Mille plumes pour Noël

Cristina Wells

Les fêtes de fin d'année approchant, Marc et Bénédicte Madien résidant en région parisienne, préparaient avec précision et envie leur menu de Noël pour leurs triplés âgés de 9 ans,  mais aussi pour les sœurs jumelles de Bénédicte qui venaient depuis Toulon fêter Noël avec eux. Voulant que tout soit réussi, Marc avait pris le soin d'acheter en amont un très grand sapin de Noël et avait choisi les couleurs or et argent. Pour la table, Bénédicte s'en était occupée et s'était dirigée vers des couleurs rouge et blanc. Aimant l'ordre et l'harmonie, la décoration s'opéra de manière chirurgicale, le père n'avait qu'à parler, les enfants lui obéissaient au doigt et à l'œil et avaient le sens de la complicité. Bénédicte qui s'attelait de pied ferme en cuisine, préparait un menu assez copieux, tout ce petit monde n'allait pas mourir de faim, au programme : huitres, escargots, saumon, chapon et pommes de terre, fromage et buche maison, quand tout fût prêt, elle s'en alla préparer sa table, elle mit à l'honneur son grand service de table en porcelaine. Pour donner de la couleur, elle ajouta du houx marquant ainsi la joie et le bonheur. Les heures avancèrent à grands pas, on arriva vite vers les vingt heures. Tout à coup, on sonna à la porte, aucun doute, c'était les jumelles pendant que Marc alla ouvrir, les enfants le suivirent et se tinrent droits comme des « I », derrière lui. A la vue des enfants, tantes Jeanne et Mathilde laissèrent exploser leurs joies en leur inondant de bisous et de friandises, Marc qui voulait connaitre en avance le cadeau pour ses enfants leur demanda, en douce Jeanne lui annonça :

- J'ai mille plumes.

- Comment ça mille plumes ! Tu veux sans doute dire trois plumes.

- Jeanne veut te dire qu'elle a trouvé 3 livres dont l'éditeur est Mille plumes.

- Merci Mathilde, heureusement que tu es là. Que raconte l'histoire ?

Jeanne ouvrit son sac mais très vite fit une tête d'enterrement. Que c'était-il passé !

- Mathilde, nous avons un souci….

- Ne me dit pas que tu as….

- Enfin, allez-vous me dire ce qui se passe !

- Oui, Marc. Jeanne à mon avis a oublié d'acheter les deux autres livres.

- C'est une blague ! Nous avons trois enfants.

- Marc, je suis confuse, impossible de faire demi-tour.

La nouvelle était plus que tragique, tout était en train de s'ébranler et aucune solution ne pouvait être donnée. Marc prévint de suite Bénédicte, qui comme à son habitude tenta de rassurer tout le monde, en disant que cela n'était pas si grave que cela, ce qui comptait, c'était le geste. N'osant rien dire aux enfants, le repas se déroula dans la joie et le partage, mais les enfants comptaient bien ouvrir le cadeau des tantes !  Comme ils insistèrent, Jeanne qui n'en était pas à ses loupés légendaires donna comme réponse :

-  Les enfants, cette année sera spéciale, il faudra apprendre le partage. Je vous invite à vous mettre devant le sapin, surtout restez très serrés et gardez les yeux fermés.

Effectivement, pour supporter le choc, il fallait plutôt avoir les yeux fermés, Jeanne prit un air dégagé et déposa le livre sur les trois petites mains tendues en avant. Très vite, les enfants ouvrirent leurs yeux et découvrirent avec stupéfaction, un seul et unique paquet ! Ce qui devait arriver, arriva, les enfants se mirent à pleurer ! Jeanne qui avait réponse à tout leur dit :

- Les enfants, cessez de pleurer, ouvrez le paquet, grâce à moi, vous allez apprendre le partage, mille plumes rien que pour vous ! Joyeux Noel !

Mais rien à faire, les enfants continuaient d'hurler, il fallait faire cesser ce capharnaüm, aussi, leur mère arriva et tenta à sa manière de reprendre le dessus en les calmant et leur donna du chocolat. Une fois les enfants calmés, chacun retourna à table sauf nos triplés qui eux, virent d'un seul coup dans le livre, une idée ludique et avantageuse pour tous. Ceux-ci espiègles, avaient trouvé le subterfuge de partager leur livre. En effet, puisqu'il n'y en avait qu'un, le seul et unique moyen était de le disperser ainsi, chacun d'entre eux se mit à déchirer soigneusement les pages et firent la distribution, on pouvait entendre de loin :

- Une pour toi, une pour moi……..

- Plus vite !

- D'accord, deux pour toi, deux pour moi…..

Et pour couronner le tout, les enfants s'étaient amusés à couper chaque feuille en deux, ce n'était plus un livre, c'était un étendard de papier, qui passait pour l'instant inaperçu aux yeux des adultes. Mais leurs rires incessants furent en réalité leurs trahisons, car ceux-ci  découvrirent très vite le carnage, les enfants répondirent avec un aplomb :

-  Puisque nous n'avons qu'un seul livre pour les trois, nous avons partagé le plaisir, comme cela, nous en avons plus !

Marc rouge de colère s'apprêta à leur donner une leçon, quand Jeanne arriva à la rescousse et renchérit par les mots suivants :

-  En fait, soyons satisfaits, après mille plumes, nous avons mille bouts de papiers !

-  Jeanne, cela va être difficile pour lire !

- Marc, j'ai une idée.

-  Oui Mathilde.

-  Faisons un patchwork AINSI nous aurons une envolée  de plumes et de mots.

Les enfants trouvant l'idée géniale, insistèrent pour qu'on puisse les aider. C'est ainsi à mi-chemin entre la bûche de Noël et la messe de minuit que l'envolée de plumes se réalisa pour le bonheur des enfants. Au bout de quelques heures, Marc accrocha au mur le chef d'œuvre. Les jumelles avaient réussi sans le savoir à faire de leur seul cadeau, un présent bel et bien unique.

 

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