MONSIEUR LE PRESIDENT...

Monsieur le Président,

Je me dois aujourd’hui de vous signaler, par le biais de cette lettre, un léger dysfonctionnement. Enfin, juste léger.

Dans ce petit royaume hexagonale mirifique dont vous pensez, je n’en doute pas, en être le géniteur, sachez que la misère gronde. Je vous le concède, pour le moment, nous ne sommes pas entendus selon vos propos mais il faut le savoir, cette colère qui nous étouffe, n’en est qu’à son balbutiement. Tiens, pendant que j'y pense, vous devriez garder pour vous le plaisir que vous prenez en nous méprisant, sentiment qui vous est si cher et qui vous va si bien mais qui nous agace tant, tout autant si ce n'est plus que ce même plaisir qui se résume comme pour nous faire un doigt d'honneur. C'est pas grave, aux prochaines élections, le doigt d'honneur changera de sens, en plus, il y en aura des milliers dans l'isoloir au moment de mettre le nom dans une petite enveloppe. Des milliers de doigts d'honneur, aussi, rien que pour vous au moment d'entendre le « A voté! ». Pour cette histoire dérisoire de misère, je me dois d’être un peu visionnaire, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Pour vous donner un exemple concret, depuis l’école primaire, j’entends dire que le pétrole disparaitra un jour mais encore aujourd’hui, rien n’est mis en place pour parer à la disparition de cet or noir. A titre d’information, purement personnelle, sachez quand même que je vais avoir trente trois ans au mois d’avril. Et oui, le pétrole qui n’est pas inépuisable, ça date. Donc, si je vous parle de la misère, c’est juste afin de gagner du temps, parce que si, pour vous, voir fouiller dans les poubelles du Mac’ Do des clochards pour se nourrir n’est rien, alors demain ce sera pire, ce seront les salariés eux-mêmes, en dépit de leur SMIC, qui seront victimes de ce genre de repas, malbouffe qui donne l’impression d’être organisée, afin d’en donner toujours plus à vos amis.

Je tiens à vous en parler, oui, parce que c’est pour votre bien et parce que si, dit-on, la merde remonte toujours des égouts en laissant apparaitre des effluves pestilentielles, je pense que celle que nous, populace indécrottable du bas de l’échelle sociale, ayant pour principe d’aller gueuler dans les rues pour ne rien à voir, question d’habitude, celle que nous vivons actuellement, cette merde dans laquelle nous pataugeons, ce marasme, n’est certainement pas remontée jusqu’à vos oreilles, sans quoi vous auriez peut-être fait quelque chose. Je pense surtout que vous devriez en prendre bonne note, parce que là, ça sent tellement mauvais que le jour où vous vous en rendrez compte par vous-même, cela risque de vous tomber dessus comme une grosse claque, le genre de rouste que l’on met à un enfant surmené, qui n’écoute rien et qui se prend pour le roi.

C’est vrai suis-je bête, comment pourriez-vous comprendre ce que j’ai à vous dire quand votre salaire, que dis-je, votre argent de poche, s’élève à des sommets d’irrévérences et d’insultes à notre égard, surtout quand la plupart de vos frais sont réglés avec l’argent du contribuable. D’ailleurs, votre salaire, il vous sert à quoi au juste si c’est le peuple qui paye vos dépenses personnelles ? Ce serait peut-être, en mon sens, un minimum de respect de nous en demander l’autorisation, oui c’est vrai après tout, cet argent, c’est le notre et certainement pas le votre, ne l’oubliez pas. Vaches à lait que nous sommes, nous en avons marre parce qu’à force de trop se faire tirer, les tétines vont lâcher. Il parait que la nature est très bien faite, mais quand même, la sécheresse du porte-monnaie, celui où vous vous servez copieusement, commence à pointer sérieusement le bout de son nez. A vouloir trop tirer sur la corde, au bout d’un moment, soit elle casse, soit on se la prend dans la figure. Soit les deux.

