Nouveau Coup de Gueule d’Hervé.
Hervé Lénervé
Propos intimes entre nous, à ne pas révéler au reste du Monde. (J'ai longtemps recherché le reste du Monde, par de-là les vastes tours de mon quartier, je n'y ai trouvé que le tiers-monde, les laissés pour compte, c'est peut-être ça, le reste du Monde et je ne parle même pas du quart-monde, je vis dans un Pays Riche, moi.)
Bon, reprenons. Ce matin je ne voulais rien vous écrire. Eh, personne ne m'y oblige, non plus ! Je sais vous auriez été tristes et vous auriez pleuré, par ma faute, toutes les larmes de votre parquet (Merci, Cabrel ! Mais quel poète en dentelles, celui-là et c'est pourtant pas facile de poser du parquet en chemise à jabots.) Et puis, je me suis dit, pas en me rasant, car je ne me rase plus, je préfère raser les autres et maintenant que j'ai trouvé un lieu pour le faire, je ne vais pas me gêner, peuchère et même mon très cher ! Maintenant, qu'est-ce que je vais bien pouvoir encore écrire pour la France aujourd'hui ? Là, francement, je n'en sais rien ! Je suis un impulsif-réfléchi, (si ! Ça existe !) Voilà :
Je me demandais pourquoi une langue quand elle est vivante, morte elle ne sert à rien. Etudiez le latin et le grec pendant des lustres, vous verrez, cela ne sert à rien, même les messes se déclinent en français vulgaire à présent. Parait-il du moins, car moi, je suis dispensé d'y assister par le Seigneur himself. Donc pourquoi une langue s'enrichirait d'un tas de mots pour dire la même chose, sinon éviter les répétitions disgracieuses aux poètes, mais pour tous les autres, dont moi, (je n'ai pas osé dire comme vous et moi. Non, non, ne me remerciez pas, c'est uniquement par flagornerie) cela ne sert strictement à rien, c'est superfétatoire, alors que superflu suffirait.
Je m'en explique : Pas plus tard qu'il y a, à peine, trois siècles, un inconnu, connu que de moi seul, me disait : « Hervé, ferme ta gueule ! » Le message était, on ne peut plus clair, je l'avais parfaitement compris instantanément, je dirais intuitivement, le visage contracté de traviole de mon contradicteur aurait pu se passer de mots.
Mais aurait-il dit : « Hervé, tu vas fermer ton sifflet, à la fin ! » Pareillement, message saisi. Ou encore : « tu ne peux pas nous lâcher les baskets, cinq minutes ! » idem. J'arrête là, la démonstration, je pense avoir été assez limpide et non lipide ou même liquide. On pourrait multiplier les expressions ainsi pendant des labours (unité de mesure de la lourdeur) tout cela serait parfaitement compréhensible.
Alors, quel besoin d'en rajouter, en me collant son poing sur la gueule que j'avais complètement fermée soit dit en muet. Vous voyez, entre nous, nous les défenseurs du verbe, de l'esprit et du bon vin, nous nous essoufflons en vain, les poings remplaceront toujours les mots.
Jetez vos stylos, fracassez vos claviers, brûlez vos écrits, tuez femmes et enfants, ainsi que vos parents sur trente-six générations. Abandonnez votre musculation intellectuelle, mettez-vous à la masturbation musculaire et au karaté, mais pas à la moto kadératés, c'est la même chose que les mots, cela ne sert qu'à faire du bruit. C'était mon coup de gueule du jour, il est tout frais, il est tout vrai! Achetez en messieurs-dames, c'est pas chère, peuchère ! (Je vais me reconvertir en camelot à l'étalage, je crois avoir le Don ! Y'a du fric à s'faire !)
Allez salut ! Le salut est dans la foi comme le foie est dans la crise.
(Tient, un autre truc, aussi, sur lequel gueuler : L'orthographe.
La foi est féminin sans (e), le foie est masculin avec un (e). Et après on essaie d'apprendre la logique à nos enfants ! Ce sera peut-être mon prochain coup de gueule pour tordre définitivement le cou à la langue.
Cette fois, je m'en vais, car vous m'en avez trop fait, disait Germaine au vent mauvais.