Ni commencement, ni fin

My Martin

Auto-découverte


Jackson Pollock

né le 28 janvier 1912 à Cody, Wyoming

mort le 11 août 1956 à Springs, État de New York                   44 ans

Peintre américain -expressionnisme abstrait


« Je n'ai aucun intérêt pour l'“expressionnisme abstrait” et celui-ci n'est certainement ni non-objectif ni non-figuratif. Quelquefois, mon art est très figuratif et il est toujours un petit peu représentatif le reste du temps. Lorsque vous dépeignez votre inconscient, des figures vont ressortir. J'imagine que nous sommes tous influencés par Sigmund Freud. J'ai été influencé par Carl Jung pendant longtemps... La peinture est un état d'être... La peinture est de l'auto-découverte... Tout bon artiste dépeint ce qu'il est ».


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LeRoy McCoy (1876-1933), le père de Jackson. Ses parents décèdent. Des voisins, les Pollock, adoptent Roy


1912. Jackson naît à Cody, comté de Park, Wyoming -l'Ouest américain. Amérindiens Navajos, danses rituelles, peintures sur sable

Plus âgés, ses quatre frères, prennent soin de lui. Charles Cecil, Sanford, Marvin et Frank


1912-1928. La famille change huit fois de domicile. Californie, Arizona

Stella May (McClure 1875-1958), la mère, est dominatrice. Elle surprotège le petit dernier. Elle aurait préféré avoir une fille

Difficultés dans les entreprises agricoles. Le père trouve du travail sur des chantiers éloignés. Alcoolique. Aussi ses cinq garçons. 1927, Jackson, quinze ans. Dépressif, taciturne en public. Avec les filles, mal à l'aise -voire brutal


Eté 1927. Jackson suit les cours de la High School de Riverside (Californie). Los Angeles


1928. Sans avoir achevé ses études secondaires, il quitte le lycée

Septembre 1928. Il s'inscrit à la Manual Arts High School de Los Angeles, Californie. Dans le journal étudiant, il critique l'enseignement. Renvoyé

Convictions de gauche. Jackson s'intéresse à l'art muraliste -José Clemente Orozco   1883-1949, peintre mexicain. Les paysans, les travailleurs, réalisme social, l'homme contre la machine

Théosophie de Jiddu Krishnamurti   1895-1986  -l'avènement d'une religion mondiale capable d'unifier l'humanité en une fraternité universelle


Muralisme des années 1930. New York. Art Students League. Enseignant, Thomas Hart Benton    1889-1975. Benton travaille à la réalisation de fresques murales avec Orozco. Solutions de composition picturale sous forme de graphiques

David Alfaro Siqueiros  1896-1974. Artiste peintre et militaire mexicain. Inséparables Pratique picturale et politique


1938. Dépression nerveuse, soins psychiatriques. Traitement pendant plusieurs mois


1942. Formée chez Hans Hofmann (1880-1966. Peintre allemand) à l'art moderne, l'artiste peintre Lee Krasner   1908-1984  est la compagne de Pollock. Octobre 1945, mariage

Appuyé sur le formalisme cubiste, Hans Hofmann, inspirateur, initiateur de l'expressionnisme abstrait. Il introduit la troisième dimension dans ses tableaux, champs de forces dynamiques


Pour le protéger de son alcoolisme, Lee Krasner entraîne Pollock à Long Island's East End

Novembre 1945. Peggy Guggenheim avance les fonds pour l'achat. Pollock et Krasner emménagent dans une ancienne ferme de Springs -East Hampton, Long Island, New York. Maison à ossature bois, grange à proximité sur Accobonac Creek. Pas d'eau chaude, pas de chauffage, pas d'argent

Dans la grange aménagée en atelier, Jackson Pollock réalise ses œuvres -classiques

Le critique Clement Greenberg est un ami de Lee Krasner. Il théorise les enseignements d'Hans Hofmann, transmis par Lee Krasner

