Ne sait quand reviendra. 

My Martin

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 D'après Le Monde, histoire & civilisations 

L'expédition Lapérouse. L'aventure la plus audacieuse de l'histoire de France 

Expédition de découverte. Explorer l'océan Pacifique, voire effectuer une circumnavigation du globe 

  

Historien-voyageur et photographe, Bernard Jimenez mène l'enquête et part sur les traces du comte Jean-François de Lapérouse, officier de marine 1741-1788. 47 ans  

 


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Enfin, la France est en paix 

Le roi souhaite en profiter pour concurrencer la suprématie anglaise sur les mers. Ouvrir de nouvelles routes commerciales (notamment pour le commerce des fourrures) et contrer la mise en place d'établissements maritimes et coloniaux  

par les Anglais, en Océanie  

les Russes, en Alaska  

et les Espagnols, en Haute-Californie 

 

En dix ans, le capitaine Cook a effectué trois tours du monde, mais il reste beaucoup à faire, à la nation qui voudrait s'occuper d'achever la description du globe terrestre 

 

Louis XVI est curieux de toutes les disciplines scientifiques, la cartographie et la géographie l'intéressent tout particulièrement 

 

 

Éléonore est enceinte. Lapérouse écrit à son épouse 

 

Reçois mon compliment, ma chère amie, sur la certitude de ton état. Je t'avoue que je crains plus pour toi les fatigues et la douleur d'une couche que je n'aurais de plaisir à avoir un enfant, qui me serait cependant très cher puisque j'aurais l'espoir qu'il te ressemblerait 

 

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L'enfant doit naître en octobre 1785. Éléonore le perd accidentellement -fait qu'ignorera Lapérouse 

Le couple n'aura pas de postérité 

 

A son départ de France, Le patrimoine du chef d'escadron est médiocre ; il sera absorbé par les dettes à régler et par les évènements de la Révolution 

 

 

Avant la guerre d'Amérique (conflit contre l'Angleterre et guerre d'Indépendance américaine 1775-1783), Lapérouse a été introduit à la Cour par le chevalier de Ternay (son tuteur et ami). Lapérouse "l'aime comme un père"  

 

Depuis son brillant raid en baie d'Hudson (1782. Destruction du Fort d'York), son nom est connu de tous. Son expérience de la navigation dans les parages tropicaux ou les contrées glacées et son humanité en 1782 (traitement des prisonniers anglais), sont appréciées par le roi 

 

Son amitié avec le chevalier de Fleurieu, directeur des ports et arsenaux, sa proximité avec le maréchal de Castries, ministre de la Marine ; tout concours à ce que son nom soit évoqué pour commander la grande expédition de découvertes, en préparation 

 

Lapérouse est choisi 

 

 

8 avril 1785. Lapérouse écrit à Éléonore  

 

Encore une fois, ma chère amie, ne me fais point de nouvelles observations sur ma campagne, car tu me mettrais au désespoir, et tout est décidé. 

[...] je prends avec moi, ton frère Frédéric ; je lui ferai obtenir un brevet de lieutenant de frégate, je le surveillerai pendant deux ou trois ans, et s'il est bon sujet, le voilà dans le chemin d'un état honnête. Adieu, mon ange, je t'adore de toute mon âme. 

 

Frédéric Broudou, engagé volontaire 1760-1788. 28 ans 

  

 

Brest, 26 avril 1785. Officier, simple garde de marine. Jean Guillaume Law de Lauriston 1766-1788 écrit à son père, Jean Law de Lauriston. Le neveu du refondateur de la Compagnie des Indes, le financier John Law -1716. Le système de Law, sous la Régence. 17 juillet 1720. Spéculation, effondrement 

 

Mon cher papa, je n'ai pas pu avoir plus tôt le plaisir de vous écrire [...] Je suis à bord depuis 5 heures du matin jusqu'à 7 heures du soir, ce qui ne me laisse pas un moment à moi [...] Je suis décidément embarqué sur La Boussole que commande Monsieur le chevalier de Langle. Le chevalier de Langle et M. de Clonard [le second de Langle] m'ont dit que les voyages de Cook et surtout le dernier m'étaient absolument nécessaires et que je ne pouvais pas m'en passer. Comme l'édition de cet ouvrage ne paraîtra pas d'ici deux ou trois mois, je vous prie de bien vouloir m'en renvoyer une de Paris avec le volume des cartes [...]. Je sais, mon cher papa, combien je vais vous coûter, cette campagne-ci, et la gêne où vous vous mettez pour satisfaire à toutes les choses qui me sont nécessaires. Je tâcherai par ma conduite de mériter toute la tendresse que vous me témoignez et de vous dédommager de toutes les peines que je vous donne. Adieu, mon cher papa. Je vous embrasse de tout mon cœur. 

 

 

24 juin 1785. Extrait du mémoire du roi, pour servir d'instruction particulière au sieur de Lapérouse 

 

Nous, Louis XVI, en cette année 1785, donnons instruction à Monsieur de Lapérouse, de mener à bien une expédition autour du monde à des fins géographiques, scientifiques, politiques et commerciales. 

