Naissance du sang
[Nero] Black Word
Il était là, il le sentait. Il sentait son corps. Liquide, se rassemblant lentement sur un sol mort et terreux. Son corps était sans peau, sans os, sans rien. Pas de voix, pas d'ouïe, pas d'odorat, pas de toucher, ne voyant que le rouge qui le représentait.
Du sang. Il n'était que du sang.
Au fond de lui il sentait des souvenirs, aussi vague que pouvait l'être son corps. De ces souvenir il ressenti une vision, une image, une pensée. Un être humain. Il le voyait bien vivant, bien "humain". Fait de chair avec des muscles et des os, une voix, des yeux et une vie. Dans ces souvenirs, il le voyait. Cet humain. Il se sentit proche de lui. Mais était-il lui ? Etait-ce à lui qu'il ressemblait ? Ou était-ce quelqu'un de proche ?
Son corps actuel n'était que du sang, coulant sur un sol brûlant. Chaque goûte ce rassemblant, en rampant, pour ne former qu'un. Le temps semblait s'être arrêté, ou ne semblait plus exister. Il avait l'impression d'être inconscient. Comme s'il dormait dans le l'eau. Ses notions était trouble, comme se dont il se souvenait, comme se qu'il pensait être.
D'un seul coup, il sentit un battement répétitif qui se rapprochait de lui. Il les entendait, les sentait, ainsi que de la chaleur qu'elle dégageait. Une chaleur lointaine qui se rapprocha, jusqu'à entrer en contact avec lui. Cette chaleur le réconforta. Il la voulait, désirait la tenir, et s'y abandonner. Son être liquide enlaça cette source inconnue. C'était quelque chose de chaud, dont la surface était souple et solide, avec une extrémité plus solide à son bout, et elle semblait vivante.
Les battements s'accélérèrent, le son résonnait en cette chose vivant, et la chaleur disparu. Elle s'extirpa avec précipitation de la prise qu'il avait exercée. Il senti le froid s'emparé de lui, ainsi qu'une profonde impression de solitude. Cette chaleur et cette présence avait été si agréable, et maintenant elle n'était plus. Il la chercha, affolé, il tenta même de se lever. Nageant dans cet océan de sang qui était lui. Perçant la surface, il en sorti se qui aurait été sa tête. Un crâne liquide, instable, faible, lent, fatigué. Du crâne, il n'en avait qu'une forme abstraite. Malgré cette impression de sortir sa tête de l'eau, il se sentait encore noyé.
En un instant, il ressenti ce qui l'entourait. Le monde. Des pas agités résonnants sur le sol, des battements qui se déplaçaient et s'accéléraient, une chaleur qu'il perçut comme un cercle de flammes sur le point de s'éteindre.
Que se passait-il autour de lui ?
Il senti quelque chose de solide, de fin, d'organique, de sec, avec une peau solide qui semblait s'enlever, dévoilant une surface plus lise, plus douce, mais dont la vie s'éteignait, entrer dans son sang. Elle se mit à tourner, à jouer avec lui. Une autre chose, plus solide encore, et plus froide aussi, tomba dans son liquide, et coula. Ces choses se multiplièrent, suivi par ces percussions de pas sur le sol et ces battements. Puis tout s'éloigna de nouveau.
Il senti une matière froide et creuse percer son corps liquide, en prit une partie, et l'emporter loin de lui d'une manière brutale et précipité. Cela recommença une deuxième fois. Une troisième fois. Une quatrième fois. Il se senti séparé de lui-même. Il ne savait pas s'il ressentait de la douleur, mais cela ne lui plaisait pas du tout.
Il réunit ses forces et attrapa l'une de ces choses. A son contact, il ressenti de nouveau cette chaleur agréable dans cette enveloppe souple et solide. Cette chose était souple, articulé, doté de cinq extrémités indépendantes, dont une décoré d'un cercle glacé, qui tenait cette matière froide et creuse dans son emprise.
En elle il ressenti également un cheminement interminable, parcouru par le fameux écho de ces battements qu'il ne cessait d'entendre. La chose se débattit, cherchant à se libérer, mais lui ne voulait pas s'en séparer. Il la retint, tirant sur elle, jusqu'à ce qu'elle tombe en lui.
Il le ressenti, et le reconnu. Un humain.
Il oublia l'agitation grandissante qui l'entourait et rapprocha son être de lui. Pris de ce qui semblait être de la joie, il enlaça cet humain. La chaleur, les battements, il les ressenti plus que jamais, et en désirait encore. D'un seul coup les battements s'arrêtèrent et son corps ne semblait plus vivant.
Intrigué et curieux, il s'immisça dans une ouverture qui c'était ouverte sur le haut en relâchant un l'air. En lui, traversant toutes ces choses organiques et molles qu'il trouvait encombrante, il remonta ces étranges tuyaux jusqu'à la source de l'écho à la vitesse d'une chute libre. A son contact, un autre souvenir revint. Un cœur.
