MES ILES
Sylviane Blineau
MES ILES
Oubliées, redoutables
Où joue le vert de jade aux tétons de Vénus,
Basalte noir et obsidienne,
Mes îles sont laves fumantes
En souvenir des rues de Nantes.
J'en connais les noirs incendies,
Les spectres,
- Nuits anguleuses et pulpes bleues -
Pulsés par des fanges putrides
Où mijotent les éclats d'arbres.
Mes îles ne sont pas de marbre.
Je m'y assieds certaines nuits
Lorsque, fermant les yeux je cueille
La rutilance d'un pavot qui sabre
Le gris des rues de Nantes.
Une île...
...Et le ciel indécent,
Si vaste espace.
De limites, jamais !
Quelques chemins,
Traces d'un chien jaune égaré
Sur les pas caillouteux
D'un Rimbaud ravagé d'absinthe.
…/...
L'île pense et gémit,
Plaint les tamaris roses pétrifiés.
Elle nuage.
A souffle ras elle nuage le volcan assagi,
Puis s'abandonne à son passé,
Les trépassés encore au ventre.
Mes îles
En corollaire
De toutes îles en dormance,
Mes îles,
Poivre rouge,
Roi de cœur, piques lasses,
Oh, ne m'attendez pas
De par le gris des rues de Nantes.
Iles, mes îles,
N' écoutez pas
Ce que le vent parfois vous porte...