mon ami l'arbre

SACD/SCALA: 232486

Bonjour, je m’appelle Lili comme c’est écrit sur mon cartable. Aujourd’hui c’est la rentrée des classes. Je rentre en CE2. Dans mon cartable j’ai mis ma trousse avec des stylos et des crayons dedans, un cahier et des feuilles aussi, pour faire des dessins. J’aime bien faire des dessins. D’ailleurs, cet été, j’en ai fait un pour mon ami l’arbre car il m’a beaucoup manqué. Mon ami l’arbre habite dans la cour de l’école. C’est mon meilleur ami. Avec lui je me sens protégée. Il me raconte des histoires et je lui chante des chansons.

-Lili ?

-Ah, ma maman m’appelle. C’est l’heure de partir à l’école. Je suis si heureuse de retourner à l’école, je vais enfin revoir mon ami l’arbre.

-Lili !

-Oui maman, j’arrive.

-Allez, mets tes chaussures et ton manteau ma chérie.

Avant de partir au travail papa m’a fait un gros bisou. Il a amené mon petit frère à la garderie. Papa et maman travaillent toute la journée. Et parfois c’est papa qui vient me chercher à l’école, ça dépend des jours. Papa dit que je suis assez grande maintenant pour rentrer toute seule de l’école mais maman n’est pas vraiment de son avis. Moi j’aimerais bien rentrer seule à la maison comme font les grands même si ça me fait un peu peur. Et puis comme ça, maman ou papa n’utiliseraient pas la voiture pour m’accompagner ou venir me chercher. Parce que moi j’aime pas quand les papas et les mamans attendent leurs enfants garés devant l’école avec le moteur en marche. Nous les enfants, on n’est pas très grands et les pots d’échappement, c’est par là que sort la pollution, et comme ils sont juste à la hauteur de notre nez ça sent vraiment pas bon. Ah, ça y est, nous sommes arrivées à l’école. Maman me fait un gros câlin.

-Bonne journée ma chérie. Je reviendrai te chercher tout à l’heure.

-D’accord  maman mais éteins le moteur quand tu arriveras devant l’école.

-On verra.

Les grandes personnes disent souvent « on verra ». C’est parce qu’elles osent pas dire non. Les grandes personnes sont souvent très pressées, elles ne prennent pas le temps. Et si maman ne veut pas éteindre son moteur devant l’école c’est pour ne pas avoir à redémarrer après.

Oh la la, tous les enfants sont là, il y en a qui pleurent, d’autres qui s’amusent. Les maîtresses me font des grands sourires. Je retrouve ma copine Marjorie qui est toute bronzée. On s’assoit côte à côte en classe, près de la fenêtre, c’est ma place préférée. De là je peux voir mon ami l’arbre. Et même que parfois, il étend ses longues branches jusqu’à la classe et me chatouille. Alors je rigole et pour ne pas se faire repérer par la maîtresse, les branches de mon ami l’arbre se transforment en chaise et personne ne comprend pourquoi je rigole comme ça ! Vivement l’heure de la récréation, j’ai tellement envie de le serrer dans mes bras.

- Bonjour les enfants. J’espère que vous avez passé de bonnes vacances. Est-ce qu’il y en a qui sont partis à la mer ?

- Moi !

- Très bien Lili alors approche-toi et viens nous raconter tes vacances.

- Cet été je suis partie avec mon petit frère à Houlgate. C’est une ville qui se trouve en Normandie au bord de la mer. Ma mamy et mon papy ont une grande maison là-bas. Ma mamy nous a fais plein de gâteaux au chocolat, j’en ai tellement mangé que j’ai eu mal au ventre et que j’ai pas pu me baigner pendant plusieurs jours. On a mangé des glaces aussi, à la fraise, à la vanille et à la menthe. J’avais jamais mangé de glace à la menthe avant. C’était super bon, y’avait même des morceaux de chocolat dedans. Maintenant, c’est ma glace préférée. Mon petit frère a appris à nager. C’est ma mamy qui lui a appris, comme à moi, il y a deux ans. Il avait peur de l’eau, il arrêtait pas de crier c’était trop rigolo. Et puis, une fois qu’il a réussi à nager, il voulait plus sortir de la mer. On s’est baigné tout l’été, à part, quand j’ai été malade à cause des gâteaux au chocolat. Et puis, il y a eu le feu d’artifice du 14 juillet. Mamy dit que c’est une fête nationale, pour fêter la fin de la royauté à l’époque où y’avait un roi et pas un président. C’était très beau même si j’aime pas le bruits des pétards. Mamy dit que les feux d’artifice polluent la plage et les récifs.

- Tu sais ce que c’est qu’un récif Lili ?