Il devra ouvrir de nouvelles routes commerciales, surveiller les activités britanniques et espagnoles, augmenter les connaissances géographiques et cartographiques, faire l'inventaire des richesses de la flore et de la faune des contrées visitées.  

Il devra se concilier l'amitié des principaux chefs et n'usera de la force qu'avec la plus grande modération. 

 

Les principaux buts du voyage sont résumés à la fin des instructions 

Deux parties : celle du commerce et celle des reconnaissances  

 

Pour la première, deux points principaux : la pêche à la baleine dans l'océan méridional, entre le sud de l'Amérique et le cap de Bonne-Espérance  

et la traite des pelleteries dans le nord-ouest de l'Amérique, pour être transportées en Chine 

 

Pour les reconnaissances, Lapérouse doit s'assurer qu'il n'existe pas un passage, un golfe, une rivière susceptible de faire communiquer l'océan Pacifique avec la baie d'Hudson 

 

 

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Lundi 1er août 1785. Départ de Brest, Finistère 

 

Une brise modérée, mais constante, pousse les frégates L'Astrolabe (Lapérouse) et La Boussole (Paul Fleuriot de Langle 1744-1787, second de l'expédition), toutes voiles dehors 

 

Plougonvelin. 25 km à l'ouest de Brest. Les derniers à voir passer les vaisseaux sont les moines de Saint-Mathieu de Fine-Terre, l'abbaye du bout du monde 

 

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Dix-neuf astronomes, ingénieurs, chirurgiens, botanistes, naturalistes, physiciens et dessinateurs. Deux cents hommes d'équipage, répartis sur les deux frégates 

150 000 km. Un périple de quatre ans 

 

 

Novembre 1785. Paul Antoine Marie Fleuriot, vicomte de Langle, commandant de l'Astrolabe, second de l'expédition Lapérouse. Écrit à sa sœur 

 

Tu ne sauras croire combien il m'en aura coûté de me séparer de lui [son fils Jean-Charles, né à Brest, le 8 décembre 1784] et de sa mère... Je suis aussi heureux qu'on peut l'être en ce monde quand on est éloigné de ce qui attache à ce monde. 

 

 

1787, première édition. Le voyage de Lapérouse autour du monde, Jean-François Galaup de Lapérouse. Extrait 

 

Jamais peut-être aucun vaisseau n'avait passé le cap Horn et n'était arrivé au Chili sans avoir de malades et il n'y en avait pas un seul sur nos deux bâtiments. 

 

 

3-30 juillet 1786. Alaska Sud-Est, côte de l'océan Pacifique. Lituya Bay. Le Port des Français 

 

13 juillet 1786. En sondant la passe à l'entrée de la baie, deux canots sont emportés par le courant 

Vingt-et-un officiers et matelots se noient 

 

Dont Jean Joseph, 24 ans, et Ange Auguste, 20 ans. Les deux fils de Jean-Joseph de Laborde. Banquier de Louis XV 

Immense fortune acquise dans l'import-export, empire commercial international. 1 500 hectares de plantations (cannes à sucre) à Saint-Domingue -1 400 esclaves. Guillotiné à Paris, le 18 avril 1794 

 

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Le voyage de Lapérouse autour du monde. Extrait 

 

Un désastre mille fois plus cruel que les maladies et les autres évènements des plus longues navigations 

 

 

Le voyage de Lapérouse autour du monde. Extrait 

 

Quoique les Français soient les premiers qui, dans ces derniers temps, eussent abordé sur l'île de Mowée, je ne pris pas possession de cette île au nom du roi. Les usages des Européens à cet égard sont trop complètement ridicules. 

 

Mowée. Maui, archipel d'Hawaï 

 

 

Le voyage de Lapérouse autour du monde. Extrait 

 

Macao [...] n'est plus qu'une ville chinoise où les Portugais sont tolérés 

 

Il ne se boit pas une tasse de thé en Europe qui n'ait coûté une humiliation à ceux qui l'ont acheté à Canton, qui l'ont embarqué et ont sillonné la moitié du globe pour apporter cette feuille dans nos marchés. 

 

Le gouvernement chinois [...] le plus injuste, le plus oppresseur et en même temps, le plus lâche qui existe dans le monde. 

 

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1er février 1787. Côte sud de la Chine continentale, dans le delta de la rivière des Perles. Macao, comptoir commercial de l'empire portugais depuis 1557. Espace urbain en constant débat avec la Chine -tracé non défini de la frontière 

 

Jean-Nicolas Dufresne (naturaliste) débarque à Macao, pour rapporter en France le journal des mémoires de la première partie de l'expédition de Lapérouse 

 

Des tensions entre les officiers et les savants, qui se plaignent de la dureté du commandant  

 

 

7-29 septembre 1787 

Russie. Kamtchatka, baie d'Avatcha -Petropavlovsk. Saint-Pierre et Saint-Paul  

Retour de Jean-Baptiste Barthélemy de Lesseps, l'interprète franco-russe, par voie de terre  

 

