METRO Boulo Dodo

Loumir

Carnet de voyage

Ce matin, c'était jour d'abondance, abondance d'usagers dans le métro.

A croire que toute la ville de Lyon avait abandonné ses RTT. Collée serrée comme une sardine dans sa boîte (cliché), je ne me ferai jamais à cette promiscuité obligée, quand on ne sait pas si les mains sont baladeuses ou juste là, à défaut de pouvoir être autre part.

Ce matin, à cette joyeuseté s'ajouta une odeur, eh oui ! Les odeurs ne sont pas que fragrances délicates ou sophistiquées, propices à faire naître en nous la réminiscence de nos plus jolis et enfouis souvenirs…

Mon nez à hauteur d'une bouche, que dis je, d'une bouche d'égout ou peut-être d'une des sept portes de l'enfer, je dus supporter dix minutes durant des effluves entre soufre et œuf punais, avec même une petite nuance d'arôme de toilettes bouchées, en note de cœur bien présente.

J'avais beau tourner la tête, seule latitude offerte par ce lieu exigu, à chaque souffle du jeune homme, mes narines frémissaient d'horreur. Dieu, que j'eusse aimé être charmée par un bouquet phéromonal, rougeur à mes joues, douce chaleur m'inondant, frissons dans le ventre…

Mais à mon âge, rattrapée par la triviale quotidienne réalité, il n'est plus temps de croire aux contes de fée !

C'est avec bonheur que j'ai quitté ce cloaque et retrouvé l'air, libre, frais, que je respirais à grandes goulées. L'après midi fut agréable. La veille encore, c'était froidure et poudre de neige sur les prés. Mais le printemps sans conteste s'imposait (je n'ai pas encore dit que j'ai le privilège d'avoir un bureau qui ouvre sur une terrasse de 80m2) et je m'octroyais alors une longue pause cigarette au soleil à contempler deux pigeons qui s'aimaient d'amour tendre.

Je les voyais depuis quelques jours déjà, se charmer, se bécoter, se faire mille courbettes. Manifestement Monsieur était en forme, fin prêt à honorer et prestement grimpa sur Madame. Mais sur le bec de Madame il n'était pas marqué pigeonne, je pense que les préliminaires avaient été de trop courte durée, un peu bâclés en quelque sorte.

Avec vivacité elle s'est dégagée et envolée. Pauvre pigeon pigeonné ! Je l'observai longuement, rester la queue basse et le bec dans l'eau.

Puis enfin sonna le temps du weekend. Je formais des vœux pour l'union prochaine de ces deux amoureux, espérant toutefois pouvoir  observer cette scène licencieuse.

Oui, je suis un tantinet voyeuse !

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