Note à autrui

Violaine Delemer

   Je vous écrit dans les ombres de la nuit, là où les souvenirs prennent vie et où la nostalgie se fond avec le silence.Ces mots que je trace sont un murmure éphémère dans l'éternité du temps, une confession que peut-être l'on lira un jour.

   Même si cette lettre reste ensevelie sous les couches de poussière du temps, sachez que mon affection pour vous ne connaît pas de limites. Elle transcende les mots que je peux écrire, les larmes que je verse dans l'ombre de la nuit, les soupirs étouffés par le poids de l'absence.


   Vivre pour l'autre, vivre pour lui, respirer l'air qui n'embrasse plus ses poumons, contempler les nuances du ciel chaque jour éteint pour lui.

Mon unique dessein était de vivre pour lui, de lui offrir chaque souffle, chaque regard. Mais aujourd'hui, je dois admettre une vérité amère : vivre pour autrui est une illusion, une lutte désespérée pour survivre plutôt que pour exister.

Mes respirations n'étaient plus les miennes, mes regards étaient empreints de la peur d'oublier ce dont il ne pourra jamais se rappeler. Que me reste-t-il, sinon la conscience floue de mes désirs et les chimères de sa mémoire que je m'efforce de perpétuer ?

   Tant de nuits, les étoiles semblaient si proches, leurs reflets dansants sur les vagues douces de la Seine. "Approche", murmuraient-elles, "Approche et rejoins-nous." La lueur tremblante, chaque battement de mon cœur suivant le rythme irrégulier des eaux profondes.

   Tu étais si lumineux, si empli d'amour et de joie, mon ami. Que t'est-il arrivé ? Pourquoi m'as-tu laissé le fardeau de porter ton passé ? Je suis celle qui ne désirait rien, celle qui ne vivait plus, et me voici désormais plongée dans une tragédie sans fin. Mon regard vacant, mon corps dansant une valse sans mesure. Cette danse se fera-t-elle à deux, ou la musique cessera-t-elle enfin ?

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