Nouveau départ

The Girl Next Door

Un coup de foudre arrive toujours quand on s'y attend le moins.

-          Allez viens, tu verras, ce sera sympa !

Sarah fit la moue. Elle n'avait pas envie de sortir, de faire la fête et encore moins de voir du monde. Elle voulait qu'on la laisse tranquille. Ce qu'elle souhaitait, c'était de rester tranquillement chez elle, assise sur son canapé, à regarder un film à l'eau de rose et se gaver de chocolats.

-          Et si ça se trouve, tu vas rencontrer l'homme de ta vie…

L'homme de sa vie ! Comme s'il existait ! Pourtant, elle y avait cru. Ça faisait maintenant trois mois que c'était terminé avec Fabien, mais elle le voyait encore comme l'homme de sa vie. Ils avaient été ensemble trois ans, et durant tout ce temps, jamais elle n'aurait pu penser finir sa vie avec quelqu'un d'autre. Elle aimait à s'imaginer avec lui, durant leurs vieux jours, entourés de leurs petits-enfants. Mais non, le destin en avait décidé autrement. Il avait décidé de mettre fin à leur relation, il n'avait plus de sentiments pour elle et s'était mis rapidement avec une autre. Sarah avait eu du mal à supporter l'annonce et à réaliser ce qui se passait. Elle qui pensait que Fabien allait la demander en mariage ! Bien sûr, leur couple connaissait des hauts et des bas, mais tout de même ! Elle avait passé ensuite beaucoup de temps à repenser à ce qui n'avait pas fonctionné, s'était posé de nombreuses questions. Etait-ce sa faute ? Elle regrettait de n'avoir pas réussi à le garder et s'en voulait. Ses amies avaient été là pour elle, mais elle avait du mal à tourner la page, à reprendre goût à la vie et à imaginer son avenir sans Fabien. Les larmes lui montèrent aux yeux. La voix de Carine dans le combiné la ramena à la réalité.

-          Allô la lune ? Tu rêvasses encore ! Bon, je passe te prendre à 20h30.

Carine ne lui laissa pas le temps de répondre et raccrocha. Sarah se mit à sourire. Je me suis encore fait avoir. Pfff... Allez, Sarah, reprends-toi, tu y vas avec Carine, ça ne peut que bien se passer. Et puis tu ne restes pas longtemps…

Elles arrivèrent à la soirée avec un peu de retard et rejoignirent leur groupe d'amis. Il y a déjà beaucoup de monde et les discussions s'animèrent. Sarah essayait de faire bonne figure, de s'amuser, mais son cœur l'entraînait parfois vers ses pensées. Un invité arriva plus tard que les autres. Lorsqu'il entra dans le salon, Sarah fut comme envoutée par cet homme. Ce n'était pas par sa carrure ou son charisme, mais elle ressentait une forte attraction qu'elle ne pouvait expliquer. Et sentit le rouge lui monter aux joues. Lors des présentations, son cœur se mit à battre la chamade et elle se sentait gauche, gênée. Reprends-toi, on dirait une vraie ado qui perd ses moyens. Mais c'était impossible. Cet homme la troublait. La profondeur de son regard, d'un marron si expressif, la fit submerger davantage. Emue, elle écouta à peine son prénom et essaya d'engager la conversation.

-          Et tu travailles dans quel domaine ?

 

Comme s'il avait envie de parler de son travail ! C'est sûr, là, tu marques des points… Mais contre toute attente, il lui expliqua son métier d'ingénieur et ils passèrent un bon moment à échanger sur tout et rien. Sarah ne vit pas le temps passer. Surtout, un sourire béat illuminait son visage et elle ne pouvait s'empêcher de rire. Il va vraiment me prendre pour une godiche ! Le buffet fit servi et ils se séparèrent pour retrouver leurs amis respectifs. Sarah lança souvent des regards dans sa direction, se demandant s'il faisait de même.

