Migrants, ce que nous leur devons

Dominique Capo

Réflexions sur l'actualité la plus chaude du moment...

J'avoue que le fait de m'attaquer à un sujet évoquant l'Actualité la plus chaude du moment est une gageure à laquelle je ne suis pas habitué. Je suis plus accoutumé à réfléchir sur des thèmes qui, s'ils sont essentiels, sont parfois abstraits : « la Vérité », « Dieu », « le devenir de l'Espèce Humaine », « sa place au sein de l'Univers », etc. J'estime en effet qu'ils sont aussi importants que les faits que l'Actualité immédiate nous dévoile quotidiennement. Par ailleurs, en ce qui me concerne, je les trouve aussi passionnants. Ils sont riches d'enseignements et de réflexions, et se reflètent souvent jusque dans les fondements de notre Civilisation. Ils nous amènent à nous poser la question de notre place au sein de la société dans laquelle nous vivons actuellement.

Cette fois-ci, il s'agit d'un sujet éminemment concret et polémique. Comme nous le constatons tous les jours depuis plusieurs mois maintenant, il suscite crispations, peurs, violences, incompréhensions, et j'en passe. Je comprends ces réactions, parce qu'il touche à nos acquis, à nos difficultés quotidiennes. Il se heurte nos à nos angoisses face à la Crise, face au chômage, face à la pauvreté, etc. Il exacerbe les incertitudes dont nous sommes tous et toutes les victimes ; que ce soit en France, en Europe, ou, plus généralement, en Occident. Car, depuis 2008, ces bouleversements économiques et sociaux se sont emballés dans des proportions jamais atteintes jusqu'alors. Bien entendu, avant 2008, l'Occident a traversé d'autres Crises du même genre : 1987, milieu des années 1970, 1929, en ce qui concerne les dates les plus marquantes de son histoire la plus récente. Mais, depuis 2008, ce qui était des inquiétudes présentes dans tous les esprits, mais à laquelle la plupart d'entre nous espéraient échapper, se sont accentuées.

Car, cette fois, la Crise a touché des secteurs qui semblaient, jusqu'à présent, à l'abri de ce genre de déflagration. Il faut, en outre, avouer que, depuis près de quarante ans et la fin des « Trente Glorieuses », notre système est arrivé à bout de souffle : fermetures d'entreprises, délocalisations, indigence, disparition de la sécurité de l'emploi, se sont multipliées. L'industrie, l'agriculture, ont été frappés de plein fouet, et ces phénomènes vont en se dégradant de plus en plus vite depuis 2008. Du fait de la dette abyssale de l'État depuis cette époque, celui-ci se désengage peu à peu de ses fonctions séculaires  : écoles, postes, police, hôpitaux, pensions des personnes âgées, etc. Afin de résorber en vain ses déficits monumentaux, il sacrifie de pans entiers des services publics dont il a la charge. Afin de tenter de parvenir à un équilibre financier impossible à atteindre à moins de se déclarer en faillite et de repartir sur de nouvelles bases, il s'accroche désespérément à une doctrine qui est davantage en accord avec le monde de la finance :

« Il faut que chaque secteur d'activité dépendant de l'État soit rentable. ».


Au passage, je déclarerai ceci, n'en déplaise à certains : l'État et les services publics n'ont pas vocation à être rentables. S'ils ont été institués à un moment ou à un autre de notre histoire, c'est parce qu'ils étaient nécessaires au bon fonctionnement de la société française. Pôle Emploi, la Sécurité Sociale, la CAF, les 35 heures, le mariage pour tous, le droit à l'avortement, la retraite, etc. sont des acquis qu'il est hors de question de remettre en cause. Nos gouvernants, de Droite comme de Gauche en sont conscients. Et même si ces sujets sont remis sur le devant de la scène régulièrement, ceux-ci savent que s'ils les restreignaient trop, le peuple descendrait dans la rue pour faire entendre sa voix. Et cyniquement, je rajouterai que, électoralement parlant – et quelle que soit l'échéance concernée -, ce serait un suicide politique.

Nos gouvernants sont conscients que la France, avec 2200 milliards d'euros de dette, comme la grande majorité des pays de la Communauté Européenne, est au bord de la banqueroute. En fait, la faillite généralisée guette l'Occident dans son ensemble. Evidemment, à part quelques paradis fiscaux tels que Monaco, le Luxembourg, la Suisse, par exemple. Puisque ceux-ci sont utilisés par la totalité des multinationales et des grandes banques pour abriter et faire fructifier leurs dividendes à l'abri des regards indiscrets. Pour autant, même en restreignant au maximum les dépenses de l'État – ce qui est impossible à mettre en œuvre, et inconcevable socialement et politiquement, il faudrait à la France des dizaines, voire des centaines, d'années, afin de rembourser totalement sa dette. Un jour, j'ai vu ou lu quelque part que si le pays désirait s'acquitter de son passif du jour au lendemain, chaque français devrait payer de sa poche plus de 30 000 euros au bas mot. Sachant en outre qu'en l'état actuel des choses, l'État dépend des banques afin de financer quotidiennement sa logistique. Or, celui-ci dépense davantage pour rembourser les intérêts des emprunts qu'il contracte périodiquement auprès d'elles. Et ce n'est qu'un fragment minime de cette dette, au final, qui est résorbé. Jusqu'à ce que l'État ne souscrive un nouvel emprunt venant grever plus encore son déficit et anéantir ses acquittements précédents.

