Mort.
aladin
Ce printemps là il faisait noir
J'étais à bout et l'humeur sombre
De chasser et la proie et l'ombre
De naviguer dans les couloirs
De bordels tristes et désolés
Où s'aiment les âmes esseulées
Ce n'est pas lui que j'attendais
Tapi au bord du marécage
Ce n'est pas lui que je guettais
Mais d'autres oiseaux de passage
Qui avait gagné les rivages
De l'ultime et froide Thulé
Ce printemps là il faisait soir
C'était un printemps d'Arabie
Et de révolutions fleuries
Senteurs et rumeurs des grands soirs
Mais ici bas nulle allégresse
Vint l'heure des mesquines caresses
C'est alors que lui m'apparut
Figure solaire et implacable
Que dans un dédale de corps nus
Aux mains avides et innombrables
Je sus guider d'un air aimable
Jusque vers le secret boudoir
Ce printemps là il faisait chaud
Tu étais fort sous mon étreinte
Dans ta bouche je versais l'absinthe
Quand toi tu m'offrais le sureau
Nous fumions l'herbe bleue magique
L'attraction était magnétique
C'est ici qu'elle monta en moi
La marée haute et les embruns
Et la vague et tout m'emporta
Plus rien ne semblait opportun
Que le génie de ton parfum
Et l'or mystérieux sur ta peau
Ce printemps là tu étais beau
Homme à la chevelure blonde
Tu auras ma gorge profonde
Tu l'auras autant qu'il te faut
Moi je te veux jusqu'au matin
Pour enduire ton corps de jasmin
Apaise apaise ma chair fiévreuse
Avec le sel de ton ardeur
Et de nos grâces langoureuses
Nous danserons avec ferveur
Et nous danserons jusqu'à l'heure
Des joies superbes et fécondes
Ce printemps là je m'éveillais
Après une baise puissante
L'aube était claire et palpitante
La fonte des neiges commençait
Entre deux berges entre deux eaux
Dansaient le cygne et le corbeau
Ma fièvre ne retombait pas
Adieu les vertus et les vices
Que tombent les derniers frimas
Au diable nos autres sévices
À nous les fêtes et les délices
Sur le seuil de ce printemps là