mon grand copain

Simon Lecoeur

chapitre 5

Mon grand copain de classe se prénommait aussi Olivier. Spontanément, je me tournais vers lui pour révéler la séparation inattendue. Je voulus parler des sentiments que j’éprouvais. Je fus très surpris par son attitude, marquée par l’ indifférence. Je contais d'une voix étranglée ce que je vivais, or celui que je croyais être mon ami de confiance ne parut pas affecté le moins du monde. Il ne manifesta aucune expression. Il acquiesça avec rapidité à mes propos. Il eut le même détachement que si je lui annonçais un résultat de football de l'équipe nationale de Bulgarie. Ma déclaration avait eu lieu un jeudi matin de novembre après les vacances de la Toussaint. Il pleuvait fort, je tirai Olivier par la manche de son kway, l'entraînai vers le fond du préau.

Nul geste de réconfort, pas une main serrée un peu appuyée, ni caresse sur la joue, nulle tape amicale sur l'épaule… il partit rejoindre la classe et me laissa seul. Je me dis pour me rassurer que cet Olivier était vraiment un type fort, une personnalité digne d'être mon meilleur copain. Un aplomb, une maitrise des émotions, tout désignait dans son comportement un modèle à suivre. Un tempérament solide comme un roc, qui ne se laissait déstabiliser par rien et surtout pas par les sentiments d’un copain. En fait, Olivier s'en foutait. Sa réaction ou son absence de réaction me faisait bien entendre que je ne devais plus aborder ce sujet. Sa manière brutale de déconsidérer ma situation familiale me plongea, tout de même, dans un brusque désarroi. A partir de cette journée, il ne fut plus mon meilleur copain.

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