- Mamy dit qu’un récif c’est un rocher presque dans la mer. Y’en a plein en Normandie. A Houlgate y’a des récifs qui s’appellent les vaches noires. Ca ressemble pas du tout à des vaches mais ça s’appelle comme ça.

-Tu as aimé le feu d’artifice Lili ?

-Oui, il était très beau mais j’aime pas qu’on pollue la plage. Alors je voudrais qu’il n’y ait plus de feux d’artifices.

-Tu sais Lili, le 14 juillet est une fête très importante pour la France.

-Moi je trouve que la plage et les récifs sont plus importants qu’un feu d’artifice. En plus, y’a même plus de roi depuis très longtemps en France.

-Merci Lili, tu peux retourner à ta place.

Parfois je comprends pas les grandes personnes. Ils viennent détruire des choses qui étaient là bien avant eux. Moi je veux pas qu’on détruise les récifs à cause des feux d’artifice. Parce que si la plage est polluée on pourra plus jamais aller se baigner et nous les enfants on serait bien triste si ça arrivait.

Oh ça y est, c’est la sonnerie de l’école, je vais enfin retrouver mon ami l’arbre.

-Oh mon arbre, comme je suis heureuse de te revoir. Tu m’as tellement manqué cet été. Tiens, je t’ai apporté un dessin.

-Oh merci Lili, il est très beau.

- Je l’ai dessiné chez mon papy et ma mamy, au bord de la mer. Tu vois là c’est leur maison et là c’est la mer. Tu es déjà allé à la mer toi ?

-Non jamais. Mais quand le vent se lève, mon tronc s’allonge et de la cime je peux voir la mer.

-C’est vrai ?

-Oui, tiens, prends ma branche et va jusqu’en haut. Oh oh oh !!! Ha ha ha !!! Hi hi hi !!!

-Arrête de rigoler je vais tomber !

-Mais non, ne t’inquiète pas je te retiens avec mes feuilles.

-Whaou…

-Tu vois quelque chose ?

-Oui, je vois la mer.

-C’est comment ?

-C’est très grand et très bleu. C’est très beau. Tu sais pourquoi la mer est bleue ?

-Non Lili.

-Elle est bleue car c’est le ciel qui se reflète dedans.

-Ah ! Et tu sais pourquoi mes feuilles sont vertes ?

-Non, je sais pas. Pourquoi ?

-Parce que nous les arbres, nous sommes faits de chlorophylle.

-Comme dans les chewing-gum ?

-Pareillement. C’est grâce à la chlorophylle et au soleil que nous respirons. Et c’est grâce à nous que vous les humains vous pouvez respirer.

-C’est comme les poumons alors ?

-Oui Lili,  les poumons distribuent aux organes l’oxygène pour respirer. Si tu prends une grande inspiration, vas-y, voilà comme ça, et bien se sont tes poumons qui s’ouvrent en grand et quand tu expires, vas-y, voilà, ce sont tes poumons qui se referment. Grâce au soleil, nous les arbres, nous transpirons. La vapeur monte jusqu’au ciel et ensuite il pleut. Et grâce à l’eau de pluie il y a les rivières, les océans et toute l’eau de la terre.

-Ah bah oui, grâce à l’eau on peut se baigner, boire, se laver et…

-Et faire des pâtes ou du riz ou des légumes.

-La maîtresse dit qu’il faut faire attention à ne pas gaspiller l’eau, que c’est mieux de prendre des douches que des bains. Et aussi, quand on se lave les dents il faut penser à éteindre l’eau.

-Exactement Lili. Tu sais, dans certains pays, il faut marcher des kilomètres avant d’avoir de l’eau. Alors des enfants comme toi partent de chez eux avec des seaux vides et vont les remplir à la rivière ou dans un puits. Et ce n’est pas parce que toi tu n’as pas besoin de porter des seaux d’eau que tu dois gâcher l’eau pour rien. Tu comprends ?

-Oui. Oh tu as entendu, c’est la fin de la récréation, je dois retourner en classe. Je reviendrai te voir tout à l’heure.

-Oui ma Lili, je ne bouge pas d’ici !

-Euh dis arbre, tu m’aides à redescendre de tout là-haut ?

-Oh oui, pardon !

C’était génial d’être tout en haut de mon ami l’arbre. Et je suis redescendue en surfant sur ses feuilles. Ensuite, j’ai couru vers la classe pour ne pas être en retard, mais comme mes jambes sont toutes petites pour courir, mon ami l’arbre à souffler dans mon dos et je suis arrivée d’un coup à ma place en classe. Et personne n’a rien vu ! 

