Michael McDowell - BlackWater, la crue
[Nero] Black Word
Pâques 1919, au sud de l'Alabama, la petite ville Perdido est libérée d'une inondation. Les habitants, notamment les Caskey, retrouvent leurs foyers et procèdent aux réparations. Mais les flots laissèrent aux humains une créature marine et féminine, nommée Elinor Dammert, séduisant le jeune Oscar Caskey. Une présentation classique mais intéressante, malheureusement mal exploité.
L'on pourrait s'attendre à l'histoire d'une sirène cherchant à séduire un riche et naïf jeune homme, pour son meilleur en lui réservant le pire, en devant dans le plus grand secret écarter tout obstacle, quitte à se salir les mains, pendant que la future victime serait tiraillée entre cet amour obsessionnel et le raisonnement de ses proches. Ces derniers nageant en eaux troubles dans le flot de questions et de révélations s'imposant à leur incrédulité, tout en ne souhaitant que le meilleur pour le jeune homme, dans un décor post-catastrophe.
Il n'en est rien.
Elinor est aimée de quasiment tout le monde et n'éveille aucun soupçon malgré sa proportion à accomplir miracles et prodiges.
Seule Mary-Love, mère de Oscar, se montre hostile, ou simplement médisante, envers la sirène. Malheureusement ses seules motivations sont ses intérêts, ayant une influence sur la ville et la mainmise sur sa famille, usant de manipulations ou stratagèmes psychologiques pour arriver à ses fins, quand elle ne se montre pas rabaissante envers ses proches.
Oscar, directeur d'une scierie et seule source financière de la maison, suis le cours de l'histoire avec candeur et fébrilité en peinant à imposer son opinion, plus pour le bonheur de Elinor que le sien, tout en étant jugé inapte à simplement tenir un nourrisson dans ses bras.
Sa sœur, appelée Sister, se montre plutôt effacée et plus tendre en présence de sa mère. Mais seule, elle devient capable d'en devenir l'imitation, infantilisant et engueulant son grand frère avec des phrases comme « si tu réfléchissais cinq minutes, tu saurais quoi faire. »
Mais les personnages ne sont pas les seuls défauts de l'histoire. Cette histoire d'horreur, telle qu'elle nous est vendue, est terriblement plate dans ses meilleurs moments et se fait absente le reste du temps.
Rares sont les passages à ne pas être de simples descriptions du quotidien. Les moments les plus étranges sont soit trop étirés soit trop raccourcit, tentant de jouer sur un mystère qui n'en est plus un depuis la fin du chapitre 1 avec des personnages aussi attachants que dans un mauvais slasher de série B.
Vous l'aurez compris, je n'ai pas aimé ce livre. Malgré son écriture aussi fluide qu'une rivière au milieu de la plénitude d'une douce nature, celle-ci s'écoule dans un environnement trop ennuyeux à vivre et en présence d'habitants rebutants.
Ceci est sans aborder les détritus polluants que caractérisent toutes ces petites remarques sur les hommes, venant autant des personnages que de Michael McDowell. Cela va de la petite pique intrusive à de plus longues explications, pendant que l'histoire nous parle d'hommes faibles et stupides aux côtés de femmes bien plus considérées alors qu'elles sont capables de « trier » à leurs profits les affaires d'une défunte, l'après-midi même de son enterrement, quand son seul héritier est son mari.
La globalité de ces problèmes se résume avec la pasteur Annie Bell Driver, seul personnage connaissant la vérité sur Elinor mais l'histoire ne revient jamais sur ce détail, sans explication, tout en étant une femme avec un mari et trois enfants considérés comme insignifiants ainsi qu'une fille devenant sa réplique exacte en grandissant.
Le pire exemple à ce sujet étant l'aparté des pages 182 et 183. Un passage inutile à l'histoire et qui n'est qu'une longue critique gratuite des hommes. S'il avait été dédié à critiquer les femmes, le rejet aurait été virulent, alors pourquoi devrait-on l'accepter ?
Tant de potentiel ainsi gâché… c'est triste.
Et sachez que j'aurais pu revenir sur bien d'autres points, comme la représentation des personnes noires.
En conclusion : je n'ai vraiment pas aimé ce livre. Je l'avais acheté par impulsion, à un cheveu d'acheter les six tomes en une fois, et je regrette cette acquisition.
Si vous avez lu ce livre et que vous avez un doute sur mon avis, relisez-le et relevez les moments de doute sur l'identité de Elinor, tout en vous amusant à inverser les traitements réservés respectivement aux hommes et aux femmes.
Il semble que pour vraiment apprécier cette histoire, lire les suites soit indispensable. Malheureusement, malgré la beauté indéniable de sa couverture, je n'ai pu être charmé par ces écrits, m'empêchant de me noyer paisiblement dans l'océan de ses pages.
Un autre sens au proverbe : Ne jugez pas un livre à sa couverture !
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