Monsieur,

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Samedi 6 juin 2020 10.23 16° ...

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   Mon pauvre ami, pourquoi vous acharnez-vous, pourquoi vous prenez-vous pour la Marquise ou pour je ne sais quel autre grand épistolier ...

   Je vous lisais ce matin, ne vous croyez-vous pas un peu ridicule à vous commettre ainsi, à vomir vos délires, vos éructations manuscrites de petit cabot des samedis matins et je présume, de tous les jours de la semaine, ne croyez-vous pas que vous faites rire en feignant d'écrire incognito, à la femme inconnue et qui n'est jamais ni tout à fait la même ni tout à fait une autre et qui vous aimerait et vous comprendrait, cette femme de votre rêve étrange et pénétrant ...

    Bon Dieu ! reprenez-vous ! laissez votre Muse conne et alanguie, si j'en crois vos papiers. Reprenez-vous ! levez la plume, jetez-là et consacrez vos neurones à des choses plus dignes de vous car il en est ...

   Vous pleuriez ce matin les arbres que les légions de besogneux de la plume condamnent à mort en crachant leurs encres sur leurs pages blanches mais n'avez-vous pas conscience que batifolant comme vous le faites sur le Web vous contribuez vous- même à faire mugir les serveurs qui émettent des e-déchets ...

   Bon week-end monsieur, voyez quelqu'un vous lisait, en l'occurrence quelqu'une, et si j'étais l'incarnation de votre femme inconnue ! ...

   Non je rigole, vous êtes trop vieux pour moi, je passais par là, j'ai lu, je vous dis, je vous salue, ne prenez-pas ma main, n'oubliez pas les gestes barrières ...

   Ah ! permettez un petit codicille, l'en-tête de votre papier à lettre m'amuse et m'agace à la fois ce cothurne ce cothurne rose ! quelle prétention !

   Je me suis demandé si vous n'étiez pas soit une cocotte, soit un transgenre, je ne juge pas j'énonce ...

   Non comme ça, vous savez il suffit d'un arrêt sur les mots ou d'un arrêt sur image pour que l'on extravague et imagine des choses, des personnages, des histoires, alors que je parierais que vous n'êtes qu'un petit vieux tout cru, tout recroquevillé, crapoteux, le nez plongeant, les lèvres dégraissées, mangées par l'âge, meurtries par des décennies de dévorations désordonnées,  l'oeil par dessus la lucarne de vos bésicles et qui crachez sur le trottoir ..

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