Mon bateau

Mon bateau a jeté l'ancre et mes mots sont impuissants Je bois jusqu'à mon encre pour oublier les puissants Dans les agapes du malheur on tue sans bruit on tue en choeur Toujours la même comédie complice de la rumeur Il bruine sur le fleuve des idées noires et veuves Aux étangs pleins je n'ose réseauter ce vide quand soudain un vieux corbeau noir arrive avec son large bec avide emportant mes plaintes comme un écho à la dérive J'attends en vain une cordée de main un sourire accueillant quelques mots au fil des maux A quoi bon chasser les Huns pour quelques autres Goths Depuis plus de cent mille ans les hommes ne font qu'un Voici trois nuits déjà que l'on se bat quelque part pour des fous pour des rois Affamée comme des loups la meute est aux abois Pourtant harmonieusement s'étirent au loin de grands nuages blancs C'est le vent du printemps qui souffle sur l'océan Mes yeux sont des fenêtres qui s'ouvrent sur l'horizon et quelques mats de cocagne à la barbe des goëlands.