-Dis maîtresse, tu sais qu’il y a des enfants qui doivent aller chercher de l’eau dans la rivière et dans des puits pour pouvoir se laver ou faire la cuisine ?

-Oui Lili. L’eau chez nous est facile d’accès, on ouvre un robinet et on a de l’eau. Mais dans beaucoup de pays du monde, ce n’est pas le cas.

-Mais alors comment font les enfants pour se brosser les dents ?

- Et bien ils ne se rincent pas la bouche.

-Beurk !

- Et si on inventait une chanson sur l’eau, ça vous plairait ?

-Oui !

Dans la classe on a tous pris un stylo et on a commencé à écrire une chanson sur l’eau. Voilà ma chanson :

CHANSON DE L’EAU

Une petite goutte

Qui devient un lac

Un fleuve ou une rivière

Un océan ou la mer

Goutte d’eau goutte d’eau

C’est grâce à toi qu’on vit

On peut boire se laver et même nager

Goute d’eau goutte d’eau

C’est grâce à toi qu’on vit

Sans ta présence on serait bien embêté

Chaque petite goutte

Est à préserver

Prendre soin des arbres

Les fera toujours du ciel tomber

Goutte d’eau goutte d’eau

C’est grâce à toi qu’on vit

On peut boire se laver et même nager

Goute d’eau goutte d’eau

C’est grâce à toi qu’on vit

Sans ta présence on serait bien embêté

La maîtresse est très contente de ma chanson et pendant que je la chantais, mon ami l’arbre jouait de l’accordéon, c’était super.

Après la classe, c’était l’heure d’aller à la cantine. On a mangé des carottes râpées, j’adore les carottes râpées, mamy dit que ça rend aimable. Après il y avait du poisson, du colin je crois, avec des haricots verts. J’aime pas du tout les haricots verts, y’a des fils dedans et des petits grains. Mais bon je les ai quand même mangé car maman veut que je mange des légumes verts. En dessert, on a mangé de la crème caramel, j’étais trop contente, c’est mon dessert préféré. L’été dernier mamy m’a appris à faire de la crème caramel. Je me rappelle plus trop comment on en fait mais c’est très bon. Ah si, on met des œufs et du lait et du sucre aussi mais je sais plus dans quel ordre. Après la cantine c’était la récréation alors j’ai couru voir mon ami l’arbre.

-Alors petite Lili, c’était bon ce que tu as mangé à la cantine ?

-Oui très bon. Tu manges pas des carottes râpées toi ?

-Oh non, tu imagines un peu, je deviendrais tout orange !

-Oh comme ce serait rigolo ! Et de la crème caramel ?

-Non plus.

-Oh dommage.

-Tu sais Lili, je ne me nourris que d’eau et de soleil.

-Mais tu dois avoir faim, il ne pleut pas.

-Ne t’inquiète pas, j’ai des racines sous la terre, des très très grandes racines qui vont puiser de l’eau en dessous de la terre.

-Ah bon ? Il y a de l’eau sous la terre ?

-Oui.

-Oh tu sais quoi, j’ai une idée, on va faire de la crème caramel ensemble, c’est d’accord ?

-D’accord.

-Bon alors il faut trouver des œufs. Je vais aller à la cantine.

-Non Lili reste là, je vais étendre mes branches jusqu’à la ferme d’à-côté. Bonjour madame la poule, je pourrais avoir 3 œufs ?

-Oui cotcotcot oui cotcotcot, tenez, les voici cotcotcot.

-Merci madame la poule et bien belle journée. Tiens, voici 3 œufs Lili !

-Super ! Maintenant il nous faut du lait.

-Bouge pas, avec mes branches je vais en prendre dans le frigidaire de la voisine ! Oh mais la porte est lourde, aide-moi Lili.

-Mais comment ?

-Tire sur cette branche.

-Ho hisse !

-A la une, à la deux et à la trois, patratas !!! Ca va Lili tu n’as rien ?

-Tout va bien, je suis juste tombée à la renverse. Oh mais tu as réussi à prendre du lait !

-Oui, et c’est tout ?

-Euh… Non, il manque le sucre.

-Ah oui, le sucre. Et bien je vais en prendre au supermarché. Aïe !

-Que se passe-t-il ?

-Je viens de me faire coincer la branche dans la porte d’entrée.

-Ha ha ha !!!!

-Oui bon ça va ! Alors… Sucre, sucre, sucre, ah ! Le sucre. Sucre blanc ou sucre roux ?

-Sucre roux, c’est mon préféré.

-Un paquet ?

-Oui, ça ira.

-Un paquet de bonbon au passage ?

-Non merci après il faut aller chez le dentiste et je l’aime pas du tout. Il est toujours caché par un masque blanc, il me fait très peur.