Je sais que cela peut vous paraitre indélicat, mais il me semble indéniable de vous dire à quel point il est aujourd’hui difficile de vivre dignement. Pourquoi parlez-vous d’aides alors que nous n’en voyons jamais la couleur d’une seule ? Il doit être beau l’arc-en-ciel d’argent pour nous permettre de remonter à la surface, la tête haute pour reprendre notre souffle, mais en tout cas, les belles théories que vous proférez n’arrivent jamais chez nous. Tiens, autre chose, pourquoi devrions-nous payer des impôts avec nos salaires ridicules, pendant que ceux qui amassent des millions sont protégés par un bouclier fiscal, bouclier virtuel comme toutes vos promesses ? Si les riches ne payent pas d’impôts, cela voudrait donc dire qu’ils n’utilisent pas les infrastructures mises en place par l’état. Si tel est le cas voyez-vous, leur argent, je leur laisse parce que dans la vie, ils doivent vraiment s’emmerder. Non, je ne demande pas d’être millionnaire, juste d’avoir un panier moyen décent. Par pitié, ne remettez pas la faute sur le dos des commerçants, eux-aussi ont des frais. Pour ce dernier mot, puisqu’il vous échappe, je vous invite à vous frayer un chemin, de votre bureau à votre bibliothèque, pour regarder dans un dictionnaire des noms communs la définition correspondante. Je pense que vous en serriez effrayés. Profitez également pour regarder le mot "crise" qui défraye autant la chronique actuellement. La crise, la vraie, pas celle que peut vous faire votre femme, le matin, parce que vous avez mis des miettes de pains dans le beurre. Je sais, je n’ai pas fais d’études, mais pour me rendre compte de cette impression de me faire spolier en beauté, je ne pense pas que les études soient réellement nécessaires. La logique suffit.

Telle une carie que vous essayez de cacher par vos sourires angevins, plutôt que de l’extirper, la misère sociale donc, ronge notre territoire qui saigne, par les égratignures que vous nous faites, quand vous nous dites que tout va bien, avec vos discours de bonimenteurs que personnes ne comprends, en guise de réponses à des questions posées à l’avance, dans les journaux télévisés sélectionnés avec classe par vous-même. Il va bien falloir faire quelque chose et si vos mots sont nos propres maux, quand les sondages de popularités vous lèchent le cul pour vous dire que vous êtes le meilleur, alors cette souffrance à assez durée et nous aussi, nous voulons récupérer la monnaie du « travailler plus pour gagner plus». Actuellement ce n’est pas le cas, à moins d’être dépourvu de jugeote, j’ai plus l’impression de travailler tout le temps pour gagner autant, bientôt les dimanches aussi. Tenez le pour dit, ce n’est pas vrai du tout, les sondages c’est de la connerie. Si les enquêtes étaient menées correctement, le négatif serait mis en place rien que pour vous.
« Sarkozy Nicolas ? Cinquante trois pour cent dans les sondages. Ah zut, j’ai pas bien regardé, MOINS cinquante trois pour cent De toute façon, au vu de sa taille à vouloir tenter de nous gouverner correctement, en nous faisant croire que nous ne sommes pas en pleine dictature, personne ne s’en rendra compte. Bon, un café Roger ? Je boucle ça et on part au ski. Ben oui, j’ai plus un rond mais vivre à crédits, c’est tellement pratique... ».
Voilà ce que pourrait se dire un mec, dans un bureau confiné au fin fond d’une grande salle, entouré de plante verte, à côté de la porte des toilettes, en train de faxer ses sondages débiles affublés de chiffres, à qui ont peut leur dire n’importe quoi.

Si je suis aujourd’hui votre trouble-fait, je suis surtout une petite virgule pour vous permettre de souffler et rigoler, mais, avec le temps, il faudra bien mettre un point final à tout ça. Pourquoi nous mentez-vous ? Pourquoi dites-vous que le chômage baisse alors que ce sont les droits de milliers de chômeurs ne sont pas reconduits ? Le chômage, c’est comme au boulot. Le personnel sous contrat est retiré, à tour de bras sans que ces départs soit disant fortuits ne soient renouvelés, oui, les places disponibles derrière parce que ça coute trop cher, mais voyez-vous, quelque chose m’échappe. Depuis quand l’état à pour mission de faire du bénéfice ? En partant de ce postulat, qui n’est qu’une hypothèse que j’enfonce tel un suppositoire, là où sa fait mal, dans des endroits peux reluisants, bien qu’au même niveau de votre considération envers votre peuple, l’argent économisé part où au juste ?