C'est un cercle sans fin qui me rappelle, par certains aspects, l'état économique de la France d'il y a plus de deux-cents ans. En effet, à la veille de la Révolution Française, si Louis XVI a convoqué – à contrecœur - les États Généraux -, c'est parce qu'il n'avait pas d'autre solution -, Vu l'état des finances publiques, il était contraint de lever de nouveaux impôts s'il ne voulait pas qu'elles conduisent la Monarchie à la banqueroute. On connaît la suite...


Quel rapport avec aujourd'hui ? Quel lien avec le problème des « Migrants Syriens, Irakiens, Afghans... », me demanderez-vous ?

Évidemment, au premier abord, aucun !

Ce qui nous rapproche de cette période, en fait, c'est que la noblesse de robe d'alors, hostile à toute évolution de la Monarchie vers une gestion plus équitable des finances publiques en amoindrissant ses privilèges, est aujourd'hui remplacée par une « noblesse financière ». Or, celle-ci ne peut être renversée par une Révolution. Car, si cette noblesse de robe avait le sentiment d'être inatteignable parce que proche du roi – les événements ont démontré que ce n'était pas le cas -, la noblesse financière du 21ème siècle s'est accaparée tous les leviers permettant à la civilisation Occidentale d'exister. Elle s'est insinuée au cœur de la totalité des rouages qui la servent et l'asservissent. Contrairement à 1789, nous en sommes tous prisonniers d'une manière ou d'une autre, de notre naissance à notre mort. Autrefois, nous étions les vassaux, les serfs, d'une Monarchie toute puissante, absolue, que nos ancêtres ont terrassée au terme du Siècle des Lumières. A cette époque-là, en effet, l'accès à la lecture et à l'écriture de sujets de plus en plus nombreux, a permis à ceux-ci de réfléchir sur la raison d'être de l'Absolutisme auquel ils étaient soumis. Les Philosophes, les idéaux nouveaux venus des États-Unis, le recul relatif de la pauvreté – la France était la plus riche nation d'Europe, et celle possédant la population la plus considérable - en cette fin du 18ème siècle, ont autorisé ce bouleversement considérable qui allait la heurter, avant de secouer l'Europe et le monde.

Aujourd'hui, par contre, avec la mondialisation à outrance, se libérer des chaînes qui nous entravent est inenvisageable. La suprématie du pouvoir de l'argent est sans partage. Le néocapitalisme immodéré provoque des ravages irréversibles et dantesques. Non seulement pour les peuples qu'il a mis sous tutelle, mais aussi pour l'équilibre climatique de la planète dans son intégralité. Depuis les débuts de l'Ère Industrielle au début du 19ème siècle, et même avant cela si on souhaite remonter aux origines – les Grandes Découvertes du 16ème siècle -, la face du monde a irrémédiablement changé. D'une économie de subsistance et autosuffisance alimentaire, nous sommes passés à une économie de marché. Des échanges économiques, culturels, scientifiques, littéraires, existaient entre certaines parties du monde depuis l'Aube de la Civilisation Humaine, nul ne peut le nier. Le Proche et le Moyen-Orient, l'Europe dans une moindre mesure, ont eu des contacts réguliers avec la Vallée de l'Indus et Cathay – ancien nom de la Chine – et Cipango – ancien nom du Japon. Le Proche et le Moyen-Orient ont fréquemment commercé avec l'Europe – du Sud au Nord, de l'Est à l'Ouest – dès l'Antiquité. Des échanges ont eu lieu dès la Préhistoire, en fait, d'après les observations des chercheurs. Mais, ces routes étaient alors empruntées, autant pour le négoce de marchandises, de matières premières, que pour des pèlerinages religieux, ou pour permettre aux sciences, aux philosophies, aux arts, etc. de circuler.

C'est au 13ème siècle, avec la naissance des premières banques en marge des Croisades et de l'élargissement progressif de ces échanges à d'autres contrées jusqu'alors inexplorées – plaines de Russie, Afrique Subsaharienne, pays Scandinaves essentiellement – que ces modes de fonctionnement se sont modifiés. Cela a été encore plus flagrant avec la découverte des Amériques et l'exploitation systématique des richesses qu'elles recelaient. L'afflux d'or, d'argent, de matières précieuses, de nouvelles sortes d'aliments, etc., a profondément déstabilisé le tissu socio-économique du Vieux Continent. Cet afflux massif a engendré un rapport de force inédit, où le commerce était une nécessité vitale à la subsistance des populations, à une course au profit effrénée. Forcément, à ce moment-là, cette donne inédite n'avait pas pris de telles proportions. Mais elle était déjà en germe. Et c'est avec les débuts de l'Industrialisation, couplée avec celles de la Colonisation, qu'elle s'est démultipliée jusqu'à recouvrir la totalité des facettes de l'existence d'un être humain, où qu'il habite. Pire encore, avec les débuts de l'Ère Industrielle est apparu un phénomène dont nous n'avons pris conscience que dans le dernier tiers du 20ème siècle : cette hyper-économie monstrueuse, dévorante, s'est métamorphosée en fléau. Elle met en danger notre écosystème dont nous dépendons tant. L'épuisement des ressources naturelles, la pollution de l'eau, de la terre, de l'air, la déforestation, n'en sont que les conséquences les plus extrêmes. Sauf que celles-ci sont, contrairement aux révolutions, aux guerres, à la pauvreté, etc., irréversibles. Elle a conduit notre Société néocapitaliste, technologiquement soumise, individualiste, amnésique, adepte du culte de l'apparence, de compétition, et de consommation immodérée, dans une impasse. Une impasse que ni les politiques de Droite ou de Gauche n'ont réussi à nous sortir depuis quarante ans qu'ils se succèdent à la tête du pays. Une impasse qui a jeté bon nombre de concitoyens du territoire national ou européen dans les bras de l'extrémisme religieux – Islamisme – ou idéologique – Front National.