-Ha ha ha ! Comme ça ?

-Haaaaaa !!!

-Hi hi hi ! C’est juste un masque pour empêcher les microbes.

-Oui bah j’aime pas les masques blancs ni les microbes ! Bon et bien nous avons tout ce qui faut pour faire une crème caramel. Oh mais il y a la sonnerie de l’école, je dois déjà retourner en classe.

-Ne t’inquiète pas Lili, je me charge de la crème caramel pour le goûter.

-Mais tu sais même pas comment on fait.

-Je vais trouver. A tout à l’heure.

-A tout à l’heure.

Cet après-midi la maîtresse nous a fait faire une dictée. J’aime pas les dictées. Ca va trop vite, j’ai pas le temps de tout retenir. Et puis il faut s’appliquer dans l’écriture. Ensuite, elle a ramassé nos cahiers. Je n’attendais qu’une chose, que la cloche sonne et que je retrouve mon ami l’arbre. Mais la cloche n’a pas sonné tout de suite. La maîtresse nous a donné un texte à apprendre. On l’a lu une fois puis la cloche a enfin retenti. J’ai couru le plus vite possible pour rejoindre mon ami l’arbre. Et bien lui vous savez ce qu’il a fait pendant que j’étais en classe ? Il a fait la crème caramel. Il a pris le chapeau du monsieur de la cantine et il s’est mis aux fourneaux. Sa crème caramel était pas bonne du tout mais je n’ai rien dit, mon ami l’arbre était si fier de lui. Enfin, jusqu’au moment où…

-Tiens Lili, c’est pour toi.

-Pour moi ? Tu as fait de la crème caramel ?

-Oui. Goûte et dis-moi ce que tu en penses.

-Mais elle est toute verte !

-Bah non.

-Bah si !

-Tu n’en veux pas ?

-Si bien sûr je vais la goûter…

-Alors, verdict ?

-Euh… Hm… Euh…

-Elle ne te plaît pas.

-Mais si mais si, elle est… elle est… délicieuse !

-Je suis un vrai cuisto mademoiselle ! Tu reveux une part ?

-Non, je te la laisse. Maman dit qu’il ne faut pas manger trop de sucre dans la journée.

-Mais il y en a pour un régiment ! Elle va me rester sur les branches !

-Bon alors euh… j’en reprends un peu. Tu es sûr de ne pas en vouloir ?

-Certain.

-Pourquoi ?

-Parce que… parce que… je ne mange pas de crème caramel, je suis un arbre.

-Ah oui ? Alors pourquoi tu as plein de liquide vert autour de la bouche ?

-Euh… Parce que… parce que… Oui bon j’en ai mangé ! Mais elle est très mauvaise. J’ai mis le sucre dans la casserole des haricots verts.

-Oh la la, t’es trop rigolo toi !

-Tu la trouves comment pour de vrai ?

-Pour de vrai ?

-Pour de vrai.

-Dégoûtante !

-Alors oust, on la jette et la prochaine fois tu me ramèneras une part de celle de ta mamy, c’est d’accord ?

-Oui ! Ah au fait, la maîtresse nous a donné une fable et je ne comprends rien.

-Montre-moi ça. Oh la la mais je n’y vois rien, où sont mes lunettes ?

-T’as des lunettes toi ?

-Et oui Lili, c’est comme ça en vieillissant on n’a plus la même vue qu’à 9 ans. De toutes façons j’ai toujours été hypermétrope.

-C’est quoi hypermétrope ?

-C’est quand on ne voit pas bien de près. Ah, les voilà ! « La poule aux œufs d’or » de Jean de la Fontaine. Tu sais Lili qui est ce Monsieur de la Fontaine ?

-Non.

- Il est né au 17^ème siècle. Il était poète, dramaturge, fabuliste.

-Fabuliste ?

-Oui, c’est quelqu’un qui écrit des fables.

-Ah ! Il doit être très vieux maintenant.

-Oui, aujourd’hui il aurait 360 ans environ.

-360 ans ? Oh la la ! C’est vieux !

- Alors… Oui, bon. Je suis plus tout jeune non plus.

-Tu as quel âge ?

-Presque celui de ce monsieur de la Fontaine.

-Quoi ?

-Bon on lit la fable ou on fait des calculs ?

-On lit la fable !

-Alors, qu’est-ce qui lui arrive à cette poule ?

« L’avarice perd tout en voulant tout gagner

Je ne veux, pour le témoigner,

Que celui dont la poule, à ce que dit la fable,

Pondait tous les jours un œuf d’or,

Il crut que dans son corps elle avait un trésor ;

Il la tua, l’ouvrit, et la trouva semblable,

A celles dont les œufs ne lui rapportaient rien,

S’étant lui-même ôté le plus beau de son bien

Belle leçon pour les gens chiches !

Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus

Qui du soir au matin sont pauvres devenus

Pour vouloir trop tôt être riches ! »

-Arbre, tu comprends quelque chose toi ?

- Oui, et je vais te l’expliquer. La plus grande richesse de chacun est d’être soi-même. Ce monsieur ne pense qu’à faire de l’argent et il en oublie l’essentiel. Il était heureux avec sa poule car elle pondait un œuf d’or par jour. Il a cru qu’il pourrait trouver à l’intérieur de sa poule un trésor. Alors il l’a tuée. Mais elle n’avait pas d’or en elle. Et maintenant ce monsieur n’a même plus sa poule. Il a donc tout perdu.

-Décidément je comprends rien aux grandes personnes !

-Qu’est-ce que tu ne comprends pas ?

-Bah pourquoi est-ce qu’il a tué sa poule alors qu’elle lui donnait un œuf d’or par jour ?

-Parce que comme elle pondait un œuf d’or par jour, il a pensé qu’elle avait plein d’or en elle et il ne voulait pas attendre jour après jour qu’elle ponde son œuf d’or, il voulait tout d’un coup. Alors il l’a tué et il a tout perdu d’un coup.

-Bien fait pour lui !

-Ne dis pas ça petite Lili. Ce monsieur a dû être très malheureux. Il a fait une grosse bêtise et il doit s’en vouloir à présent.

-Eh bien moi si j’avais une poule qui pondait chaque jour un œuf d’or je prendrais bien soin d’elle.

-C’est bien Lili. Mais tu sais, même si elle ne pondait pas d’œuf d’or, ce serait important de prendre soin d’elle quand même. Parce que ce qui compte, c’est l’amour que tu as pour ta poule et non ce qu’elle te donne.

-Tu as raison arbre. T’as quel âge en fait ?

-Oh non tu ne vas pas recommencer ?

-Allez quoi, dis-moi.

-Tu promets de ne pas te moquer ?

-Promis.

-Alors voilà, j’ai 13, 26, 48, 79, 123, 212… 348 ans mais les lunettes ne me rajeunissent pas.

-348 ans ! Moi j’ai pas encore 10 ans. Oh zut, faut toujours que cette sonnerie nous sépare.

-Allez, aujourd’hui je viens en classe avec toi.

-Tu vas te transformer en chaise ?

-Non, pas en chaise, en pot à crayons !

J’aimerais rester toujours près de mon arbre, il est tellement rigolo avec ses grandes branches qui vont partout et ses lunettes sur le nez quand il doit lire. On s’amuse tellement tous les deux. Et quand il y a trop de soleil il me protège, pareil avec la neige ou le vent. Cet après-midi, on a bien rigolé en classe avec mon ami l’arbre. Dès que je regardais le pot de crayons il n’arrêtait pas de faire des grimaces et de danser. Je n’ai pas vu le temps passer. Et puis la maîtresse nous a demandé de dessiner la terre. Alors j’ai pris un crayon et mon ami l’arbre n’a pas arrêté de bouger. Il était si content de dessiner la terre.

Maintenant c’est l’heure de rentrer.

-Faut que je m’en aille, maman m’attend dehors avec le moteur allumé. Oh, j’ai une idée, quand je serai grande, j’aurais une grande maison avec un grand jardin et tu viendras vivre avec moi

- Oh mais Lili, je suis trop lourd pour être transporter, et sous terre, j’ai des très grandes racines, tu ne pourras pas m’emmener.

-Mais alors ça veut dire qu’après le CM2 je ne te verrai plus.

-Non, ça veut juste dire que tu ne seras plus dans cette école mais tu pourras toujours me rendre visite.

-C’est vrai ?

-Oui Lili, c’est la vérité. Je resterai là et toi, tu viendras quand tu voudras.

–Alors ça va.

-Et puis, chaque chose en son temps, tu es en CE2 pour l’instant, nous avons encore du temps devant nous.

-Oui, c’est vrai. Bon allez, faut vraiment que j’y aille, maman va s’impatienter, c’est toujours pareil avec les grandes personnes.

-Alors à demain Lili ?

-Bah oui, à demain, tu crois quoi !

