Monsieur Cule

theophile

Saynète à quatre voix


On sonne à la porte.

André : Monsieur Cule ?

Monsieur Cule : Appelez-moi Jean, je vous en prie…

André : Jean ! (à Monsieur Cule) Que lui voulez-vous à Jean ?

Monsieur Cule : (dans sa barbe) De police… Hi ! Hi !

Deux serviteurs (Isidore et Denis) entrent.

Isidore : Monsieur ?

Monsieur Cule : Ce sont vos gens ?

André : Ce sont mes gens. (à Isidore) Appelez Jean ! Qu'ils nous portent deux pots lisses, pour Monsieur Cule.

Monsieur Cule pouffe dans son coin.

Isidore : Que j'happe les gens !!! Monsieur est fatigué ?

André : Vous reliez les mots en espagnol maintenant ? Non, je ne suis ni fat, on dit fat au demeurant, sans T, ni gai, Isidore, et puis pourquoi voulez-vous que les gens jappent ? Les gens ne jappent pas, seul le chacal jappe.

Isidore : C'est étonnant, Monsieur fait des néologismes. Que fait un chat quand il calejappe, je vous prie ?

Monsieur Cule : Non, il dit "Seul le chacal j'happe" : il n'happe pas les gens mais seulement le chacal.

Isidore : Il dit qu'il nappe les chacals ? A-t-il perdu la tête ? Pourquoi les nappent-il ?

Denis : Il nappe pas le chacal : il le happe !

Isidore : Eh bien ! L'happe-t-il ou ne l'happe-t-il pas ?

Monsieur Cule : Mais non, jeune homme, les chacals ne lapent pas. Seuls les félins lapent…

André : Bien, peu importe. Les félins l'happent mais pas les chacals, qu'il n'happe pas non plus, ou le contraire. Quoi qu'il en soit, appelez Jean, s'il vous plaît.

Isidore : "happez les gens", vous voulez dire, je suppose, Monsieur ? Vous ne pouvez pas dire "happe les gens", suivi du voussoiement. Il faut être conséquent, Monsieur, avec un serviteur comme moi.

André : Vous supposez mal, grand insolent. Je dis "Appelez Jean", et que ça saute !

Isidore : Plaît-il ? Qui est-ce encore que ce nouvel énergumène ? Kessassöte ? C'est un Scandinave ? Il est ici, avec Jean ?

André : Imbécile ! Va dire à Jean que Monsieur Cule veut lui parler.

Monsieur Cule : Mais pas du tout !

André : Comment pas du tout ? Vous m'avez dit d'appeler Jean !

Monsieur Cule : Mais pas du tout ! J'ai dit 'Appelez-moi Jean", c'est mon prénom ! Jean Cule. Soyons amis ! Appelez-moi Jean !

Isidore : Et Kessassöte alors ? C'est un ami à vous ?

André : Mais vous nous bassinez, mon jeune ami, avec ce Kessassöte ! Vous ne voyez pas que vous ne pigez goutte, et que Monsieur Cule, ici présent, un très grand homme, se propose d'être mon ami ! Et qu'il m'invite à l'appeler Jean !

Isidore : Lape-les-gens ? Et où se trouve cet endroit charmant, où vous iriez main dans la main avec Jean Cule et Kessassöte ?

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