 

Le lendemain, elle était encore toute émue de sa rencontre de la veille. Mais il y a un seul petit détail : elle ne se rappelait plus de son nom et surtout, elle n'avait pas ses coordonnées ! De toute façon, pas le temps de penser à cet homme, il fallait qu'elle se concentre sur son travail. Son chef avait évoqué une promotion et elle se donnait à fond sur ses dossiers, n'hésitant pas à passer beaucoup de temps au bureau et à rapporter le soir du travail à terminer à la maison. Elle ne voulait pas se l'avouer, mais cela lui permettait aussi de moins penser à Fabien et à leur histoire terminée. Les journées s'écoulèrent comme les précédentes à vive allure, entre un sandwich le midi, des coups de fil à passer et des rapports à rédiger. La fatigue se faisait sentir, mais cela valait le coup ; le poste de senior qu'elle miroitait depuis des mois pointait le bout de son nez.

 

Un soir après le travail, elle eut envie de se changer les idées et invita Carine à dîner dans un petit restaurant convivial qu'elles fréquentaient de temps en temps pour refaire le monde autour d'un bon plat. Après avoir discuté de leurs problèmes de bureau, de s'être plaintes de leurs supérieurs respectifs et de certains de leurs collègues qui les exaspéraient, Sarah tenta timidement de parler de l'homme qui enivrait son esprit depuis la soirée et ressentit à nouveau des papillons lui chatouiller le ventre. Malheureusement, son amie n'avait pas plus d'informations et n'avait jamais vu cet homme auparavant. Mais était contente de revoir Sarah sourire et enfin penser à un autre que Fabien. En rentrant chez elle, elle décida d'aider discrètement son amie et appela leur hôte de la semaine précédente pour avoir quelques renseignements sur ce mystérieux homme qui faisait battre à nouveau le cœur de Sarah. Elle allait mener sa petite enquête…

 

En se couchant, Sarah repensa à lui et se surprit à danser. Comment pouvait-il lui faire cet effet-là alors qu'elle n'avait passé que quelques heures en sa compagnie ? Elle s'endormit sereine et plus légère, et pour une fois, dormit profondément, sans cauchemars pour venir la terrifier au milieu de la nuit.

 

Elle se leva d'un bon pied, assez tôt pour pouvoir travailler tranquillement au bureau avant que le brouhaha embrouille l'open-space. Et fit un petit détour par la boulangerie qu'elle aimait tant, même si les viennoiseries n'étaient pas ses meilleures alliées. Très gourmande, elle avait toujours eu tendance à prendre facilement du poids et devait éviter de se laisser tenter. Tant pis, cette fois, je me fais plaisir !

 

Alors qu'elle regardait avec envie la vitrine alléchante et ses nombreuses pâtisseries, elle sentit une présence derrière elle et se releva instinctivement. Elle fut surprise, troublée. Cette silhouette lui rappelait quelqu'un. Il lui fallu quelques secondes pour le reconnaître. Comment était-ce possible ? que faisait-il ici, devant sa boulangerie favorite, dans ce quartier de la ville ?

 

Sans réfléchir, elle l'accosta, ne sachant s'il la reconnaîtrait ou non. Il s'arrêta, parut étonné et se mit à sourire.

-          Tiens, salut !

-          Qu'est-ce que tu fais par ici ?

-          Je travaille juste à côté et toi ?

-          Je viens voir un client et je suis un peu en retard. On m'a dit qu'il y avait une boulangerie dans le coin, alors j'achète des petits pains pour me faire pardonner.

-          Tu es bien tombé alors, car c'est la meilleure !

Durant quelques secondes, ils n'échangèrent plus un mot. Le temps semblait s'être arrêté. Il plongea son regard dans le sien et elle sentit une chaleur envahir tout son corps. Elle ne pouvait le quitter des yeux et comprit qu'il était aussi réceptif aux mêmes sensations qu'elle.

-          Je t'offre quelque chose ?

-          Je ne dirai pas non à un chausson aux pommes…

Et c'est comme ça qu'ils entrèrent dans la boulangerie ensemble. Etre avec lui lui semblait tout naturel et normal. Elle continuait à sourire, lui aussi avait l'air d'être de bonne humeur. Ils continuèrent à parler mais en regardant sa montre, le bel inconnu comprit qu'il devait se dépêcher.

-          Ca te dirait qu'on déjeune ensemble un midi ? Tu es assez de temps pour un restaurant ?

-          Sans aucun souci !

