Noirceur.

leelas

Chaque midi depuis un mois environ, il se rendait dans ce petit bistrot situé à deux pas de son travail pendant sa pause déjeuner. Ce n'était non pas uniquement pour leur délicieuse bière, dont la renommée était connue de la région, mais pour l'exquise serveuse qui la lui apportait. Une jeune femme à la longue chevelure de feu, le teint de porcelaine semblable à un ciel nuageux ou à de la neige, comme vous préférez vous l'imaginer, au fond cela à peu d'importance. Ses grands yeux verts, très expressifs et rieurs, étaient comme une invitation à se parjurer pour pouvoir les contempler infiniment. Mais sa beauté allait bien au delà de la fascination. Il la voulait. Non pas comme compagne, c'était bien plus fort que cela. Il voulait la posséder. Qu'elle soit totalement à sa merci et pouvoir avoir droit de vie ou de mort sur sa personne. Et se sentir puissant, se sentir vivant, se sentir libre de défier les lois établies et les principes moraux qu'on lui avait inculqué dès la naissance. Peut-être était-ce ça au fond la vraie liberté, de franchir les barrières que l'on s'était imposées, sans en éprouver le moindre remord ni regret...

Pendant trop longtemps, il avait fait taire cette noirceur, par empathie et humanité. Mais il tremblait de frustration de devoir retenir ses pulsions, de devoir quotidiennement abordait le masque du gentil garçon, et de se faire passer pour un ange alors qu'au fond de lui sommeillait un démon. Aujourd'hui, il avait décidé de mettre ses fantasmes à exécution.

Il avait beaucoup de charme, et c'est donc avec une facilité presque déconcertante qu'elle accepta un rendez-vous avec lui, ce soir, à 19h00.

Le reste de la journée lui sembla interminable, tant il brûlait d'envie de la savoir à ses côtés. Le tic-tac de l'horloge semblait le défier de ne pas mettre ses plans à exécution, et qu'il n'était pas trop tard pour faire machine arrière. Mais sa décision était prise, il assumerait les conséquences de ses actes s'il le faudrait, il n'en pouvait plus de se ronger dans le silence et refréner ses pulsions depuis de nombreuses années.

Enfin, l'heure tant attendue arriva. Je ne vous raconterai pas le dîner en détail, ni même la promenade post-prandiale le long du canal car cela n'est pas réellement important compte tenu de la suite des événements.

Venons en au fait. Il lui proposa de boire un dernier verre chez lui et lui servit un délicieux Champagne issu de la cave familiale. Un peu ivre, elle se rapprochait de plus en plus de lui, et s'assit sur ses genoux et commença à le caresser. Profitant de ce moment de faiblesse, il prétexta un jeu sexuel et lui attacha les mains et les pieds, sans que la moindre méfiance ne traverse ses yeux. Il tremblait de désir, mais ne voulait pas voir son regard s'éteindre trop vite, il voulait abuser d'elle avant, après tout ce n'est pas tous les jours qu'une jolie rousse nous ouvrait ses cuisses... 
Enfin, sentant les soubresauts de l'orgasme venir, il porta les mains à sa délicieuse gorge blanche et la serra, de plus en plus fort, jouissant de voir son regard apeuré, comme un animal voulant fuir le danger. Il exultait de la voir passer par les quatre phases de l'asphyxie et la voir mourir peu à peu sous ses doigts. Tout d'abord, elle perdit connaissance, puis fût prise de convulsions et ses sphincters se relâchèrent, ne faisant qu'accroître son excitation. Sa respiration, d'abord saccadée, se fit de plus en plus lente, son pouls ralenti peu à peu pendant que ses membres se cyanosaient, sa gorge devenant rouge-violacée et le blanc de ses yeux de taches rouge se colorait. Il s'assura une dernière fois que son pouls avait bien cessait de battre, puis l'embrassa. 
Il avait lu de nombreux livres sur la taxidermie et avait toujours fantasmer sur le fait de faire de sa délicieuse rousse une poupée. Mais, devant son regard fixe et lointain, il n'eut pas le cœur à soutenir son regard tourmentée plus longtemps et préféra se débarrasser du corps.

Plus tard dans la soirée, il rejoignit sa compagne chez elle.

- «Tu as passé une bonne journée mon amour ? Tu rentres tard! Qu'as-tu fait de particulier aujourd'hui?» dit-elle.

- «Oh, rien d'exceptionnel mon ange, une journée comme les autres, rien de bien palpitant à te raconter, je suis juste fatigué, allons nous coucher », lui répondit-il, d'un air las.

C'est ainsi qu'il scella cette journée où ses fantasmes avaient dépassé sa pensée. Il redevint monsieur tout le monde et retourna à sa vie fade et monotone, en sachant pertinemment que cette noirceur un jour reviendrait, de son rire narquois, le tenter. Il avait goûté à ce plaisir interdit, mais ne se sentait pas pour autant repu, et les remords hantèrent déjà subrepticement ses pensées.

  • J'avoue ne pas forcement apprécier ce type de texte. Mais la qualité d'ecriture est la et c’est plaisant a lire.

    · Il y a presque 10 ans ·
    Any8gon 700b

    cyrenos

    • Merci beaucoup Cyrenos d'avoir pris le temps de le lire, ça me fait très plaisir ! :) Oui je peux comprendre que ce ne soit pas au goût de tout le monde, ahah !

      · Il y a presque 10 ans ·
      Alice the white rabbit  s house by nina y d7dmcci

      leelas

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