Moi génie sans lampe

amaury-deville

Petites angoisses du beau parleur superficiel

Moi petit génie, je crapote et je t'enfume de ma petite idée. Je joue l'esbroufe, je te la souffle, et tu n'y vois que fumée. Je suis un génie, m'a t'on dit, mais sans bouteille, la lotion reste au fond de mon lit. Plein d'idées, pleins de fantasmes mais rien ne se passe. Un coup à droite, un coup à gauche, le curseur zigzague ne sachant par quel pied danser. Ma réflexion bouillit, je réfléchis, je retourne mon propos, je le mâche à l'infini, je propose mais quand il faut que j'impose, il manque ma lampe de génie pour ne pas faire un pli.

Pourquoi tant d'idée jamais abouties ? Je suis le roi pour émettre, l'esclave pour agir. Je ne fonctionne que par obligation, besoin mécanique d'encouragements pour aboutir.

Chaque jour qui passe, j'en profite pour faire évaluer ma chimère et me faire juge de la réaction de mon interlocuteur. Habile, je lui joue de la flûte et lui fait tourner la tête jusqu'à ce qu'il acquiesce. C'est alors l'impasse, j'ai le béton pour bâtir quand il me manque l'ouvrier pour agir. Mon idée marche sur des cailloux, s'impatiente d'arpenter la route de la transformation. Mais il me manque cette foutue lampe, me permettant d'exaucer mon vœux le plus magique. Celui de la réalisation.

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