Ca y est, me voilà au lit. La cour de l’école doit être toute calme à l’heure qu’il est. Les enfants sont chez eux, les maîtresses aussi. Le soleil est parti lui aussi se coucher et dans le ciel la lune et les étoiles brillent. Mon ami l’arbre doit dormir aussi. Je sais quand il dort car je l’entend ronfler comme si il était dans la chambre. D’ailleurs je suis sûre qu’il étend ses branches jusqu’ici la nuit mais je ne peux les voir, la chambre est toute noire quand je dors, j’aime pas la lumière, elle m’empêche de dormir. Avant d’éteindre Papa est venu nous raconter une histoire à mon petit frère et à moi. J’adore quand papa raconte des histoires. Et puis avant de fermer la porte, maman est venue nous embrasser et m’annoncer que demain matin j’irai à l’école toute seule. Je suis si contente ! Ca y est, je deviens une grande moi aussi !

-Bonjour mon arbre. Bien dormi ?

-Oui, merci et toi Lili ?

-Ca va sauf que tu n’as pas arrêté de ronfler !

-Moi ronfler ? Jamais !

-C’est toujours pareil avec ceux qui ronflent, ils sont les seuls à ne pas s’en rendre compte ! Tu sais je suis venue à l’école toute seule ce matin.

-A pied ?

-Bah oui, à pied, pas sur les mains quand même ! J’ai même traversé la rue toute seule. C’était super. J’ai eu l’impression d’avoir des ailes dans le dos.

-C’est normal Lili, tu viens de goûter à l’indépendance. N’oublie jamais cet instant. Quand tu seras triste, tu te rappelleras ce premier jour où tu as marché toute seule dans la rue, le premier jour où tes parents t’ont donné une responsabilité, et tes larmes cesseront.

-Oui, mais tu vois y’a eu un truc bizarre.

-Quoi ?

-Je sais pas, comme si quelqu’un me suivait.

-Et tu n’as vu personne ?

-Non. Mais je suis sûre qu’il y avait quelqu’un. Tu n’as pas une petite idée par hasard ?

-Non pourquoi ?

-Je ne sais pas, comme ça.

-Quoi ?

-Quoi, quoi ?

-Bah Rien.

-Ah bon ?

-Bon oui j’avoue, j’avais très envie de te regarder marcher seule dans la rue et plus tu avançais plus j’avais envie de te serrer dans mes branches, je suis si fier de toi !

- Je t’ai démasqué ! Je t’ai démasqué ! La prochaine fois ne te cache pas derrière un poteau électrique ou le feu vert, tu es plus gros que ce que tu crois !

-Je ne suis pas gros, j’aime vivre, c’est pas pareil !

-Oh allez, fais pas ta mauvaise tête, j’aime pas quand tu fais ton sourire à l’envers.

-Et moi je n’aime pas quand tu dis que je suis gros.

-Bon d’accord, t’es pas gros t’aime vivre. Tu souris ?

-Non.

-Oh la la ce que t’es ronchonchon ce matin toi ! Allez, faut que j’aille en classe. Bon bah tant pis, fais la tête si tu veux, je t’aime quand même !

-Oh bah oui mais si tu me fais des gros câlins comme ça je fonds moi.

-Hé arbre, où es-tu ?

-A tes pieds, j’ai fondu !

-Ha ha ha !!! Comment tu fais ça ?

-Un secret. C’est ma petite gymnastique personnelle pour rester en forme.

-Ah mais je préfère quand tu es comme ça, droit sur ton tronc avec tes belles branches ouvertes et tes feuilles qui dansent dans le vent.

-Allez file, tu vas encore être la dernière.

-C’est pour que tu souffles dans mon dos, c’est tellement rigolo !

-Comme ça ?

-Oui, comme ça !

Ce matin, on fait des mathématiques en classe. J’adore les mathématiques. Faire des calculs, soustraire, multiplier, je préfère à la géométrie. J’aime pas la géométrie. J’arrive jamais à faire des beaux ronds avec le compas et puis je me pique toujours avec la pointe du compas. Enfin bon, là on fait des divisions à 3 chiffres et Marjorie ne comprend rien alors je l’aide. Tiens, il y a un monsieur avec une tête de citrouille dans la cour.

-Maîtresse, c’est qui le monsieur avec la tête de citrouille ?

-C’est un bûcheron. Autrement dit une personne qui abat les arbres. Vous savez pourquoi est-ce qu’on abat les arbres ?

-Pour faire des bouchons… du papier.

-Oui Marjorie des bouchons, du papier pour dessiner ou écrire, des tables, des chaises, des bancs, du feux pour la cheminée ou pour cuire la nourriture, des maisons et plein d’autres choses encore.

-Mais pourquoi est-ce qu’il vient dans l’école ?

- Il vient ici Lili parce qu’il va couper l’arbre qui se trouve dans la cour.

-Non ! Ce n’est pas possible. Cet arbre est mon ami, on ne peut pas le couper comme ça.