La mainmise des multinationales sur l'ensemble des aspects de notre vie quotidienne n'est donc que l'aboutissement de ce processus autodestructeur. Et ce qui, au départ, était un mécanisme destiné à faciliter les échanges entre les hommes, entre les cités, entre les provinces, entre les nations, puis finalement, entre les conglomérats continentaux, est devenu le fondement même de notre Civilisation Occidentale. Quitte à la détourner de ses idéaux humanistes issus du Siècle des Lumières et de l'aspiration à la liberté chère aux Pères de la Révolution Française, ces multinationales nous ont transformés en esclaves.

Mais ne nous y trompons pas. Si celles-ci ont prospéré, c'est que, depuis le début du 19ème siècle, elles ont répondu à une demande. Une demande de davantage de confort, de davantage de prospérité, de davantage d'aisance dans l'accès au Savoir, à l'Instruction, à l'abondance alimentaire, à la médecine, etc. Cette exigence de ce droit pour le plus grand nombre, en soi, est louable. Mais, inévitablement, elle entraîne des dérives. Après les Grandes Découvertes et les débuts de la Colonisation des Amériques, de l'Afrique, de l'Asie, par les européens, le niveau de vie s'est progressivement élevé, que ce soit en France ou sur l'ensemble du Vieux Continent. Cela ne s'est pas produit en un jour. Cependant, malgré les soubresauts de l'Histoire, durant cette période, disettes, famines, épidémies, pauvretés, se sont résorbées. Les miséreux ont toujours continué d'exister – nous ne sommes pas dans un monde idéal -, mais à un degré moindre. Et si cela a été possible, c'est qu'avec l'Industrialisation, ce qui était autrefois accessible qu'à une élite, qu'à des privilégiés, s'est propagé dans toutes les couches de la Société. Nous en avons pleinement récolté les fruits au cours des « Trente Glorieuses ».

Or, toute médaille à un revers : c'est parce que cette croissance a été continue, que ces sociétés que l'on n'appelait pas encore « multinationales » se sont développées. Elles ont permis de produire des biens de consommations, de rendre la nourriture plus foisonnante, plus diversifiée, ou provenant de contrées de plus en plus lointaines, par exemple. Elles se sont installées partout où les ressources étaient exploitables. Elles ont modifié leur environnement afin d'en tirer le maximum. Elles les ont transformées, importées, négociées. Pendant longtemps, ce sont de petits commerces, qui les ont distribuées aux consommateurs. Puis, à l'orée du 20ème siècle avec l'apparition des « Grands Magasins », et surtout à partir des années cinquante, les « supermarchés » et les « hypermarchés » ont fait leur apparition avant de s'imposer définitivement. Toujours une question de rentabilité.

Il y a un autre aspect à prendre en considération également : cette croissance s'est faite au détriment des peuples autochtones. Forte de sa suprématie militaire et technologique, l'Europe, et après la fin de la Seconde Guerre Mondiale les États-Unis, ont imposé leur protectorat aux trois-quarts des territoires émergés de la planète. Des populations qui, jusqu'alors, n'avaient eu que très peu de contact avec le reste du monde ont, du jour au lendemain, été projetées dans un univers qui n'avait rien de commun avec ce qu'elles avaient connues jusqu'alors. Leurs coutumes, leurs traditions, leurs souverainetés, leurs autorités, ont été malmenées, bafouées, renversées. Pire, elles ont été annexées, opprimées, vassalisées, déportées. De la fin du 15ème siècle au tournant des années soixante, la Colonisation a entraîné la destruction ou l'asservissement de communautés entières.

Des Antilles aux deux Amériques, et parfois ailleurs, esclaves de toutes origines ont été chassés de leurs territoires originels. Ils ont été déplacés, soumis à l'esclavage, puis, après son abolition, à la ségrégation raciale – États-Unis, Afrique du Sud, etc. Des maladies jusqu'alors inconnues chez eux y ont été importées et y ont décimées des millions de natifs. Alors que les européens s'enrichissaient, prospéraient, ces populations étaient en outre considérées, le plus souvent, par leurs « maîtres blancs » comme des biens meubles. Celles-ci pouvaient être vendues, échangées, offertes comme cadeaux. Alors qu'en Occident, la liberté, l'égalité, la fraternité, étaient des droits inaliénables mis en avant par les masses afin d'accéder à une vie plus juste, plus heureuse, plus épanouie, et plus confortable.

