Nos amis les Requins

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Qui peut bien se préoccuper du sort des requins ?

Nous sommes les mal aimés du monde aquatique. Mangeurs d’hommes par définition,  nous terrifions la plupart des humains. Que pouvons-nous contre cela ? Nous faisons partie de l’écosystème. Comme tout être vivant, nous avons droit à un minimum de respect. Je dis « Nous » mais en fait, je devrais dire « je » ! Voici mon histoire :

« Vous dire depuis quand je nage au milieu de l’océan en compagnie de mes congénères, je n’en sais fichtre rien ! Bébé, je nageais dans les sillons de ma mère puis, j’ai rencontré un beau squale qui m’a séduite… À mon tour, je portais la vie dans mon flanc et perpétuais mon espèce.

Un jour où je folâtrais entre les coraux non loin de la côte, je fus piégée dans les mailles d'un filet. Je me débattis sauvagement et malgré mes coups de dents, je ne pus me délivrer de cette prison. Je m’essoufflais de plus en plus, imaginant ma dernière heure ! La vue de pêcheurs ne me rassura guère sachant que les requins capturés ne reviennent jamais.

Brutalement, ils me saisirent par la queue et me jetèrent dans un grand bac après m'avoir sortie de cet enchevêtrement. Fatiguée et terrorisée, j’attendais le coup ultime sans bouger contrairement aux autres requins qui se défendaient en désespoir de cause. M’avaient-ils cru déjà morte pour trancher mes ailerons sans méfiance ? N’empêche qu’ils furent surpris par ma réaction…

Avec une force extraordinaire, j’arque boutai mon corps ce qui déséquilibra le pêcheur. De ce dernier élan de survie, je me retrouvai hors du bac et de nouveau dans l’océan. Avec un aileron sanguinolent, je m’éloignai au plus vite de mes confrères qui à l’odeur du sang m’auraient considérée comme une proie. Je nageai donc isolée longeant les côtes, cachée dans les coraux où je trouvai ma nourriture. Les jours défilèrent les uns derrière les autres. Mon aileron ne me faisait plus souffrir et j’envisageai de retrouver les miens. Sauf qu’une tempête troubla mes projets… Je ne vis pas les filets et me retrouvai de nouveau prisonnière. Cette fois, les hommes étaient différents, il ne s’agissait pas de pêcheurs mais de personnes défendant les requins « Shark Alliance ». Quelle chance !

Ils me recueillirent, me soignèrent. Mon bébé vint au monde en toute sécurité dans un immense bassin aquatique. Depuis, j’ai retrouvé de nouveaux amis, sauvés comme moi. Nous vivons en toute quiétude dans des aquariums géants où nous pouvons observer les hommes à travers les vitres sans les croquer ! Amusant pour un requin, n’est-ce pas ? Ici, nous n’avons nullement besoin de chercher notre nourriture, nos repas sont servis régulièrement. Nous sommes des requins protégés."

D’ailleurs si le massacre de mes frères et de mes sœurs continue, notre espèce finira par disparaître de la planète. Plus de cent millions sont abattus chaque année, pourquoi ? Pour sauver les humains avec des médicaments fabriqués à partir de certaines cellules contenues dans notre corps ? Si ce n’était que cela, le sacrifice de nos vies serait honorable mais ne nécessiterait pas une telle hécatombe. On nous transforme en huile, aux vertus cosmétiques. Notre peau devient des chaussures, des sacs ou des porte monnaies. Nos dents terminent en collier mais summum de l'histoire, les hommes mangent notre chair et sont friands de soupes d'ailerons.

 La dernière pratique au goût du jour est de nous capturer pour découper nos ailerons puis de nous rejeter à l’eau sans se soucier de notre souffrance, de notre lente agonie nous condamnant à une mort certaine et atroce :  être dévorés par les nôtres…

Que de cruauté gratuite ! À choisir, je préférerais être tuée sur le champ et terminer en boîtes d'aliments pour chiens et chats ! Ainsi la boucle serait bouclée !

Hélène Marche

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