Clement Greenberg   1909-1994. Le critique d'art américain le plus influent du XXe siècle. Théoricien, il prône une pensée critique analytique, fondée sur la seule observation des œuvres

Pollock ne part pas du rectangle de la toile. Il déroule partiellement un rouleau de toile. Toile étendue au sol. Temps de séchage, redressée

La peinture ne s'étend pas jusqu'aux bords. Cadrer est un choix déterminant pour Pollock

Rupture avec la peinture française -pour composer le tableau, le peintre part du cadre

Greenberg conceptualise le terme "All Over". "The Nation", 1er février 1947. "An Over-All evenness". Une uniformité bord à bord

Les éléments picturaux sont disposés de manière égale, sur toute la surface disponible. L'œuvre semble se prolonger au-delà des bords -le problème du champ est éliminé


"Un critique a écrit que mes tableaux n'avaient ni commencement ni fin. Il ne l'entendait pas comme un compliment, or c'en était un. C'était même un beau compliment. Seulement il ne le savait pas".


"Action Painting", peinture d'action, peinture gestuelle. New York, début des années 1950.  Technique de peinture abstraite mettant en évidence le geste, l'expression des impulsions du peintre

"Dripping". Procédé pictural qui consiste à faire s'égoutter la couleur par le fond percé d'un récipient que le peintre déplace au-dessus de son œuvre, obtenant ainsi coulures et giclures. Francis Picabia, Max Ernst, Janet Sobel, Joan Miro, André Masson, ...


Gestes énergiques, Pollock couvre ses immenses toiles. Les couleurs coulent de boîtes percées  


Stephen Polcari, historien de l'art américain, né en 1957. « Pour Pollock, il s'agit de transformer les faiblesses des hommes en quelque chose de bon. Il est obsédé par la mort et la nécessité de créer un nouveau sens. »


Août 1949. LIFE Magazine. Couverture et article de Martha Holmes. “Jackson Pollock : is he the Greatest Living Painter in the United States ?"

Jackson Pollock : est-il le plus grand peintre vivant des États-Unis ?


Été 1950. Le photographe allemand Hans Namuth    1915-1990   prend des centaines de photos de Pollock au travail. Séquences de film (documentaire "Jackson Pollock 51")

Fin de la séance. Après deux ans de sevrage, Pollock prend son premier verre d'alcool


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The She Wolf, 1943. MoMA, The Museum of Modern Art. New York. 1944, Pollock. “La louve est née parce que je devais la peindre... Toute tentative de ma part d'en dire quelque chose, de tenter d'expliquer l'inexplicable, ne pouvait que le détruire."


Mural, octobre 1943. University of Iowa Stanley Museum of Art. Iowa City, Iowa. Première commande de Pollock, pour Peggy Guggenheim

Milliardaire, collectionneuse et mécène américaine, Peggy Guggenheim   1898-1979. Novatrice et bien conseillée, elle découvre le talent du jeune Pollock (31 ans). 1943, elle expose son travail dans sa galerie new-yorkaise « Art of this Century ». 30 West 57th Street, Manhattan (20 octobre 1942)

Été 1943. Howard Patzel, le secrétaire Peggy Guggenheim, lui conseille de commander à Pollock un panneau mural pour sa maison de Manhattan

1947, Pollock. "J'ai l'intention de peindre de grands tableaux mobiles qui fonctionneront entre le chevalet et la peinture murale. . . la tendance du sentiment moderne est vers le tableau mural ou la peinture murale."