-Tu sais Lili ce n’est pas nous qui décidons. C’est comme ça, il faut abattre cet arbre.

-Mais pourquoi ? Qu’est-ce qu’il a fait de mal ?

-Les arbres ne font jamais rien de mal Lili. Mais vois-tu il y a de plus en plus d’enfants sur Terre et par conséquent ici aussi et nous devons agrandir l’école. Et pour agrandir l’école nous devons trouver de la place et donc rétrécir la cour.

-Mais on ne peut pas abattre un arbre comme ça ! Non, non et non. Ce n’est pas possible. On ne peut pas abattre mon ami l’arbre.

-Lili, calme-toi.
-Nooooooon !

La maîtresse a appelé maman et elle est venue me chercher. Je ne voulais pas quitter l’école, je voulais rester avec mon ami l’arbre et le protéger mais maman m’a attrapée par la main et m’a fait monter dans la voiture. Je n’ai pas pu résister à maman, quand elle veut, elle a trop de force. J’ai très peur que le bûcheron ait déjà coupé mon arbre. Je vais retourner à l’école même s’il est très tard. Papa, maman et mon petit frère dorment. Mais comment aller dans la cour de l’école ? Oh mais oui, j’ai trouvé, je vais fermer les yeux très forts et appeler mon arbre pour qu’il vienne me chercher. Oh, ça marche.

-Que se passe-t-il Lili ?

-Emmène-moi dans la cour de l’école.

-Là, maintenant ?

-Oui, là, maintenant.

-Très bien, accroche-toi à ma branche. 

-Oh mon arbre tu es toujours là.

-Et oui petite Lili mais que viens-tu faire ici à cette heure si tardive ?

-Je n’ai pas pu te voir aujourd’hui car maman m’a ramenée très tôt à la maison à cause de la maîtresse. Elle a dit que j’avais fais une crise de larmes et que personne ne pouvait me calmer.

-Et pourquoi as-tu fais une crise de larmes ?

-Et bien aujourd’hui il y a un bûcheron qui est venu à l’école.

-Oui, je sais, je l’ai entendu parler avec la directrice.

-Ils veulent t’abattre.

-Oui, je sais.

-Mais moi je ne veux pas qu’on t’abatte.

-Il n’y a rien à faire Lili.

-Mais si, on va trouver une solution.

-Tu sais Lili, je suis très vieux. J’ai bien vécu sur terre. Et puis je t’ai rencontré. Et tu m’as donné tant de joie et tant d’amour que je n’ai pas peur de me faire abattre. Rappelle-toi quand tu m’as appris à faire des bulles avec les chewing-gum, et quand on a joué au ballon et quand on a regardé la mer, c’était très beau, non ?

-Oui mais je ne veux pas qu’on t’abatte.

-Tu dois accepter la situation Lili. L’école est trop petite pour recevoir tous les enfants. Alors je vais partir avec le bûcheron et d’autres enfants comme toi pourront jouer dans la cour et apprendre des jolies fables et les mathématiques.

-Non, je ne veux pas.

-Oh Lili, je n’aime pas quand tu pleures, ça me fend l’écorce. Et regarde, regarde comme je grandis !

-Je les déteste !

-Lili ? Regarde !

-Où es-tu ?

-Tout en haut !

-Mais que fais-tu tout en haut ?

-Ce sont tes larmes qui m’ont fait pousser !

-Oh mais j’ai une idée, si je pleure encore beaucoup tu seras tellement grand que le bûcheron ne pourra plus te couper.

-Oh non Lili arrête, il faut que je t’avoue un secret. J’ai le vertige.

-Ferme les yeux.

-Oh non Lili, je ne peux pas, aide-moi, j’ai si peur tout en haut. Je crois que je vais tomber. Au secours !

-D’accord, d’accord ! J’arrête de pleurer. Voilà, ça y est, regarde, je ne pleure plus. Tu peux redescendre.

-Oh Lili merci, j’ai eu si peur ! Allez, viens me faire un câlin.

-Qu’est-ce que je vais devenir sans toi ?

-Je resterai toujours près de toi, là, dans ton cœur, et cela, aucun bûcheron ne pourra l’enlever.

-Là, dans mon cœur ?

-Oui, là, dans ton cœur. Comme toi tu resteras toujours près de moi.

-Mais qui me parlera ? Qui me comprendra ?

-Tiens Lili, j’ai un cadeau pour toi.

-Un cadeau ?

-Oui, un cadeau.

-C’est quoi ?

-Une graine.

-Une graine ?