Ce n'est pas un reproche. Mais il est utile et nécessaire de remettre les faits en perspective. Toutefois, il ne faut jamais oublier que c'est sur le dos de ces populations que l'opulence dont l'Occident bénéficie s'est construite. Et si, aujourd'hui, en France ou ailleurs en Europe, nous avons la possibilité de nous nourrir convenablement, de nous vêtir, de nous déplacer facilement, entre autres, c'est aussi – pas seulement, mais aussi – pour cette raison. En outre, il ne faut pas oublier non plus que, durant la Première et la Seconde Guerre Mondiale, ces peuples autochtones ont participé à l'effort collectif contre les Empires centraux ou les forces de l'Axe. Après ces deux conflits majeurs, il était vital de relever le plus rapidement possible l'Europe de ses ruines. Face à une URSS toute puissante du fait de sa victoire sur le Nazisme, les USA ont eu besoin d'une Europe en pleine possession de ses moyens. La reconstruction a été financée par le « Plan Marshall ». Elle a pu également s'accomplir parce que les pays sous tutelle européenne depuis longtemps y ont envoyé nombre de leurs ressortissants afin d'y contribuer. Et c'est ainsi qu'elle a connu un développement économique, une croissance, sans précédent. C'est ainsi que l'accès à l'Éducation, à la Santé, aux Loisirs, à la Technologie, à la Propriété, aux biens de consommations, etc., lui a été facilité.

Le malheur est qu'aussitôt arrivés, on a logé cette première vague de « Migrants » au sein de cités situées en marge de nos grandes métropoles. On les y a parqués. On les a utilisés comme main d'œuvre bon marché et corvéable à merci. On les a employés pour les travaux les plus pénibles, les plus dégradants, les moins bien payés. Après les avoir ghettoïsés, on a facilité leur regroupement familial afin qu'ils ne soient pas tentés de rentrer chez eux ; et ils ont engendré une descendance. Après l'indépendance de leurs pays d'origine, la grande majorité d'entre eux sont restés. Non seulement parce qu'ils étaient encore utiles, mais aussi parce que, même si leur salaire était moindre que les « bons blancs bien de chez nous », ceux-ci étaient largement plus élevés que là-bas.

Par contre, après la fin des Trente Glorieuses et le début des Années de Crise, on s'en est détourné. Alors que nos Colonies accédaient à l'indépendance les unes après les autres, les « bons blancs bien de chez nous » ont commencé à les considérer comme des intrus. Des intrus qui « volaient » désormais le travail des métropolitains : « Après tout, selon ces « bons blancs bien de chez nous », si le travail manque, c'est de leur faute. Car c'est forcément toujours de la faute de « l'autre », de celui qui n'est pas comme nous. ». Ces « français de seconde zone » étaient devenus des importuns. D'autant plus qu'acculés à la pauvreté endémique, leurs enfants, leurs petits-enfants, se sont sentis de plus en plus exclus d'une communauté. Assujettis à un esclavage moderne qui ne disait pas son nom, livrés aux « marchands de sommeil », ils se sont raccrochés à leur bien le plus précieux : leurs traditions, leur religion, leur identité originelle. Pour subsister, et puisque sans ressources, ils ont sombré dans la délinquance, dans les trafics en tout genre – de drogue et d'armes, en particulier -, et qu'ils se sont radicalisés en matière de religion ; j'y reviendrai plus tard.

Portant sur leurs épaules tout le poids de l'omnipotence occidentale accumulée depuis plusieurs siècles, il ne pouvait en être autrement. Aujourd'hui, nous, occidentaux, en subissons les conséquences. Ce qui est d'autant plus regrettable, n'en déplaise aux racistes les plus convaincus – qui sont éventuellement aussi les plus farouches partisans du Front National -, que nous sommes tous d'une façon ou d'une autre des « Enfants d'Immigrés ». Que ce sang soit slave à la suite des invasions « normandes » des Xème et XIème siècles, qu'il soit issu des migrations s'étant propagées après la fin de la Première Guerre Mondiale – Italiens, Polonais, Portugais, Espagnols -, qu'il soit « Arabe » et issu des invasions musulmanes du Sud de l'Europe jusqu'au premier tiers du VIIIème siècle après J.C., nul n'y a échappé. C'est ce qui fait la richesse et la spécificité culturelle de notre nation. Ceux et celles qui affirmeront le contraire sont, soit des ignorants de leur propre Histoire, soit des aveugles qui préfèrent nier l'évidence que d'accepter la réalité.

Le plus terrible pourtant, c'est que, même après l'indépendance des anciennes Colonies, l'Europe a continué de leur imposer son diktat. C'est que ces français extra-européens sont toujours vus comme des étrangers. C'est que, malgré le fait que, sur leur carte d'identité, la mention « Français » soit écrite en toutes lettres, il leur sera éminemment plus difficile d'accéder à un emploi qualifié que n'importe qui d'autre. Et, qu'à partir de là, l'accès à un logement décent, à la société de consommation, au crédit, aux hautes études, etc., soit une gageure. Beaucoup s'y sont cassé les dents et sont irrémédiablement condamnés à rester cloîtrés aux marges de nos métropoles.

Cynisme suprême, c'est que leurs pays d'origine continuent d'être exploités sans vergogne par nos multinationales.

