Monodialogue

“Et toi qu'est-ce que tu es venu chercher ici ?

-Moi je n'en sais rien. Je cherche. Mais je ne sais pas quoi.

-Faire la rock star dans une chambre d'hôtel avec un mystérieux inconnu et une bouteille de champagne. Prendre des drogues dures tu vois.

-Peindre sur tous les murs.

-Comprendre l'amour.

-Crier très fort, produire des sons. Provoquer le désir sexuel. Courir un soir d'été. Humer. Rire !

-Devenir mère.

-Il y a beaucoup de choses à chercher. Mais au fond, qu'est-ce qu'on fout la ? Cela a-t-il un sens ?

-Asphyxiés par les influences. La publicité, les célébrités, notre entourage, la société, le commun des mortels, l'humanité. Qu'est-ce qu'on choisit au final ? Même la débauche est à la mode. Vous tous. Nous. Moi. Rebelles ? Par rapport à qui ? A quoi ? A quelle norme établie ? Aux yeux de quelle créature jadis façonnée par une autre… ?

-Tu penses qu'il existe une porte de sortie ?

-Une bouffée d'air genre ? Comme découvrir le monde lorsqu'on est défoncés ?

-Ouais.

-Une renaissance. Une renaissance à l'état pur. Brut. Sauvage. Sans autre éducation que celle de la nature. On saurait alors. Notre « moi » véritable. D'instinct.

-La vérité…

-Tout cela ne tient pas debout. Tout cela est impossible. Et pour devenir ce « moi », il faut prendre conscience. La bestialité permet-elle une prise de conscience ?

-Surement pas.

-C'est pour ça qu'on se défonce ? C'est pour ça que le vin se mêle à notre sang ? Pour inventer une brève animalité ? Pour se sentir uniques ? Vivantes ?

-Oui.

-Pour oublier ?

-Aussi.

-C'est lâche. Tu oublies l'espace d'un trip que tu es en train de chercher quelque chose dont tu ignores la nature…

-Tu sais quoi ? Je doute même de son existence…”