Traverser la Sibérie. Apporter à Versailles, des journaux, des notes, des cartes 

 

Treize mois. Le 17 octobre 1788, Barthélemy de Lesseps arrive à Versailles  

 

 

10 septembre 1787. Russie. Kamtchatka, baie d'Avatcha. Extrait d'une lettre de Lapérouse au ministre de la Marine, le maréchal de Castries 

 

Je ne vous peindrais que difficilement les fatigues de cette partie de ma campagne, pendant laquelle je ne me suis pas déshabillé une seule fois, et je n'ai pas eu quatre nuits sans être obligé d'en passer plusieurs heures sur le pont. Représentez-vous six jours de brume et deux ou trois heures seulement d'éclaircies, dans des mers étroites, absolument inconnues 

 

 

9-14 décembre 1787 

Mardi 11 décembre 1787. Îles Samoa, Tutuila -la principale île  

L'aiguade -la corvée d'eau, est attaquée. Douze membres de l'équipage sont tués 

Fleuriot de Langle (second de l'expédition), Robert de Lamanon (botaniste), quatre matelots, quatre soldats, un domestique et un Chinois, homme d'équipage embarqué à Macao 

 

Lapérouse n'exerce pas de représailles contre les Samoans 

 

 

26 janvier - 10 mars 1788. Australie, Botany Bay. Située à Sydney en Nouvelle-Galles du Sud, à quelques kilomètres au sud du centre de la ville actuelle 

 

Commandant anglais du HMS Sirius, John Hunter raconte 

Un jour pour apaiser les Aborigènes qui montraient des signes d'agressivité, un officier français chante l'air de Malbrough, dont ils paraissent émerveillés et ils l'imitent avec autant de plaisir que de promptitude. M. de Lapérouse nous assure que les Naturels de la Californie et ceux de presque toutes les îles de l'océan Pacifique [...] prennent plaisir à entendre cet air. 

 

"Malbrough s'en va-t'en guerre" est une chanson française qui raille les Anglais. Chantée au premier dauphin (1781-1789) par sa nourrice Madame Poitrine. Elle est popularisée par Marie-Antoinette, qui joue cet air au clavecin 

 

Malbrough s'en va-t'en guerre, 

Mironton, mironton, mirontaine, 

Malbrough s'en va-t'en guerre, 

Ne sait quand reviendra. 

... 

 

 

5 février 1788. Australie, Botany Bay. Extrait d'une lettre de Joseph Lepaute Dagelet (astronome) à son collègue Prévost, professeur de mathématiques à l'École royale militaire, Paris 

 

Songez-vous que le terme où doivent se finir nos voyages s'approche et qu'il est possible que nous soyons ensemble vers la fin de cette année ? C'est alors seulement que nous parlerons de voyages, c'est une matière très agréable à discuter au coin du feu. 

 

 

7 février 1788. Lapérouse écrit à son ami Laurent Le Couteulx de la Noraye -famille de banquiers 

 

Quelques avantages militaires que cette campagne m'ait procurés, tu peux être certain que peu de personnes en voudraient à pareil prix et les fatigues d'un tel voyage ne peuvent être exprimées. Tu me prendras à mon retour pour un vieillard de cent ans, je n'ai plus ni dents ni cheveux et je crois que je ne tarderai pas à radoter... Adieu jusqu'au mois de juin 1789 ; dis à ta femme qu'elle me prendra à mon retour pour mon grand-père. 

 

 

7 février 1788. Lapérouse écrit au ministre de la Marine, le maréchal de Castries  

 

Je remonterai jusqu'aux îles des Amis et je ferai absolument tout ce qui m'est enjoint par mes instructions relatives à la partie méridionale de la Nouvelle-Calédonie, à l'île de Santa Cruz de Mendana, à la côte sud de la terre des Arsacides de Surville et à la terre de la Louisiade de Bougainville, en cherchant à connaître si cette dernière fait partie de la Nouvelle-Guinée ou si elle en est séparée.  

Je passerai à la fin de juillet entre la Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-Hollande, par un autre canal que celui de l'Endeavour, si toutefois il en existe un.  

Je visiterai pendant les mois de septembre et une partie d'octobre le golfe de Carpentarie et toute la côte occidentale de la Nouvelle-Hollande jusqu'à la terre de Diemen, mais de manière qu'il me soit possible de remonter au nord assez tôt pour arriver au commencement de décembre à l'île de France. 

 

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7 février 1788. Lapérouse écrit quatre dernières lettres. A Claret de Fleurieu, au ministre, à son épouse, à Laurent Le Couteulx de La Noraye 

Puis, plus rien. Lapérouse qui tient d'ordinaire une correspondance assidue, est-il malade ? 

 

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15 février 1788. Jean Nicolas Collignon -jardinier et botaniste 

25 février 1788. Clonard, le commandant de L'Astrolabe 

1er et 3 mars 1788. Joseph Lepaute Dagelet -astronome 

écrivent des lettres 

 

 

Lundi 10 mars 1788. Australie, Botany Bay 

 

L'Astrolabe et La Boussole lèvent l'ancre 


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