C'est que, sous couvert d'accords diplomatiques, elles spolient les richesses – pétrole, or, argent, minerais, gaz, etc. - de ces contrées pour leur seul profit. Sans en faire bénéficier les locaux ; voire, en polluant leurs sols, leurs cours d'eau, ou en détruisant leur faune et leur flore. C'est qu'elles s'appuient sur nos Gouvernants afin de protéger des despotes détournant les dividendes censés revenir à ces natifs. C'est que, lorsqu'une guerre civile ou une révolution s'y déclenche – c'est périodiquement le cas -, nos politiques ou nos grandes entreprises n'hésitent pas à vendre armes et équipements militaires aux partis qui s'affrontent. C'est qu'une fois la paix rétablie, nos industriels se précipitent sur place pour remporter les plus gros contrats possible afin de reconstruire le pays. L'Occident est un prédateur dont ses multinationales le nourrissent. Les occidentaux sont soumis à ces dernières, mais sont avides des produits manufacturés qu'elles leur proposent. Ils sont à la fois victimes et bourreaux. Ils sont en demande de ce qu'elles leur vendent, et ils protestent contre leur prépondérance. Ils refusent leur impérialisme, leur violence, leur emprise, mais ils sont dépendants du néocapitalisme, de l'hyper-consommation, qu'elles occasionnent. Ils sont écœurés par les massacres, par les conflits, par les totalitarismes dont les habitants des pays qu'ils visitent où dans lesquels ils partent en vacances sont victimes, mais ils refusent de partager leurs acquis, de leur venir en aide, lorsqu'ils en ont besoin.

La preuve la plus flagrante, c'est le pétrole. Depuis le début du 20ème siècle, l'Occident est de plus en plus dépendant de cette matière première. Depuis les années 1950, elle est devenue un enjeu stratégique vital pour nos sociétés. Et depuis l'aube du 21ème siècle, les pays en voie de développement que sont la Chine, les pays du sud-est asiatique, le Brésil, etc., sont en concurrence directe et frontale avec nous pour s'approprier ces ressources. Du fait de l'élévation progressif du niveau de vie de ces contrées, leurs populations sont devenues, tout comme nous, avides de consommation. Et le secteur de l'énergie dépendant en grande partie du pétrole, est directement concerné : nos moyens de transports, nombre de nos objets du quotidien nécessitent de grande quantité de pétrole. Or celui-ci n'est abondant qu'en certains endroits du globe. En outre, il n'est pas infini, et avec l'arrivée sur le marché de ces nouveaux concurrents, ses réserves s'épuisent de plus en plus vite. Certains experts affirment en effet qu'elles seront pratiquement toutes écoulées, au plus tard, d'ici la fin de ce siècle.

Les pays du Moyen-Orient en détiennent d'abondantes réserves ; les plus importantes aisément disponibles. C'est ce qui fait la fortune des États du Golfe. C'est aussi une situation ironique et cynique dont l'Histoire est si gourmande : il s'agit de territoires jadis sous tutelle de l'Occident, et considérés alors par lui comme peuplés « d'inférieurs ». Des territoires dont les profits sont tels que, sachant que leurs ressources ne sont pas éternelles, réinjectent leurs bénéfices dans des pans entiers de notre économie. Ils les capitalisent en les introduisant en bourse, que ce soit à Paris, à Londres, à New-York ou à Tokyo. Parallèlement, ils prennent possession d'industries, d'entreprises, de sociétés, de clubs de sport, etc. Afin de les rentabiliser au maximum, ils en délocalisent la majeure partie dans des pays en voie de développement où le coût de la main d'œuvre est moins élevé. Ils participent à leur croissance phénoménale en s'affranchissant souvent des législations occidentales sur le droit du travail. Ils emploient des millions d'ouvriers dans le seul but d'exporter des produits manufacturés à bas coût en Occident. Où, comme je l'ai déjà spécifié plus haut, nos citoyens sont en demande de denrées toujours moins onéreuses. Et où la conséquence directe est que les emplois dans des firmes nécessitant autrefois beaucoup d'employés, disparaissent de plus en plus vite depuis une quarantaine d'années. C'est d'ailleurs pour ces raisons cités ci-dessus que le monde ouvrier, et dans une moindre mesure agricole, est inévitablement amené à s'éteindre en Europe : trop coûteux, pas assez rentable, alors que dans les anciens pays de l'Est, alors qu'en Asie, son prix de revient est moindre. C'est malheureux, c'est terrifiant, c'est monstrueux même, j'en conviens. Mais en ayant une vision purement économique des choses, dans un univers ultra-capitaliste tel que celui auquel nous sommes attachés, c'est normal. L'humain n'y a pas sa place. Ces États du Golfe, cette Asie qui ont longtemps été nos Colonies, nous renvoient ainsi, en quelque sorte, la monnaie de notre pièce.

Dans ce contexte, il est donc vital pour notre économie, pour nos industries, pour notre mode de vie, de contrôler ces pays à fort rendement et leurs richesses. C'est une nécessité absolue de s'accorder avec les États du Golfe, de les protéger militairement de toute tentative d'annexion venue de l'extérieur – première guerre du Golfe. Il est essentiel d'y renforcer nos positions – deuxième guerre du Golfe -, quitte à y déstabiliser pour longtemps les pouvoirs en place. Ajouté à cela, les conflits régionaux qui y sont apparus depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et la naissance de l'État d'Israël, les conflits ethniques – les dissensions israélo-palestiniennes ; les dissensions israélo-arabes - ou religieux qui s'y sont multipliés depuis cette époque, et on saisit pourquoi cette partie du monde s'est transformée en artère que se disputent en permanence les Grandes Puissances. La Guerre du Kippour, la Guerre des Six Jours, la Guerre du Liban, plus récemment, la Guerre de Libye – ont été déclenchées, le plus souvent, pour des raisons à la fois idéologiques et économiques. La deuxième Guerre du Golfe en est l'exemple le plus frappant. Si Georges W. Bush a pris pour prétexte que Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive pour attaquer l'Irak, c'était davantage pour s'accaparer les puits de pétrole disséminés sur son sol, que pour renverser un régime, certes autocrate et dictatorial, mais qui maintenait la région dans une relative stabilité.