Full Fathom Five, 1947. MoMA, The Museum of Modern Art. New York. Apparence dense. Objets incrustés dans la surface -mégots de cigarettes, clous, punaises, boutons, pièces de monnaie, une clé


One:Number 31, 1950. MoMA, The Museum of Modern Art. New York. « Je ne tends pratiquement jamais ma toile avant de peindre. Je préfère clouer ma toile non tendue au mur ou au sol. J'ai besoin de la résistance d'une surface dure. Au sol je suis plus à l'aise. Je me sens plus proche du tableau, j'en fais davantage partie ; car de cette façon, je peux marcher tout autour, travailler à partir des quatre côtés et être littéralement dans le tableau. C'est une méthode semblable à celle des peintres Indiens de l'Ouest qui travaillent sur le sable. »

1947-1948. « Quand je suis dans mon tableau, je ne suis pas conscient de ce que je fais. C'est seulement après une espèce de temps de prise de connaissance que je vois ce que j'ai voulu faire. Je n'ai pas peur d'effectuer des changements, de détruire l'image, etc., parce qu'un tableau a sa vie propre. J'essaie de la laisser émerger. C'est seulement quand je perds le contact avec le tableau que le résultat est chaotique. Autrement, il y a harmonie totale, échange facile, et le tableau est réussi. »


Number 1, 1950 (Lavender Mist). National Gallery of Art. Washington. Coins supérieurs gauche et droit. Avec l'empreinte de ses mains, Pollock signe Lavender Mist


Autumn Rhythm (Number 30), 1950. MoMA, The Museum of Modern Art. New York


1951-1952. Le noir domine. Convergence, 1952. Albright-Knox Art Gallery. Buffalo, État de New York

 

The Deep, 1953. Centre Georges Pompidou, Paris. Combinaison de peintures noires et blanches


1953. Portrait and a Dream. Dallas Museum of Art. Dallas, Texas. Au pinceau, Pollock réintroduit la couleur. Clement Greenberg s'éloigne de Pollock


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1956. Critiques d'art. L'apogée de Pollock est déjà derrière lui


Mariage chaotique. Pollock entame une liaison avec une jeune femme, Ruth Kligman   1930-2010. La muse des peintres Jackson Pollock et Willem de Kooning


Nuit du 11 août 1956, Springs, Long Island, État de New York. Lee Krasner est en France

Oldsmobile 88 convertible 1950 verte - récente (3 ans). Vitesse excessive. Ivresse

A un mile (1,6 km) de chez lui, il perd le contrôle du véhicule. La voiture s'encastre contre un arbre. Pollock (44 ans) meurt. Passagère dans la voiture (siège avant), Ruth Kligman survit à l'accident. Edith Metzger (25 ans - siège arrière), une amie de Ruth, trouve la mort


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Stephen Polcari. « Il est mort dans un accident de voiture alors que l'alcool le consume à petit feu depuis des années. Contrairement à ce que beaucoup pensent, il ne peint pas lorsqu'il boit. »


Aux États -Unis, l'alcoolisme chez les artistes est un fait de société. Preuve de virilité, conduire vite, accident, suicide, ...


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Après des années de crise, l'économie américaine se relance. 1945-1947, début de la guerre froide. Avec le cinéma, la musique, la littérature, la peinture américaine est l'un des éléments de la politique culturelle et diplomatique des États-Unis

Au sein de la classe politique américaine, l'expressionnisme abstrait suscite des débats. Les Républicains attaquent ce courant, l'accusent d'être communiste. Au Congrès, ils dénoncent les financements fédéraux attribués aux peintres expressionnistes. Début des années 1950, renforcement de l'opposition -maccarthisme

Soutien du MoMA de New York, financé par la fondation Rockefeller. 1952, le musée organise un programme de diffusion mondiale de l'expressionnisme abstrait


Le travail entrepris par Lee Krasner pour faire connaître / valoriser l'œuvre de Pollock porte ses fruits. Mythologie, l'artiste au destin tragique. L'espace américain, la vitesse, l'énergie  


1958. Les articles dans les médias internationaux se multiplient. Pollock, premier peintre américain de l'expressionnisme abstrait. Il ouvre la voie aux autres artistes de l'école de New York -après sa mort, succès populaire


Pollock incarne la vitalité de l'art américain. Fers de lance de l'avant-garde, les États-Unis, New York détrônent Paris et Londres



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