Musique lubrique
marinep
Je chatouillais sans fin des notes obéissantes
Quelques dièses ma foi chatoyantes mais sottes
Et des blanches insipides sous la paume de mes menottes.
La partition fanée et surtout vieillissante,
griffonnée par mon hôte de tempos et bécarres,
de tierces à triturer dans les règles de l'art,
stigmatisait mes fautes, ce qui me chiffonnait.
Mon précepteur, lui, statique, ne cessait de me sermonner
Mais j'étais aussi lasse de ces gymnastiques auriculaires
Que de son haleine chargée en rémanences culinaires.
Je ne montrais point mon profond désarroi intérieur,
Mais je priais pour que sonne le chant de la fin de l'heure.
Je ne pouvais m'extraire ni de ma chaise, ni de ces gammes
Ni de ce professeur toujours aux trousses des gentes dames.
Je m'appliquais à courir d'une note à l'autre, docile,
D'airs en gavottes que je trouvais stériles ;
Et m'évadais en pensées de cette sinistre séance
Où j'étouffais dans mon taffetas des chevilles jusqu'aux manches,
de ces excès de croches et de fausse bienséance;
tandis que mon maître et notamment ses pupilles,
dévoraient hardiment un morceau au-dessus de mes hanches
et semblaient s'y être posées pour un bien long moment,
Ne manquait qu'un point d'orgue en guise d'ornement.