mon ami de misère
moindremal
Ami, je pense à toi comme tombent les feuilles.
Sur le pas de ta porte reste l’ombre du deuil.
Ami, son souvenir me trempe comme neige.
De loin, je te devine, sous un rideau de pluie.
Je suis glacé, transi, j’attends dans le couloir.
Echos de phrases courtes, silence prononcé,
Je devrais te parler. Je n’ai que le courage
De te saisir la main. Des larmes, de la rage.
Tu pleures avec la voix de ton enfant. Aimé,
D’un amour qui tombe dans le vide. Percuté.
Fausse route. Qui aurait pu savoir. Reste muet,
Tu n’auras qu’un descendant, une seule mort,
Une autre vie. Perdre est un mal héréditaire.
Les regrets ont une odeur atroce. Change d’air.
Essaie d’ouvrir les fenêtres. Repose-toi.
Emplie ta maison de silence. Il va rentrer,
Son visage te reviendra, je te promets.
Je sais, son absence te tiens froid. Tu te souviens.
Sa voix qui chante, ses yeux, ses rires sous ton toit.
Terrible solitude de l’aiguille
Stoppée dans sa course contre la montre
J’ai déchiré ta chemise, je brule
Ce qui me reste de toi, mon amour.
Ami, viens avec moi. Laisse-moi te guider
dans les souvenirs de nos jeunesses. Range l’arme.
Viens te réfugier dans la douceur de ma joue.
Dans le ventre de ma tendresse, fais-toi petit,
je suis là, simplement. Je t’aide à porter ta valise.
Des mots d’enfants pour te mentir
De la musique pour me taire
Du vent pour emporter ton cri
Et ma main pour que tu reposes
Je veillerais sur ton sommeil
Vulnérable ami de misère