 

Ils échangèrent leur numéro avant qu'il ne file dans la direction opposée de la sienne. Elle flottait sur un petit nuage et elle sentait encore son regard posée sur elle. Toute excitée, elle arriva au travail avec un sentiment d'invincibilité. Rien de triste ou de difficile ne pourrait l'atteindre aujourd'hui ; elle se sentait sûre d'elle. La journée, ses collègues la trouvèrent parfois perdue dans ses pensées, rêveuse. Ce regard la transportait de joie, elle en frémissait. Le soir, après s'être retenue toute la journée de le faire, elle ne put s'empêcher de lui envoyer un message sur son téléphone, attendant frénétiquement sa réponse. Mais elle ne vint pas.

 

Elle se coucha des questions à nouveau plein la tête. Quelle idiote, tu t'es sûrement fait des films ! Il te trouve juste sympa. Ou alors il a dû prendre pitié devant ton air de midinette en transe et t'a invité à déjeuner…

 

Le réveil fut encore baigné de doutes mais celui-ci ne dura pas. Elle avait un message ! Elle le savait, c'était lui. Bingo ! Il lui expliquait qu'il avait fini très tard et qu'il n'avait lu son message que ce matin. Il lui proposait une date pour déjeuner. Elle lui répondit en donnant le nom d'un restaurant non loin de son travail et qu'elle appréciait beaucoup.

 

Le matin de leur rendez-vous, elle hésita longtemps devant sa penderie pour choisir la robe qui lui allait le mieux. Elle avait quelques rondeurs qu'elle souhaitait cacher, mais pouvait en mettre d'autres en valeur. Le choix de Sarah se porta sur une belle robe violette qui lui plaisait beaucoup et dans laquelle elle se sentait à la fois attirante et sûre d'elle, sans trop en faire non plus. Elle ajouta quelques accessoires, se maquilla légèrement, en soulignant son regard d'un khôl noir intense et laissa ses cheveux bouclés blonds au naturel.

 

Elle avait hâte que la pause déjeuner arrive et n'arrêtait pas de fixer l'horloge de son ordinateur. Il faisait très chaud ce jour-là et se félicita d'avoir choisi un restaurant où la climatisation était installée. L'endroit était convivial, pas trop bruyant et servait des petits plats régionaux, comme à la maison.

 

Elle eut un peu peur que le repas ne se passe mal, qu'ils n'aient pas de sujet de discussion ou pire, qu'ils s'ennuient. Mais les doutes de Sarah se dissipèrent très vite et ils parlèrent aussi bien travail, loisirs que de leurs études respectives. Il lui parla de sa passion pour le violon, elle de la sienne pour la pâtisserie et les nombreuses préparations qu'elle confectionnait les week-ends où quand elle n'avait pas trop le moral. La cuisine avait toujours été un exutoire pour elle et lui permettait de se vider la tête. Le restaurant se vidait autour d'eux ; elle était en retard et devait rapidement retourner au bureau. Ils firent un bout de chemin ensemble et se quittèrent avec la promesse de se revoir.

 

Son téléphone indiqua qu'elle avait reçu un message une demi-heure plus tard. C'était lui qui la remerciait pour ce moment très agréable. Ensuite, tout s'enchaîna très vite. Elle lui répondit et passèrent une bonne partie de l'après-midi à s'échanger des messages. Ils se retrouvèrent le lendemain soir autour d'un verre, même si elle savait qu'elle avait un dossier à boucler. Il avait choisi un bar qu'elle ne connaissait pas, à l'ambiance très jeune et dynamique. Il commanda un verre, puis un second. Et c'était toujours la même chose : elle ne voyait pas le temps passer et enchaînait avec lui les sujets de discussions. Même s'ils avaient parfois des avis différents, ils aimaient discuter ensemble. Il la raccompagna devant la porte de son immeuble. Le temps se figea lorsqu'il se pencha vers elle et l'embrassa. Son cœur s'enflamma et elle lui rendit son baiser passionnément. La promesse d'un autre rendez-vous était évidente.

