la regarde de l'extérieur et elle lève un pouce pour lui dire qu'elle a terminé. Il sourit et elle sait qu'il est heureux de payer l'addition. Elle aussi ça lui fait plaisir... Ça fait toujours plaisir de rendre quelqu'un heureux... Et rendre quelqu'un malheureux, ça fait quoi? D'après lui,  chez " les humains qui aiment danser", rien... Ça ne fait rien. Il avait raison. Certains hommes collectionnaient les femmes comme des sultans. Des harems. Elle avait toujours été sauvage, bohémienne. Et ce n'était pas cet abrutit là qui allait  se prendre pour le sultan... Et l'emprisonner, la sédantariser . Si encore elle était la sultane, elle y aurait peut-être pensé. Mais elle ne voulait pas penser. Un rire l'avait tiré de ses pensées.

" Je t'ai convaincue apparemment... Regarde comme tu souris, petite coquine. 

- Tu as raison. Il faut que je l'envoie valser. Apparemment, il aime la danse comme tu dis. "

Ils rient. Elle grimpe sur sa moto, met son casque. Il monte sur son vélo. Elle le regarde, surprise. 

" Ta voiture? 

- Vendue. Besoin de fric. 

- Je peux t'en prêter si tu veux. 

- hahahahaha. Non, merci. J'ai ma fiereté, tu sais. Garde ton argent pour toi et fais-en bon usage. 

- Mais... 

- Pas de mais. Je t'ai vue, tu sais... Tu  n'était pas obligée de boire un café avec toutes les larmes que tu as versé dedans. Pourtant tu l'as fait. Ça, personne ne peut l'acheter avec de l'argent. Moi, je n'ai pas besoin de fric... Les autres, si. Ils font même du café pour en gagner en croyant qu'ils deviendraient riches. 

- Comment tu as su que... 

- Je te connais, grande soeur... Aussi bien que tu me connais..."

Il sourit. " Aller! A plus! Et si tu as besoin de quelque chose, tu m'appelles, hein? " 

Il s'éloigne sur son vélo. Elle le regarde partir. Elle n'avait même pas eu le temps de lui dire merci,pour le café. 

Signaler ce texte