Fait inédit concernant ce dernier exemple, l'irruption d'Internet. Avec cet outil de communication, les rapports de force ont évolués. Ces guerres idéologiques, politiques, financières ou militaires dont les enjeux étaient jadis connus de nos Gouvernants et des multinationales qui en récoltaient les fruits, sont accessibles à tous. Les journaux, la télévision, avant Internet, étaient les principaux interlocuteurs de nos politiques et de nos industriels engagés dans ces bras de fer économiques et géostratégiques. Ils pouvaient censurer les informations avant qu'elles ne soient communiquées au grand public. Ils étaient susceptibles de les contrôler, de les transformer en propagande propice à leurs intérêts. Aujourd'hui, Internet a modifié la donne. Evidemment, le prosélytisme, l'endoctrinement et la désinformation sont toujours présentes. Mais, aussi, chacun peut propager ses propres avis, ses propres vidéos, ses propres directives, ses propres dépêches, etc. De plus en plus régulièrement, les informations issues des points les plus chauds de la planète nous parviennent quasiment en direct, via Internet et les réseaux sociaux. Même dans le point le plus éloigné ou le plus inaccessible du globe, via son smartphone, son téléphone, sa tablette ou son ordinateur portable, n'importe quel individu est capable de publier photos, films, textes, évoquant les événements auxquels il vient d'assister. Les populations autrefois isolées, muselées, bridées, réprimées, ont la possibilité de faire entendre leur voix. Elles mènent leurs combats en se servant de la Toile pour faire pression sur leurs oppresseurs. Nous en avons été les témoins lors du « Printemps Arabe » de 2011 notamment.

Cependant, ce média a permis à ces nations naguère sous tutelle de l'Occident, de la profusion de biens, du niveau de vie extrêmement élevé comparé au leur, de la protection sociale, etc. y demeurant. Les « Migrants » issus de ces territoires se sont expatriés en Europe dans les années cinquante et soixante dans l'unique but d'y travailler. Leurs enfants toujours sur place, eux, grâce à Internet, ont conscience de ce que nous nous sommes appropriés à leur dépend. Plus instruits, mieux éduqués qu'auparavant, ils sont au courant de ce dont nous les avons spoliés depuis des siècles. Ils se souviennent que leurs grands-parents ou leurs ancêtres, il n'y a pas si longtemps, ont été victimes de la suprématie occidentale. Ils se souviennent également, ainsi que je l'ai longuement expliqué plus haut, qu'ils ont été soumis à l'esclavage, déportés, humiliés, exterminés. Ils voient encore ceux résidant en Europe depuis deux ou trois générations ghettoïsés, regardés comme des importuns, des voleurs d'emploi, des assistés aux allocations familiales ; en somme, comme des « citoyens de seconde zone ». Ils voient leur religion, leurs traditions, bafouées, en proie au racisme ordinaire. Ils voient leurs terres, leurs cours d'eau, leurs forêts, pollués par des multinationales sans scrupules. Ils se disent qu'une fois encore, comme à l'époque de la Colonisation, ils sont les oubliés du progrès et de la Civilisation.

Dès lors, lorsqu'ils se rendent compte que rien ne change, ils se radicalisent. Ainsi, dans nos banlieues, des personnes qui, dans d'autres circonstances, n'auraient pas grand-chose à reprocher à leur pays d'adoption, se détournent des lois de la République. Ils refusent la laïcité, se réfugient dans l'extrémisme religieux. Ils se replient sur eux même, en viennent à haïr un modèle social qui a fait d'eux des exclus. Résultat : flambées de violence régulières, émeutes en 2005, refus de l'autorité de l'État, y compris dans l'aide que ce dernier est susceptible de leur apporter – médecins, pompiers, écoles, etc. Comme pour survivre, un certain nombre se transforme en délinquants dès leur plus jeune âge. Ils se retrouvent en prison, sous la férule de grands frères qui leur lavent le cerveau afin de les enrôler dans leur Croisade contre l'Occident impérialiste. Ils y croisent des « français de souche » perdus, ne se reconnaissant plus dans un système les poussant à la misère. Ils y tissent des liens avec des personnes en recherche d'un idéal, d'un espoir en autre chose. Et, tel un effet boule de neige, ils les gagnent à leur cause.