 

Celui-ci ne tarda pas, puisque Sarah reçu un nouveau message le lendemain. Il avait un déplacement mais il pouvait la rejoindre après et lui proposait une promenade en ville sur les quais. La lune était pleine, brillante et le ciel illuminé d'étoiles. En arrivant, il la prit dans ses bras, plongea encore ce regard si envoûtant dans le sien et l'embrassa tendrement. Ses mains remontèrent le long de son dos, de sa nuque, pour venir caresser ses cheveux. Un geste qui la fit frissonner. Ce baiser sembla durer une éternité et elle ne pouvait s'empêcher de l'embrasser, de respirer son odeur, de le serrer contre elle. Sarah se sentait en sécurité auprès de lui, mais surtout heureuse. Il lui prit la main et ils se promenèrent à travers la ville. Deux heures plus tard, ils étaient chez elle et n'arrivaient plus à quitter son canapé. Ses baisers se faisaient de plus en plus pressants, ses caresses sensuelles. Elle avait envie de lui. Sarah se pressa un peu plus contre lui puis déboutonna sa chemise. Elle n'avait pas ressenti ça depuis longtemps, et surtout pas avec Fabien, qui n'avait jamais réellement réussi à l'attirer à ce point.

 

Ils enlevèrent leurs vêtements tendrement mais avec une envie de plus en plus forte. Leurs lèvres se pressaient encore plus, leurs mains se cherchaient, se serraient avec passion. Leurs deux corps se mêlèrent naturellement, avec excitation et plaisir. Sans fautes notes, sans moments de doute ou de gêne. Ils firent l'amour une bonne partie de la nuit. Au petit matin, blottis dans les bras l'un de l'autre, l'attirance et l'envie étaient toujours là et cela fut vite à nouveau très sensuel entre eux.

 

Sarah se leva à contrecœur et se prépara pour aller au travail. Elle ne voulait plus le lâcher et avait envie de le sentir contre elle en permanence. Douchée, elle portait cependant encore son odeur sur elle et ne voulait pas que celle-ci s'efface. Elle arriva la tête légère au bureau, avait du mal à se concentrer sur ses dossiers. Son chef avait remarqué le changement de comportement de Sarah, qu'elle partait à l'heure et prenait plus de temps pour ses pauses déjeuner. Après avoir rendu un dossier en retard, il la convoqua pour qu'elle se ressaisisse. Et lui fit comprendre que tout se jouait maintenant. Allez, reprends-toi, reste concentrée, il ne faut pas que tu t'éparpilles à cause d'un homme. Tu le veux ce poste, depuis longtemps, il faut que tu l'aies !

 

Mais le cœur n'y était pas. Elle ne repensait qu'à cette nuit, à ce corps, ses lèvres qui l'avaient aimée, désirée. Ce regard qui la faisait fondre. Fébrile, elle lui envoya un message et il ne tarda pas à répondre. Bien sûr qu'il avait envie de la revoir ! Ce sera le soir même.

 

Les rendez-vous entre les deux tourtereaux ensuite s'enchainèrent. Elle avait l'impression de passer son temps entre son bureau et les bras protecteurs de Pascal. Cela se ressentait peut-être sur son état de fatigue, mais cette relation avait surtout des effets sur son moral. Elle flottait littéralement sur un petit nuage, se sentait désirée. Avait envie de se faire belle pour lui, de le séduire et de revivre de beaux moments de bonheur.

 

Cet état lui redonna aussi confiance en elle dans tous les domaines. Elle eu envie de se replonger dans ses dossiers, de donner le meilleure d'elle-même. Elle retrouva les jours suivants avec plaisir l'envie de travailler, de bien faire, mais sans heures supplémentaires cette fois ! Et tant pis si le dossier devait être repoussé au lendemain. Elle avait quelqu'un qui l'attendait et la rendrait heureuse.

 

La sonnerie stridente du téléphone la fit lever le nez de son écran. Elle reconnu le numéro et décrocha avec plaisir. Elle avait tant de choses à raconter à Carine !

 

-          J'ai une bonne nouvelle à te raconter… Je me suis renseignée sur le bel inconnu et j'ai pu avoir son numéro de téléphone. Et devine quoi ? Il est célibataire !

Sarah se mit à rire, d'un rire tellement expressif que ses collègues la regardèrent, stupéfaits. Elle lui proposa de la voir pour le déjeuner et se promit de lui raconter tous les moindres détails de l'histoire. Son chef vint interrompre la conversation.

-          Sarah, j'aimerais vous parler seul à seul dans mon bureau avant votre pause.

Elle le savait, elle avait l'intuition qu'elle aurait une autre bonne nouvelle à partager avec son amie. Mais aussi avec l'homme qui partageait de plus en plus sa vie. Et qui allait ce soir lui susurrer à l'oreille les trois mots les plus doux qu'elle avait envie d'entendre…

 

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