Nos rêves communs - Chapitre 1

Loïs Kelly Sanz

Aujourd'hui est le jour où mon rêve revient... Je n'ai pas l'envie de dormir alors j'ai décidé de regarder par la fenêtre le magnifique ciel lunaire qui s'offre à nous, mais dont personne ne profite. Depuis toujours je suis attirée par l'espace, les planètes, les étoiles, le système solaire...

La fenêtre entrouverte, la brise rentre dans ma chambre. Confortablement installée dans mon lit, je ferme doucement les yeux, portée par les notes de la musique que j'écoute. Je plonge dans dans un sommeil des plus profonds, si je pouvais disparaître ça serait à cet instant-là. Je me sens comme tomber dans un trou sans fond, j'y suis habituée maintenant. J'apprécie cette sensation, celle d'une chute libre sans fin.

Mais une chose me réveille, comme si je sentais que cette chose n'était pas normal. J'ouvre doucement les yeux sur un plafond comme celui de mon rêve. C'était la première fois que tout me semblait si vrai. Allongée dans un lit moelleux, j'aperçois une robe magnifique suspendue à l'armoire du fond et une lettre posée sur la table de chevet. Je n'avais jamais vu cette scène dans mon rêve.

Je saisis doucement la lettre entre mes mains, un message écrit à la main m'était adressé :

Ma tendre fille,

Ce soir notre famille accueille une soirée de la plus haute importance

Je te prierais de te joindre à nous, nous avons reçu plusieurs propositions de mariage pour toi.

Ce soir, tu rencontreras sûrement l'homme avec qui tu seras mariée, inutile de t'enfuir.

Ton père.

Mariée, hein ... C'est donc pour ça que je m'enfuis à chaque fois. Je regarde la robe au fond de la pièce. Elle est vraiment magnifique quand même, ce tissu doit être vraiment agréable à porter. Attentive au moindre détail qu'elle m'offre, je me demande si je peux vraiment la porter quand on toque à ma porte.

Agathe: Oui ?

???: Mademoiselle ? Je suis votre servante, je viens vous aider à enfiler votre robe. Puis-je entrer ?

Agathe: Ha oui ! Bien sûr

Alors j'ai même une servante ici. C'est impressionnant la différence entre mon rêve et la vie réelle. Elle décroche la robe de son cintre et défait le laçage du dos. Après avoir passé la robe elle me repositionne correctement les nombreuses rangées de dentelle et me ferme le laçage. En me regardant dans un miroir, je suis impressionnée par mon apparence, la robe correspond parfaitement  à ma morphologie. Ce mélange de noir et d'ivoire est quelque chose de rare, je suis surprise par la beauté que l'ensemble renvoi, les accessoires choisis sont en accord parfait avec la robe, j'ai droit à quasiment tout, un collier, une paire de boucles d'oreille, des chaussures, une paire de gants, et une broche pour les cheveux. Pendant que je les admire, un par un, assisse, la servante s'occupe de ma coiffure. Ses gestes sont fluides, elle ne fait absolument pas mal quand elle attache mes cheveux... Je m'habituerais presque à vivre dans ce rêve, tout me semble si réel.

Agathe: Vous ne m'avez pas dit votre nom.

???: Je m'appelle Annabelle, mademoiselle.

Agathe: Il vous correspond bien.

Annabelle: Que voulez-vous dire mademoiselle ?

Agathe: C'est un prénom que je trouve plutôt beau, et vous êtes jolie.

Annabelle: Ho ! Mademoiselle, je ne vous égale pas !

Agathe: Ce n'est pas une question d'égaler ou pas, chaque personne est belle à sa façon, souvenez vous en.

Elle me répond par un magnifique sourire, je ne pense pas en avoir vu un aussi beau depuis longtemps. Peut-être même jamais. Quand je regarde le monde dans lequel on vit, où il n'y a que l'argent qui compte, où le véritable amour est retenu prisonnier dans la prison de l'enfer, que le respect est mort en pleine guerre... On se tue à travailler toute sa vie pour plus d'argent, pour pouvoir espérer mieux, se priver pour pouvoir continuer d'avoir 4 murs et un toit au dessus de la tête, voir ses propres enfants vous dire que ce qu'ils veulent est au-dessus de vos moyens car vous ne gagnez pas assez... Dans le monde réel, tout le monde souffre, mais tout le monde croit que le voisin est heureux. On n'arrive pas à voir le malheur des autres, on se focalise sur le notre.

Annabelle: Mademoiselle ?

Agathe: Ho ! Oui ?

Annabelle: j'ai fini avec votre coiffure et la pose des accessoires, vous n'avez plus qu'à mettre vos gants

Agathe: mes gants et mes ...

Je me tais avant de dire quelque chose, je porte déjà mes chaussures !

Agathe: vous n'aviez pas à mettre mes chaussures.

Annabelle: Mais mademoiselle je suis votre servante, cela fait partie de mes  devoirs en tant que tel.

Agathe: Dans le futur vous n'aurez plus à faire cela avec moi.

Annabelle: Si c'est ce que mademoiselle désire.

Agathe: Merci

Je me lève, l'ensemble entier n'est pas si lourd, je m'attendais à pire. Je marche un peu dans la pièce pour m'habituer à ce que je porte, la robe suit parfaitement mes mouvements, le jupon ne me dérange pas et la dentelle a de légers mouvements qui donnent l'impression qu'elle vole. Je me sens à l'aise dedans. Annabelle m'accompagne jusqu'à la salle qui accueille la soirée. Un majordome m'ouvre la porte en annonçant mon nom et mon statut.

Majordome: Mademoiselle Agathe Glade, fille du comte et de la comtesse des Terres de Glade.

Tous les visages se tournent vers moi, en un instant le stress s'empare de mon corps. J'avance doucement dans les escaliers, faire une erreur maintenant pourrait me faire mourir de honte. Mon fameux père s'approche de moi.

Père: Ha ma fille ! Nous attendions ton arrivée. Cette robe te va à ravir, accorderais-tu la première valse à ton vieux père ?

Agathe: Bien sûr père.

La musique commence à peine que nous entamons la valse avec une aisance que je ne me reconnais pas ... je ne me souviens pas avoir appris à la danser.  J'essaye d'analyser et de mémoriser le visage de mon père dans ce rêve. J'écoute la musique jouer par l'orchestre, elle est vraiment calme, avec des notes graves, mais un grand sentiment s'en dégage. Je me surprends à me mettre dans son rythme progressivement, je passe de cavalier en cavalier jusqu'à revenir dans les bras de mon père pour les dernières notes et m'incline devant lui à la fin. je rejoins ma mère, appuyée sur la rembarre du balcon.

Agathe: Mère ?

Mère: Ma fille, tu es si belle dans cette robe je n'aurais jamais imaginé un tel rendu.

Agathe: Je la trouve sublime.

Mère: Tu as bien raison. Est-ce que ton père t'a parlé d'un des buts de la soirée ?

Agathe: Le mariage ?

Mère: ... J'étais contre, mais tu connais ton père....

Agathe: Oui.

Mère: Si tu tombes amoureuse d'un autre homme, je te supporterais. D'ailleurs, je te supporterais même si tu tombes amoureuse d'un de ces hommes.

Agathe: merci mère.

Père: Agathe vient te présenter à ces Monsieurs.

Je lance un dernier sourire à ma mère avant de rejoindre mon père qui est, en compagnie de 4 hommes.

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