Je crois que le point de rupture a été atteint du fait d'un événement, à première vue, sans aucun lien avec les tensions actuelles. Mais, ce n'est qu'en apparence. Car, je suis convaincu qu'il a cristallisé tout ce que j'ai exprimé jusqu'ici. Il a été le détonateur ayant mis au jour la frustration, le ressentiment, et l'exaspération de ces peuples. Il a été marqué par plusieurs bouleversements successifs : le premier s'est produit en Iran en 1979, avec la chute du Shah. Il a été le dernier d'une longue lignée de monarques ayant gouverné l'ancien empire Perse. Et, durant tout son règne, celui-ci a été soutenu par l'Occident. La raison principale de ce soutien : encore et toujours le pétrole. C'est l'Ayatollah Khomeini et le « régime des Mollah » qui lui a succédé. La Révolution Islamique en marche, rien ne l'a stoppée. Et aujourd'hui, bien que les tensions entre l'Iran et l'Occident se soient légèrement atténuées, elles demeurent. Le second, c'est la conquête de l'Afghanistan par les troupes Soviétiques quelques mois plus tard. Nous étions alors à l'aube de la dernière décennie de la « Guerre Froide ». L'extension de la domination communiste vers l'Est a été perçue comme un danger par l'Occident ; et en particulier, par les États-Unis. Il faut se souvenir que les USA étaient sortis de la guerre du Vietnam quatre ans auparavant. Ils avaient été contraints de quitter le Sud-Est asiatique sans avoir pu faire reculer le communisme. Il était vital pour les intérêts géostratégiques de cette superpuissance, que le communisme n'étende pas également son emprise sur l'Afghanistan. Dès lors, ils ont commencé à financer l'ensemble des groupes rebelles empêchant l'URSS de s'y implanter fermement. Parmi ceux-ci, ils ont fourni soutien logistique et militaire à un dénommé Oussama Ben Laden ; un expatrié saoudien à la famille richissime, qui souhaitait faire de ce pays un État Islamique radical ressemblant à celui de l'Iran. De 1989 à 1991, avec l'effondrement du bloc communiste, les russes ont fini par se retirer l'Afghanistan. Y abandonnant armes, munitions, j'en passe, ce sont les « Talibans » et Ben Laden qui se sont emparés, à la fois du pays et de l'arsenal militaire qui y pullulait. Et ils y ont fondé, comme ils le désiraient, cet État prônant le retour à un Islam pur, en accord avec les préceptes édictés par le Prophète de son vivant. On connaît la suite : asservissement de la femme contrainte de porter la burqa presque en permanence, police religieuse, interdiction de l'école, de la musique, du cinéma, de l'alcool, etc. Puis, attentats du 11 Septembre 2001, guerre d'Afghanistan, éclatement d'Al Qaida, dispersion de nombre de ses membres fondant à leur tour des groupes armés Islamistes dans l'ensemble du Maghreb, et jusqu'au Mali.

C'est avec la guerre d'Irak menée par Georges W. Bush que l'enracinement de ceux-ci dans un pays en proie au chaos le plus total s'est effectué. Après le départ des troupes américaines, il était évident que le pouvoir reviendrait à celui qui aurait la force de frappe militaire adéquate pour s'en emparer. Or, chacun savait que ce ne serait pas l'armée Irakienne formée par les soldats américains, qui parviendrait à maintenir la cohésion nationale. Le pays s'est fractionné en d'innombrables entités relevant parfois des bandits de grand chemin, parfois en escouades déterminées à faire de l'Irak un nouveau Califat tel que celui rêvé du temps de l'Afghanistan des Talibans.

Et, en 2011, un vent de liberté et d'espoir a soufflé sur l'ensemble du Proche-Orient. Le Printemps Arabe a soufflé de la Tunisie à l'Égypte. Il a renversé les dictateurs en place depuis des décennies. L'Occident, qui les soutenait parce qu'ils étaient gage de stabilité et qu'ils offraient aux multinationales européennes et américaines la possibilité d'en exploiter les ressources aisément, se sont détournés d'eux lorsqu'il a compris que le peuple avait tranché. Celui-ci ne voulait plus de ces autocrates, et si l'Occident voulait maintenir ses intérêts sur place, il devait s'accommoder des nouveaux pouvoirs en place.

Peu de temps, pour finir de déstabiliser complètement le Proche et le Moyen-Orient – de l'Irak à la Tunisie -, la France a soutenu et aidé les insurgés libyens qui se sont soulevé contre le colonel Khadafi et son régime dictatorial. Cette insurrection, en droite ligne des révolutions menées au cours du Printemps Arabe, a fragilisé davantage encore la région. Avant, qu'à leur tour, ce soient les syriens qui se lèvent en masse afin de tenter de chasser Bachar El-Assad de son « trône ».

Malheureusement, que ce soit dans le cas de l'Irak, de la Libye ou de la Syrie, les révolutions n'ont pas eu le même succès – relatif – qu'en Tunisie ou en Égypte. L'effondrement de ces dictatures a laissé le champ libre aux groupuscules Islamistes qui y avaient émigré plus ou moins récemment. En Libye, en Égypte, en Tunisie, ils ont essayé de s'approprier les gouvernements provisoires, mais sans succès. Certes, des instances gouvernementales sévères rattachées à l'Armée ont rétabli l'ordre. Toutefois, ils restent fragile. D'autant plus que les pays limitrophes aux leurs n'ont pas retrouvé leur stabilité d'antan. Au contraire, les groupes Islamistes s'y sont développés. Ils s'y sont organisés, endurcis. Usant des ressources phénoménales en pétrole dont ils sont les détenteurs, ils les font fructifier. Malgré l'embargo occidental, ils trouvent les moyens de les exporter en Europe ou ailleurs afin de se financer. C'est ainsi que Daesh et l'État Islamique à cheval sur l'Irak et la Syrie a pu naître, s'affermir, s'étoffer. C'est ainsi qu'il a pu constituer une armée puissante, possédant des équipements militaires aptes à refouler leurs ennemis. Pire, qui lui a permis d'élargir son Califat aux trois-quarts de l'Irak et à la moitié de la Syrie. C'est pour cela qu'il a utilisé Internet et les réseaux sociaux afin d'embrigader des européens de toutes origines et de toutes conditions sociales. Des européens, comme je l'ai expliqué plus haut, qui, sont déçus du modèle de société ultra-capitaliste. Des européens qui sont perdus dans un univers où l'économie n'est plus au service de l'être humain, mais où l'être humain est devenu l'esclave de la finance, des multinationales, et de la mondialisation. Des européens qui cherchent un idéal en se radicalisant autant que certains des enfants de Migrants des années soixante s'étant tourné vers l'Islamisme en désespoir de cause. Des européens qui, comme ces enfants de Migrants, en sont venus à haïr leur pays parce que celui-ci n'aura pas su la faire échapper à la précarité, à la pauvreté, au chômage, etc. Des européens qui, conscients, eux aussi, du fossé se creusant toujours davantage entre riches et pauvres, réalisent que, quoiqu'ils feront, quels que soient leurs efforts pour essayer de s'en sortir, voient que ce sont toujours les mêmes qui profitent du système.

