Mon beau Prince

lunachase

Quand une jeune fille rencontre l'Amour avec un grand A. Ou pas...

Mélisande se trouvait dans une pièce ronde, aux murs de pierres. Le plafond haut l'empêchait de se cogner la tête. La salle était vide de tout objet; les murs nus de toute affiche. Comment était-elle arrivée ici, elle l'ignorait. Toujours est-il qu'elle y était.
Elle portait une longue robe blanche, qui laissait voir son dos. Des manches décorées de fleurs en dentelle descendaient jusqu'aux trois quart de ses bras. Ses longs cheveux roux étaient détachés, chatouillant sa peau nue. Une mèche tressée, comme un bandeau sur ses cheveux, était retenue par une fleur blanche, mise en valeur par l'auréole de feu qui l'entourait. Ainsi, la jeune fille avait tout l'air d'une princesse. Une princesse prisonnière, car la pièce dans laquelle elle se trouvait était dépourvue de porte. Elle comprenait seulement une fenêtre ouverte, laissant une brise légère pénétrer à l'intérieur de la salle, tourbillonner autour de la seule personne présente à l'intérieur, provoquant des frissons sur son corps. En s'approchant de la fenêtre, Mélisande se rendit compte qu'elle se trouvait en hauteur, entourée par une forêt dont elle ne voyait pas la fin. Elle était donc seule ici, en haut de sa tour, condamnée à attendre un sauveur qui ne viendrait sans doute jamais. Elle retourna au milieu de la pièce et s'assit au sol. A travers le tissu fin de sa robe, elle rentait le froid glacial du sol, froid qui avait engourdi ses pieds nus. Elle attendit ainsi, laissant le vent la faire frissonner et la pierre la glacer. Après un court moment d'attente, un bruit venant de l'extérieur retentit. On aurait dit des crochets raclant la roche. Mélisande se leva et, traînant sa longue robe, marcha jusqu'à la fenêtre. Elle pencha la tête et vit, seulement quelques mètres en dessous, un homme à la chevelure d'or grimper. Il portait une armure argentée, comme un preux chevalier d'époque. Sans hésiter, elle tendit la main pour l'aider à monter. Pas question qu'il tombe. Elle l'aida à entrer dans la pièce et aussitôt qu'il eut posé le pied à l'intérieur, deux créatures miniatures apparurent sur son épaule. L'un d'eux lui ressemblait fortement, même visage, mais habillé en noir. L'autre avait une longue chevelure blonde, c'était aussi un homme habillé de noir. Il avait l'air mauvais. Sans qu'elle ne s'en rende compte, deux créatures apparurent aussi sur l'épaule de la jeune fille. Elle les regarda et vit qu'elles ressemblaient fortement à son frère, Paul, avec son pyjama bleu et ses tâches de rousseur, et à son père, Monsieur de Saint-Sevrin , avec sa chemise verte et ses lunettes. L'homme blond, le vrai, celui qui avait gravit la tour, parla le premier:

« Alors c'est toi, la jeune fille recherchée.
- La jeune fille recherchée? s'étonna la rousse.
- Oui, il y a des affiches partout. Tu es magnifique. »

Sans attendre de réponse, il sortit de son armure une bague sertie de diamants.

« Il est dit que celui qui te retrouverait aurait ta main…
- Non! »

C'était une des créatures miniatures qui avait crié. La blonde avec les cheveux longs.

« Je t'avais dit de ne pas partir! C'est ce que tu m'as promis avant de nous faire disparaître!
- Papa, répondit l'autre créature blonde. Il a le droit de faire ce qu'il souhaite. Et puis, cette jeune fille est absolument charmante.
- Merci mini-moi. Père, allez-vous-en! »

Il lui donna une pichenette et la créature disparut. L'autre s'assit sur son épaule et observa ce qu'il se passait à présent. Mélisande avait suivi cet échange, interdite. Alors que le garçon se tournait à nouveau vers elle, son père miniature se leva et s'écria:

« Ma fille, je t'interdis d'accepter cette bague! Tu es déjà à marier!
- Quoi?
- Ta mère et moi t'avons choisi un baron très riche qui te comblera bien.
- Papa, laisse Mèl' tranquille! Elle est grande! »

La Mèl' en question suivit ce dialogue sans rien dire. D'un coup, les trois créatures disparurent, laissant seuls les deux véritables humains. Le garçon se tourna vers la jeune fille et, présentant la bague, recommença:- Je m'appelle Axel Boulien, chevalier de la Légion d'Honneur et, après t'avoir trouver, je souhaite demander ta main. Veux-tu m'épouser? Avant que l'intéressée puisse répondre, les quatre miniatures réapparurent d'un coup et se mirent à crier toutes en même temps.

« Fils, je t'interdis.
- Il ne faut rien interdire, monsieur.
- Et vous faites quoi à la demoiselle là?
- C'est ma sœur la lorgne pas comme ça.
- On la regarde comme on veut.
- Fils, ils n'en valent…
- SILENCE! Allez-vous-en! »

Comme la fois précédente, ils disparurent dans un pouf! sonore, laissant Mélisande et Axel seuls. Pour la troisième fois, Axel se tourna vers la jeune fille. Il ouvrit la bouche et dit:

« Mélisande, Mèl'. Aller, c'est l'heure. »

La jeune fille se réveilla doucement. Elle cligna plusieurs fois des yeux, éblouie par la lumière du matin. Devant elle se trouvait Lisandro, Paul et Lily. Mélisande étouffa un bâillement, et regarda autour d'elle d'un air ensommeillé. Elle se trouvait dans sa chambre, tout au fond du couloir du premier étage, avec Lisandro, Paul et Lily. Lisandro...elle l'avait aimé, pendant longtemps, mais c'était avant. Avant d'aller au lycée; avant de le voir lui. Elle avait aussitôt oublié l'Elu de son Coeur, celui pour qui elle avait eu le béguin toute son enfance. Elle avait son pyjama bleu, son préféré, et la musique douce avec laquelle elle s'était endormie résonnait encore dans la pièce. Son ours en peluche était posé à côté d'elle, et un livre reposait sur le sol, ouvert.

« Ça va? demanda Lisandro. Il est neuf heures, on se demandait ce que tu faisais. Le bus n'attendra pas que tu sois prête tu sais.
- Neuf heures? C'est bon, on est pas en retard. Allez, dehors, j'arrive! »

Les deux garçons sortirent, laissant Mélisande et Lily seules.

« Tu rêvais de quoi? demanda Lily. T'avais l'air heureuse…
- Je m'en rappelle pas. »

Peu crédule, Lily leva un sourcil, mais devant l'air indifférent de son amie, elle sortit. Mélisande s'habilla en songeant à son rêve. Axel...oui, c'est ce qu'il était, un rêve.


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