Chez nous, dans le privé par exemple, ce sont les actionnaires qui en profitent, qui s’engraissent comme des cochons mais quand c’est public, l’argent par où ? Ne me dites pas qu’il n’y a plus d’argent, c’est pas possible, surtout quand on regarde le gaspillage qui est fait avec. Quand vous recevez le Pape, sur le sol d’un pays censé être laïque, ne pouvons-nous pas parler de gaspillage ? Parce que le Pape c’est pareil, il prie pour nous pauvres pêcheurs que nous sommes, mais à mon avis, il n’est pas le plus à plaindre non plus. La scène là voilà. Un riche qui s’engraisse, sur notre dos, accueillant un autre riche, qui lui s’engraisse sur la misère du monde, en utilisant le beurre de la crémière, qui récupère vigoureusement la matière première auprès de la vache à lait à en devenir folle, celle que nous sommes, pauvre peuple Français. Bon, je ne suis pas expert alors pour cette histoire de chômeurs, peut-être que les chiffres sont simplement erronés pour éviter de nous faire peur, pour éviter de regarder la vérité en face et se donner bonne conscience. Peut-être pour se dire que le gouvernement actuel, sous votre tutelle, s'est misérablement planté.

Je le sais, pour gouverner un peuple, docile auparavant qui l’est moins aujourd’hui, c’est pas compliqué, il faut le diviser. Faire monter les employés du privé contre les autres, vos petits protégés du domaine public. Pardon. Je réagis juste comme il m’est demandé de faire. Pourtant, plus rien ne va et dans le public aussi, la sécurité de l’emploi n’existe plus. Donc, diviser une population, c’est pas compliqué. Les chaines de télévisions se multiplient telles des petits champignons atomiques, prêts à exploser par la cascade incessante de programmes frivoles avec, au milieu de cette cacophonie penchant vers le néant nos cerveaux, vos discours de mère supérieur qui, eux, ont presque l’air intelligent. Qui aura la plus belle télé, qui aura la plus belle voiture, qui aura la plus belle femme ? Qui, ouais qui aura enfin les couilles de vous cracher au visage ce « casse toi pauv’ con » parce que vous le valez bien ? Bon, je sais, elle était facile celle-ci mais fallait bien la faire quand même.

Bref, vos méthodes, mafieuses, nous donnent surtout l’impression d’être dans un territoire où l’argent est prohibé de manière hasardeuse, puisqu’il va toujours dans le même sens, comme si le pognon allait vers le pognon, aimanté comme par magie. Pourtant, dans le monde des aimants, ce sont les opposés qui s'attirent. je le sais, j'ai vu en cours de sciences physiques, le plus va toujours vers le moins. Nous en avons marre, nous les vaches à lait, de ce pays qui part dans une dérive, dans une crise que nous subissons de pleins fouet. Si peut-être vous n'êtes pas responsable de la crise, je peut le concevoir, vous n'êtes pas non plus responsable de la reprise de l'activité puisqu'il y en a toujours pas. Alors vous avez été sympathique sur un point, je dois le reconnais. Aujourd’hui, n’importe quel magasin peut se monter n’importe où n’importe quand. C’est bien parce que soit disant ça fera jouer la concurrence, mais n’oubliez pas qu’en plus de nous mettre en état de manque comme si le blé était une drogue, alors là, pour couronner le tout, vous mettez nos emplois en périls. Merci infiniment pour cette petite aide qui nous réconforte. Les prix baisseront, mais tout le monde s’en fou puisque de toute manière, les employés, présents aujourd’hui seront sur des sièges éjectables dès demain, tout ça pour assouvir votre grandeur. Vous avez oubliez une chose, ce qui fait la richesse d’une enseigne, Qu’elle soit Carrefour, Auchan ou autres, ce n’est pas les grosses pontes qui récoltent le fruit de notre travail, mais cette richesse, c’est avant tout des Hommes sans qui l’enseigne n’existerait même pas. Aussi, aujourd’hui, vous offrez le luxe à nos patrons de nous faire travailler les dimanches, tout le temps, toujours, cela devient déjà de plus en plus banal. Question: si nous travaillons tous les dimanches, qui viendra faire ses courses ?

Voilà, aujourd’hui je me devais de vous signaler ce léger dysfonctionnement, simplement parce qu’il est définitivement en train de mettre en lambeau, ce qui nous reste de dignité, le rêve indécent de pouvoir faire un plein d’essence dans la voiture, nécessaire pour aller travailler, en se disant que ce n'est pas un luxe. Cordialement, Rocco Souffraulit. J’y peux rien si j’ai un nom à la con mais moi au moins, le miens il énerve pas la France et s'il fait rire alors tant mieux, ça prouve que j'arrive à remonter le moral à quelqu'un, ne serait-ce que dix secondes dans une journée, contrairement à d'autres...