Or, alors que ces européens et ces enfants de Migrants rejoignent de plus en plus massivement Daesh et les rangs de l'Islamisme radical dans le but de trouver un sens à leur vie, leurs victimes s'imaginent que l'Europe est un Eldorado. Alors que ces Islamistes n'ont jamais pardonné à l'Occident les humiliations de l'esclavage, de la Colonisation, de l'exploitation à outrance des ressources naturelles de leurs pays, de la pollution de leurs terres, de leurs cours d'eau, par ce même Occident, leurs victimes s'imaginent que leur moyen de survie se trouve en Europe. Alors que ces Islamistes tuent, torturent, anéantissent des populations entières, celles-ci s'imaginent que le seul moyen d'échapper à leur vindicte est de « migrer » en Europe. Lorsqu'elles surfent sur Internet, quand elles regardent la télévision, elles découvrent une Europe riche, florissante, où les gens sont biens nourris, où les gens ont un logement décent, un emploi bien rémunéré, des loisirs, l'accès à l'éducation, etc. Ils n'envisagent en aucun cas que ce qu'ils contemplent n'est qu'une chimère. Qu'il y a des pauvres, des indigents, des SDF. Pour eux, c'est inenvisageable. Et puis, aussi, il est naturel que l'Europe les accueille, après tous ses siècles où ils ont été soumis à elle. Tous ces siècles où elle les a utilisés comme main d'œuvre, où elle les a déportés afin de faire fructifier son économie, ses richesses. Après qu'ils l'aient aidés à se débarrasser du Nazisme.

De toute façon, pour ces victimes de Daesh, c'est une question de vie ou de mort.

Elles n'ont pas le choix : c'est mourir dans leur pays, ou migrer pour tenter de se reconstruite une existence dans des contrées où il n'y a pas de guerre, où, selon elles, elles pourront subsister décemment. Et, comme lors de la grande migration qui a accompagnée l'avancée des troupes Nazies lors de la débâcle de 1940, elles fuient vers un territoire où elles sont certaines de trouver paix et prospérité. Et comme quand la « France libre » s'est réfugiée en Afrique du Nord afin de se préparer à reconquérir sa liberté, et qu'elle l'a hébergée, ses ressortissants sont persuadés qu'elle – et les autres pays de la Communauté Européenne - leur offrira l'hospitalité.


Une dernière chose pour conclure : actuellement, 500 000 réfugiés d'Irak, de Syrie, d'Afghanistan, etc., errent sur les routes d'Europe de l'Est pour atteindre la Terre Promise – l'Allemagne, l'Angleterre, l'Autriche, etc. Mais ne nous leurrons pas : avec le réchauffement climatique, les bouleversements écologiques vont se multiplier. Comme j'ai essayé de le démontrer tout le long de ce texte, si nous en sommes arrivés à de telles extrémités, la faute en incombe presque exclusivement à l'Occident. Depuis 1492 et le début des « Grandes Découvertes », l'Occidental s'est toujours considéré comme supérieur aux autres populations du globe – le « bon blanc bien de chez nous ». Il les a colonisées, soumises, exploitées ; il s'est approprié leurs terres, leurs richesses, les a transformées en esclaves. Il a fondé son économie, son mode de vie, accédé à un confort inégalé dans l'Histoire de l'Humanité, en faisant porter le poids sur des peuples maintenus dans l'ignorance et l'assujettissement. Et ce, au nom d'une seule doctrine : la nature a donné la possibilité à l'Occidental de dominer. Elle lui a donné la possibilité d'imposer sa loi, sa prééminence partout et sur toute chose. Elle lui a permis de la dompter, de la domestiquer, de la corriger, aux dépends de ceux qui y étaient établis depuis des centaines ou des milliers d'années. Jusqu'à la rendre impropre à la vie et à la détruire, l'Occidental poursuit son œuvre. Même sachant que cette voie le mène non seulement à une impasse, mais également à l'anéantissement de sa propre espèce, il s'entête dans ses erreurs. Aujourd'hui, ces 500 000 réfugiés ne sont donc les prémisses de centaines de milliers, de millions d'autres qui seront tôt ou tard poussés à l'exode du fait des dégâts causés par l'Occidental à l'ensemble de la planète. Et vous qui vous plaignez des conséquences sur vos vies du drame en cours, n'oubliez jamais que vous et vos ancêtres en êtes les uniques responsables...

Dominique

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