Sans l'abimer, il parcouru sa surface et tenta de le faire repartir. Son être fut parcouru par le battement qu'il provoqua. Se propageant dans l'ensemble de ce corps inerte, il découvrit les cordes vocales, les yeux, les organes, les os, les muscles, les ongles, les dents, la peau. Il s'empara de tout.
Ouvrant les paupières, une lumière l'aveugla. Son nouveau corps était allongé dans le creux terreux d'où il était né. Utilisant maladroitement les articulations de ce corps, il se releva. Le bonheur s'empara de lui quand il sentit le cœur battre de nouveau, la luminosité du soleil ainsi que les couleurs de chaque chose, les bruits qui n'était au paravent que des échos, l'air frais passer en lui. Mais, sur sa peau, de cette enveloppe nouvelle, il ne sentait pas la caresse du vent ou le bout de ses doigts contre la paume de sa main.
C'est à cet instant, en relevant les yeux, qu'il prit conscience de ce qui l'entourait depuis le début.
Formant un cercle vivant, une foule d'humains intrigué et apeuré le regardait fixement. Il leva son bras mollement vers eux, prononçant des sons avec sa nouvelle voix, mais n'eut pour seul réponse qu'un projectile métallique et brûlant traversant son nouveau corps. Il en ressenti une gêne affreuse, intolérable. Puis d'autres suivirent, déferlant sur lui comme une tempête de pluie à l'extrême de sa colère.
Il sentit son nouveau corps se détruire, se déchiqueté, s'arraché de toute part. Tout ce qu'il était devenu se voyait anéanti par cette rafale mortelle. Il ne voulait pas ainsi perdre tout ce qu'il venait d'être, il ne pouvait l'accepter. Son être rouge, sons sang, fut parcourut d'une chaleur plus élevé encore, une chaleur bouillonnante. Il le sentait, pour la première fois il en était sur, il était en colère.
Le sang qui le représentait s'échappa d'un coup en un jet, tel un fouet avec une tête de serpent, pour se planter dans la gorge d'un jeune homme en tenue militaire. Ce dernier eu tout juste le temps de comprendre ce qu'étaient les risques du métier avant que tout ne s'arrête.
Lui s'immisça dans ce nouveau corps, en prit rapidement le contrôle, et s'attaqua aux autres humains qui cherchaient à le détruire. Mais cette enveloppe charnelle ne tint que le temps d'une attaque avant de connaitre le même sort que la précédente.
D'instinct il avait plané ses nouvelles dents dans le bras d'une femme et la mordu de toutes ses forces. Il ressentit le gout de son sang et se mit à le boire, l'absorbant le plus rapidement possible, pendant que d'autres humains s'étaient jetés sur lui.
Il sentit une étrange connexion se faire entre son sang et celui de cette femme, le faisant grandir et le rendant plus fort, pouvant ainsi continuer à se propager. Il produit deux autres jets, perçant deux autres corps dont il s'empara sans attendre. A travers eux, utilisant leur sang, il continua. Des lances rouges, des serpents de sang, se divisèrent et se propagèrent entre chaque être humain présent, jusqu'à ce que chaque vie en ces lieux ne s'éteigne dans le règne du silence
Dans l'édifice macabre qui en résolu, lui se sentait vivant. Il avait à sa disposition plus de sang et de matière qu'il en avait besoin pour se crée son enveloppe charnel.
Il prit une dizaine de morts, sépara certaines parties d'entre eux pour les rafistoler et n'en former qu'un. Ainsi il se créa son propre corps. Il le remplit de sang, gardant un poumon et une langue pour les utiliser avec ses cordes vocales, l'essentiel d'un squelette et de muscles, il prit aussi des estomacs qu'il remplit d'yeux, de dents, d'ongles et de cœurs.
S'offrant involontairement un aspect Frankenstein, avec les parties de corps qu'il colla ensemble avec des fils de couture produit par son sang, il arbora aux yeux du monde son nouveau corps.
Il avait l'air chétif, fragile, aux premiers abords. Il faisait plus deux mètres de haut et ses cheveux, qui étaient le reste du sang qu'il n'avait pas pu faire tenir en lui, descendant jusqu'à ses mollets en plusieurs mèches épaisses. Son visage exprima de la curiosité, mais aussi de la rage. Il fit ses premiers pas.
Vêtus d'un simple pantalon, de baskets et d'une chaîne en guise de ceinture, il laissa derrière lui la mort qu'il avait répandu. D'une voix froide, cassante, colérique et moqueuse, il se mit à rire avec un sourire semblable à une plaie sur son visage.
Il se sentait vivant, libre, et il comptait bien le rester. Il s'avança sur se monde dont il était prêt à profiter, n'hésitant pas à tuer la moindre vermine humaine qui oserait se mettre sur sa route.
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