-Oui, une graine. C’est le vent qui l’a apporté pour que j’ai un compagnon. Maintenant, cette graine est pour toi. Tu vas la faire grandir et plus tard, elle deviendra une jolie plante verte. Comme ça, tu ne m’oublieras jamais. Sais-tu ce que veut dire le mot germer Lili ?

-Non.

-Germer veut dire quand la graine s’ouvre. Donc si on réussit à faire germer cette graine, il y aura une plante. Tu comprends ?

-Oui.

-Alors pour que la graine germe il faut d’abord la mettre dans un pot de yaourt vide et propre.

-Oh oui, comme ça on recycle le pot de yaourt !

-Oui, en quelque sorte. Ensuite, on met du coton. Pas trop, ça ne sert à rien de gâcher. Et on le place au fond du pot de yaourt. Après on met de l’eau. Mais attention, de l’eau pure, pas celle du robinet, ou alors filtrée car sinon ta plante pourrait être malade. Bon alors, on récapitule.

-Un pot de yaourt, un peu de coton au fond, de l’eau pure, c’est ça arbre ?

-Oui, c’est bien ça Lili. Mais pas trop d’eau sinon tu risquerais de noyer la graine. C’est fragile une graine tu sais. Bon et ensuite on met la graine sur le coton mouillé.

-Et c’est tout ?

-C’est presque tout. Une fois que la graine est dans le pot, tu la mets où tu veux mais pas trop près d’une fenêtre. La graine est encore trop petite pour supporter la chaleur du soleil. Le mieux est de la placer sur ton bureau ou dans une pièce où il ne fait ni trop chaud ni trop froid et où il y a de la lumière du jour.

-Et après ?

-Après ? Et bien tu n’as plus qu’à attendre que la graine germe. Et une fois que la graine aura germé, tu mettras la toute petite pousse dans de la terre, pas trop profondément pour qu’elle puisse respirer et créer ses racines aussi. Et plus elle grandira plus tu la changeras de pot pour que ses racines puissent grandir autant que nécessaire. Tu vois Lili, les végétaux n’ont pas besoin de grand chose pour naître. Maintenant, cette graine est à toi Lili. Prends en bien soin.

-Oui arbre, je lui parlerai comme je t’ai toujours parlé, je lui chanterai des chansons et nous nous aimerons car elle sera un petit bout de toi.

-Oui Lili mais laisse-la être comme elle est, ne cherche pas à la rendre semblable à moi. Nous sommes tous différents et c’est cette différence qui nous apporte toutes les richesses. Maintenant il est temps pour toi de rentrer, le soleil se lève et si tes parents ne te voient au réveil ils vont beaucoup s’inquiéter. Au revoir Lili. Je t’aime de toutes mes racines.

-Au revoir mon arbre. Je t’aimerai toute ma vie et je te promets de prendre soin de ma graine.

-Merci Lili.

-Tu vas me manquer.

-Toi aussi Lili, toi aussi. Oh non je t’en prie, ne recommence pas à pleurer.

-J’ai si peur arbre.

-Ne t’inquiète pas, je resterai toujours près de toi, dans ton cœur. Adieu ma Lili.

 Le bûcheron est revenu ce matin même pour abattre mon ami l’arbre. J’ai dit à maman que je ne voulais pas aller à l’école et elle a dit d’accord. Je ne voulais pas voir mon arbre abattu. A l’heure qu’il est, mon ami l’arbre doit être au pays des arbres coupés, entouré de plein d’arbres coupés comme lui. Moi je m’occupe de ma petite graine. Mon petit frère a demandé à avoir une graine lui aussi et je suis très contente car si tous les enfants de la terre se mettent à faire germer des graines alors il y aura toujours de l’oxygène sur terre et grâce à cet oxygène, on pourra toujours gonfler nos poumons et chanter des chansons. D’ailleurs, je viens d’écrire une petite chanson pour mon ami l’arbre, car même si il n’est plus là pour me faire de la crème caramel verte ou me chatouiller avec ses feuilles, je pense tout le temps à lui. Il me manque tellement.

« Sur notre planète terre

Il y a l’eau, le feu et l’air,

Les nuages dans le ciel

Et vive les arcs-en-ciel !

Printemps été automne hiver

365 jours sur terre

Si on vit main dans la main

Toujours tout ira bien

Tous les beaux animaux

Qui nagent dans les eaux

Et ceux qui volent en l’air

Sans oublier ceux d’la terre

Printemps été automne hiver

365 jours sur terre

Si on vit main dans la main

Toujours tout ira bien

Il y a les humains

De Paris à Pékin

Jaune, blanc, noir et chacun

Va chanter ce refrain

Printemps été automne hiver

365 jours sur terre

Si on vit main dans la main

Toujours tout ira bien »

                                                            FIN

SACD/SCALA: 232486